LES PICTOS DE RODIA BAYGINOT, peintre

*****

Est-ce le goût de se raconter des histoires pérégrines qui entraîne Rodia Bayginot dans des extravagances scripto-picturales, véritables prouesses techniques, avec des couleurs dont les harmonies sont un enchantement pour les yeux ? Toujours est-il qu'elle crée, dans un style faussement sinisé, des tableaux entiers de pictogrammes revisités, qu'elle appelle ses "pictos".

Il semble qu'elle parte du centre du support, papier, toile ou contre-plaqué. Mais, qu'elle s'en éloigne ou y revienne, elle a par le truchement d'un néo-lettrisme composite, fait de caractères signifiants ou non, acquis la facult d'organiser à partir de ce noyau interne, le rythme de l'œuvre. Et de la bâtir sur une sorte de paradoxe ludique. Alors que ses pictos sont tête en l'air, tête en bas ou fantaisies obliques, le tableau est irrémédiablement "équilibré" dans le seul sens vertical. Disposant ses idéogrammes à la manière des jalons trompeurs d'un labyrinthe, elle enchaîne petits tubes, petits ronds, demi-lunes… accolés, tête bêche, filiformes, agglutinés, mystérieusement regroupés… de façon qu'au gré de son imagination, le spectateur "reconnaisse" ici un escargot, là un petit bonhomme, ailleurs une tête de canard. .. stylisés avec des simplicités enfantines. Tout cela installé en une progression délirante, comme si l'artiste était incapable de s'arrêter avant d'avoir totalement investi l'espace, d'être allée au bout de sa dynamique picturale.

 

Cette frénésie de symboles hors-les-normes lui donne-t-elle parfois le vertige ? Ou un tempérament rigoureux ignoré à l'origine fait-il surface à l'ultime moment ? Le peintre éprouve le besoin de canaliser sa folie créatrice enla surlignant de sages tracés blancs qui en coupent l'envolée cryptogrammée. Mais, immédiatement, repart le jeu entre l'intention du "dernier carré" et l'inéluctable victoire du graphisme idiomatique. Qui "dépasse", bien sûr, et parvient aux limites du tableau ! Une façon de prouver que, chez Rodia Bayginot, la déraison a toujours raison !

 

Dans le même temps, en d'autres œuvres, de petits carrelages proposent au visiteur, avec la même magnificence, des "rencontres" détaillées, comme grossies à la loupe.

 

Ces deux démarches complémentaires permettent une appréciation jubilatoire de la multiple richesse de détails qui, dans les dégradés d'un unique bleu ou d'un orange, virent vers les proches nuances. Générant, ce faisant, par leurs vibrations chromatiques, une grande image kaléidoscopique chaleureuse, taquine parce qu'impossible à apprivoiser ; obsédante par l'envie qu'elle provoque d'y revenir, pour l'appréhender enfin d'un seul regard.

Jeanine RIVAIS

********************

 

POLEMIQUE

Et

REPONSE DE RODIA BAYGINOT

A la suite d'un long texte où elle donnait son avis sur l'Art singulier, brut… et contemporain, Rodia Bayginot citait le cas d'un grand-père qui décorait sa maison avec des images de Télé 7 jours, évoquait les lavandes provençales, les ports bretons et les salons de peinture municipaux… Rodia Bayginot écrivait :

 

"J'ai essuyé l'autre jour une attaque à l'encontre d'un article que Jeanine Rivais avait écrit sur une artiste singulière (il se trouve que cette artiste, c'était moi…) Cette personne trouvait que "c'était trop compliqué" et qu'il lui faudrait consulter le dictionnaire toutes les trois lignes pour arriverà suivre le sens du texte.

Après réflexion, je lui ai répondu :

1/ Qu'elle n'était pas obligée de le lire.

2/ Qu'elle pouvait peut-être faire l'effort, si cela l'intéressait vraiment, de consulter le dictionnaire, parce que cela n'avait jamais fait de mal à personne.

3/ Que l'écriture est un jeu de l'esprit et un plaisir, comme la peinture, qui demande quand même un peu de concentration.

4/ Et que, si vraiment àa ne l'intéressait pas, elle pouvait toujours se rabattre sur un roman de la collection "Arlequiné, ou mieux, allumer TF1.

 

J'en ai conclu que je devais être une intello…

 

PARADOXE

Quand on pense que l'intellectualisme est justement ce que l'on reproche aux artistes contemporains !

