CLOVIS TROUILLE (1889-1975) : UN PARCOURS A TRAVERS SES OEUVRES

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Oh ! Calcutta ! Calcutta !
Oh ! Calcutta ! Calcutta !

Se prénommer “Clovis” comme celui qui couvrit de ses Francs “la Gaulle” ; et revendiquer ensuite dans ses peintures le droit d’imiter ou du moins de se servir gauloisement de l’héritage patrimonial ; s’appeler “Trouille”, et ne pas l’avoir (la trouille) pour présenter dans une France  puritaine des oeuvres où s’enchaînent des titres fleuris ("Oh ! Calcutta, Calcutta !" , "La Partouze"...) : voilà qui ne manque pas de sel. Voilà en tout cas ce qui définit Clovis Trouille et son oeuvre picturale au vitriol. Certes, nul n’est coupable ou glorieux de son nom, mais chacun est responsable de l’usage qu’il en fait : celui de Trouille, volontairement peintre du dimanche parce qu’“il faut gagner de l’argent pour pouvoir vivre et peindre, mais jamais peindre en vue de gagner de l’argent"** fut synonyme d’intransigeance, de désintéressement,  d’audace et de créativité.

Religieuse fumant le cigare
Religieuse fumant le cigare

De courage, aussi, car il en fallait, pour se définir dans sa volonté de “n’adhérer qu’à soi-même”, préférer qualifier son art de “super-réaliste du fait des sujets subversifs rassemblés”***, plutôt que de s’intégrer au cocon surréaliste. Se séparer de ces derniers, même ; demeurer “irrécupérable”, continuer de “bien faire et laisser braire”**, lorsqu’ils commencèrent à perdre de leur mordant ! Revendiquer, à l’inverse de la plupart des artistes, le droit de peindre non pour le plus grand nombre, mais pour une élite capable d’apprécier son humour, le burlesque de son oeuvre, son anticléricalisme, la dénonciation qu’il fit d’une société tournée vers le nationalisme, l’esprit va-t-en-guerre et colonialiste ; de saisir à travers titres et commentaires, jeux de mots et calembours, l’omniprésence de la mort ; en rire et s’émerveiller de l’obsession la plus évidente du peintre : la femme ! 

 

 

Remembrance
Remembrance

          Car, d’un bout à l’autre de son oeuvre, “défile une flopée de jolies femmes. Elles sont toutes là. Toutes celles qui ont hanté les rêves les plus fous des hommes. De la femme fatale à la femme évêque, de la femme tzigane à la femme militaire, de la garçonne au tambour-major, aucune ne manque à la revue...”***. Elles sont au centre de chaque “histoire” narrée-collée-peinte par Clovis Trouille. Elles enrichissent des quotidiennetés, rendent salaces des histoires banales ou dramatiques, génèrent mystère, dérision, exotisme... engendrent volupté,  érotisme... voire sadisme dans des huis-clos sans gloire ! 

 Jeanine RIVAIS

 

CLOVIS TROUILLE : Musée des Arts africains et océaniens. 293, Avenue de Daumesnil. 75012. PARIS.

**Clovis Trouille.  

***Extrait du catalogue. 

 

CE TEXTE A ETE PUBLIE DANS LE N° 66 "ETE 2000" DE LA REVUE IDEART.

Mon enterrement
Mon enterrement