Alors, qu'est-ce qui fait la différence entre l'Art singulier et l'Art contemporain ? L'autodidaxie d'un côté, les écoles d'art de l'autre ? Même pas ! Juste un certain état d'esprit…

 

"Nous, artistes singuliers" marchons dans un sentier débroussaillé par ceux d'entre nous qui ont dû se battre pour être reconnus comme des artistes. S'il est vrai que nous sommes plus facilement acceptés qu'autrefois dans les lieux culturels et que plus personne ne nous rit au nez lorsque nous montrons notre travail… On sourit encore quelquefois… On se méfie… parce que nous sommes toujours aussi "inclassables" !

Le risque, si l'"Art singulier" a un jour le vent en poupe, est de voir se multiplier les "vrais faux artistes singuliers" ou les "faux vrais"…comme vous voulez ! D'ailleurs, peut-être cela a-t-il déjà commencé ? !

 

En ce qui me concerne, comme je l'ai précisé dans le débat qui nous réunissait tous à la suite du vernissage du IVe Festival d'Art singulier de Roquevaire, je pense quand même que nous devrions arrêter d'être sectaires, c'est-à-dire de rejeter sans exception tous les artistes contemporains sous prétexte que leur expression est trop abstraite, trop dépouillée… trop "intellectualisée".

Car, honnêtement, je préfère cela aux faussaires… (Suivez mon regard !)

 

Je pense que cet art-là que j'aime profondément et qui constitue mes racines (Je vous raconterait peut-être ça une autre fois…) doit s'assortir de définitions du genre "Art contemporain dans la mouvance de l'Art brut / ou de l'Art singulier", par exemple, qui engloberaient des créateurs autres.

Il me paraît en effet, très net; à la lueur d'une exposition comme celle de Roquevaire; qu'il existe non seulement autant d'arts singuliers que de créateurs ; mais aussi des différences en fonction de l'âge, des générations, des milieux sociaux ; et qu'il y a plusieurs tendances.

A mon avis, ces changements s'expliquent en partie par l'évolution des techniques au cours du XXe siècle ; par le développement des médias de toutes sortes qui, d'une manière plus ou moins forte, ont influencé les artistes ; et par l'accès plus aisé à la culture qui en découle (le "niveau monte", quoi qu'on en dise !)

Je pense que les Singuliers s'adaptent, muent, mais ne "trahissent" pas, pour autant, leurs racines brutes !

 

S'approprier le monde, le refondre à son imaginaire, aller piocher dans les poubelles de notre civilisation pour en extraire de merveilleux déchets, détourner les matériaux et les objets (même neufs) de leurs fonctions premières, continuer à être "rebelle", ne pas se laisser récupérer, s'exprimer en créant un art forcément original, forcément inclassable, utiliser des réseaux de diffusion traditionnels ou dérangeants par leur nouveauté (BAZART, INTERNET avec images de synthèse, pourquoi pas ? !)

Utiliser les médias quand cela est possible, si on en a envie pour crier notre existence, notre différence, nos valeurs : car l'art est un engagement.

Ne pas être timoré face aux nouvelles technologies, au contraire se les approprier si on peut les utiliser, pour ne pas se laisser "bouffer".

 

C'est ça, pour moi, l'Art singulier !

RODIA BAYGINOT

"Artiste dite singulière,

Dans la mouvance contemporaine de l'art brut

Ou

Artiste contemporaine".

 

********************

 

REPONSE A RODIA BAYGINOT

Sur ses réflexions après le festival de Roquevaire

Concernant mon texte sur votre peinture :

En plusieurs années et quelques deux-cent cinquante écrits sur des artistes dont j'aime le travail, sans souci d'étiquette picturale, deux fois seulement, les artistes n'ont pas été d'accord : en fait, la première fois, c'est l'entourage qui n'a pu "digérer" mon analyse. La seconde, l'artiste n'a pas accepté que j'écrive qu'il n'aurait jamais dû exposer des plats pour touristes, avec ses très belles sculptures.

D'autres ont quelquefois dit : "Je n'avais pas pensé à ceci", "Je ne me voyais pas comme cela…". Mais comment en irait-il autrement, lorsqu'un œil extérieur essaie d'entrer dans leur univers ?

Et la très grande majorité ont été contents de moi ! Ah mais !

 

Par contre 'mais votre démarche est suffisamment intellectuelle pour provoquer un langage un oeil sophistiqué, capable de se calquer sur elle, ou d'aller au-delà), c'est la première fois qu'"on" (votre interlocutrice) me reproche d'être "compliquée". En général –et des collègues critiques qui, eux, pratiquent trop souvent la "langue de bois" me l'ont fait –gentiment- remarquer, on me dit claire, concise, pédagogique !

Alors, je trouve très saine et vivifiante votre réaction à l'égard de cette dame. Au fond, pourquoi prendre des gants avec des gens de mauvaise foi ? Qui, de toutes façons, ne seraient pas convaincus !

 

Votre exemple d'Art brut :

L'aventure de ce grand-père embellissant sa maison avec des photos de personnages célèbres, si elle n'est pas à proprement parler une création, le devient pour les raisons que vous donnez (débordement…) ; surtout pour cette passion d'enrichir sa vie avec des visages inaccessibles : CEUX qui le faisaient REVER. Il y a gros à parier qu'il les prenait non pas dans "Télé 7 jours", mais dans "Nous deux" et autre presse du cœur que vous êtes trop jeune pour les avoir "fréquentés" et qui ont fait frémir les générations d'après-guerre.

Mais, lorsque vous comparez son attitude –son éthique- à celle d'Arman, vous faites, je crois, une grave erreur ! Si vous avez vu travailler Arman (cf film sur les Nahon. Arte) vous aurez noté qu'il se fait aider de "nègres" (dit-on des "nègres" en peinture comme en littérature ?) ; et, qu'entre deux ronds-de-jambes et récriminations à l'encontre de ses "imitateurs" dont César, il daigne placer l'un des éléments de sa nouvelle compilation. Là où votre papy mettait tout son cœur et son idéal (de pauvre et d'acculturé, sans connotation péjorative), Arman met son fric et sa tête. Ils sont aussi loin l'un de l'autre que les entassements hétéroclites d'objets divers (présentés à Corbeil-Essonnes, par exemple) le sont, des merveilleuses "accumulations" de Simone Le Carré-Galimard ! Disons que ce vieil homme CREAIT pour son bonheur PERSONNEL, alors qu'Arman FABRIQUE à l'usage DES AUTRES, un art brut de luxe !

 

Problèmes de vocabulaire :

Je crois qu'en général, le problème vient de la confusion des termes : Bien avant Dubuffet, Prinzhorn juge les créations des schizophrènes "recevables comme un art… Et pas seulement comme un art exotique, qu'on rangerait au voisinage des arts primitifs, sous les vitrines qui protègent les reliques du lointain et du révolu : le regard reconnaît en eux les traits de l'Art moderne, les caractéristiques de l'"avant-garde""… Le livre paru, nombre d'artistes (Max Ernst, Paul Klee, Kubin…) "ont été émerveillés par ce qu'il leur révélait, et ils ont tenu à saluer comme leurs pairs, les créateurs anonymes qui s'étaient mis à la tâche, en toute ignorance, derrière les murs de leurs asiles" (¹)

Dans une inéluctable évolution, et pour la majorité du public, au commencement bien sûr, était l'"Art brut" celui des asiles et des fonds de jardins, "inventé" par Dubuffet et Ragon, encouragé par Bourbonnais, Chave…

Expression admirative, perplexe, qu'aujourd'hui, hélas, tout le monde se croit autorisé à mettre à toutes les sauces. Avec toutes les nuances gustatives, allant du plus sombre mépris aux louanges les plus appuyées. !

Singulier et Hors-les-Normes sont supposés inclure tous les autres termes (Immédiat, Du bord des routes, insolite, cru, etc.), y compris l'Art brut qui garde, malgré tout, sa connotation à part.

Et, bien évidemment, toutes ces nuances picturales sont de l'Art contemporain ! MAIS, avec cette manie qu'ont les Français de détourner le sens des mots, ce dernier est, détrônant le Moderne, devenu synonyme d'un art très –trop souvent- intellectualisé ; très, trop souvent, coupé de ses racines : une production muséale ou de galerie que, -sauf très rares exceptions- l'artiste trouve "normal de" ou fait "tout pour" vendre !

Les "lavandes" ou "les ponts"… sont forcément contemporains. Mais tellement galvaudés, tellement impersonnels, qu'ils sont en fait de tous les temps : ce que l'on appelle TRES négativement de "la peinture pour médecins" ( ceux de cette corporation qui aiment d'autres aventures picturales, cette définition ne m'appartient pas !)

 

Peut-on rester toute sa vie un artiste singulier ?

Je vous donnerai ici la réponse d'une artiste avec qui j'ai évoqué votre lettre. Réponse à laquelle j'adhère totalement :

"Créer c'est, à travers la matière, essayer de se sauver : Certains vont vers le suicide (elle dit "l'auto-meurtre"), le mysticisme, la religion… l'artiste va vers la création. L'acte de créer agit comme un baume gràace ququel un être se sent enfin soulagé, va même parfois jusqu'à être heureux.

Créer une œuvre, c'est chaque fois comme un enfantement. Une mère se sépare-t-elle volontiers de son (ses) enfants(s) ? Dans une attitude aussi profondément sincère, peut-on cesser d'être "Singulier" ? (Ce qui n'empêche pas une progression ou des variantes techniques)". Le scepticisme de votre question ne saurait donc concerner des artistes comme elle !

Chaque créateur doit, par contre, garder son libre arbitre, rester maître de ses orientations. MAIS, s'il désire vendre ses œuvres à tous les vents, exposer dans les circuits traditionnels, qu'il assume sa décision et admette qu'en devenant multiple, sa production n'est plus "hors-les-normes" : Nul n'est doté du don d'ubiquité, et ne peut être à la fois "dans la norme" et "hors-les-normes".

 

Les marchands :

"Enfant, on meurt avec du génie, mais on mange avec de l'argent" : Le père de Cézanne.

S'il est impossible de garder "secrète" ou "pour soi" toute sa production (le créateur s'enrichit, bien sûr, de se frotter, se confronter aux autres) ; s'il est humain, ludique… d'offrir une œuvre à un ami, à une relation qui l'admire, et va en quelque sorte devenir son miroir, l'artiste intimement sincère (et je pense à une jeune femme des circuits "conventionnels" qui allait dans les maisons de ses acheteurs potentiels, voir "comment" ses sculptures seraient installées, s'assurer qu'elles seraient aimées…) ne peut vendre ses œuvres qu'avec beaucoup de déchirement et la plus grande circonspection !

Une création aussi psychologique que celle de la majeure partie des artistes singuliers, implique confiance, amitié, ce qu'ils ont trouvé dans les quelques musées à eux dévolus, les rares galeries, les festivals qu'ils ont commencé à à organiser pour leurs complices en hors-normalité.

Seraient-ils assez naïfs pour croire que les galeristes de la rue de Seine à Paris, du Ccours Mirabeau à Aix-en-Provence, etc. sont autre chose que des marchands ? Lorsqu'il voit le si génial Dado effacer un sexe qui "gêne" M. Nahon, pensent-ils, eux frais émoulus de leur solitude que, face au cynisme de tels rapaces, ils sauront "garder leur âme" ; être sereins, le chèque empoché dans l'indifférence ?

 

*** Impressionnistes…

Souvenez-vous combien ces misérables ont été gauss&s et vilipendés lorsqu'ils ont commencé à "sévir", puisque leur nom-même est né de la dérision d'un journaliste, contemporain de leurs débuts. Pensez à la ville de Calais cachant pendant dix ans avec honte dans une écurie, "Les six bourgeois" qu'elle avait eu l'impudence de commander à Rodin. ; à Zola qui, dans un roman sur Cézanne, n'évoque que la déchéance d'un raté ; à Maupassant, écrivant en marge d'un dessin de Gauguin, "Bon pour Charenton" (L'asile, bien sûr) ; à Courteline achetant des Douanier-Rousseau pour son Musée des Horreurs, etc. Ces maudits (²) sont pourtant devenus de la culture !

Pourquoi nos contemporains seraient-ils plus ouverts, plus préoccupés de "connaître", alors qu'il est si confortable de "reconnaître" ?

 

Le bon grain de l'ivraie :

Outre ce que j'écrivais plus haut sur Arman et les "entasseurs", je dirai que la reconnaissance des transfuges et des imposteurs est encore relativement facile ; parce qu'elle réside dans un changement ou une différence d'attitude. Et que les imitateurs sont –sans doute malgré eux- moins impliqués dans leurs œuvres. Qu'elles ont un petit air propret incontournable (je pense à des cas précis), dû peut-être à une recherche esthétique plutôt que spirituelle.

Mais le temps aidant ; les artistes hors-les-normes se faisant plus envahissants ; les miroirs aux alouettes plus étincelants, il deviendra –et c'est mon inquiétude- de plus en plus difficile de détecter les faisauers ; ceux que vous appelez les "vrais faux artistes singuliers" ou les "faux vrais"…

Cela a DEJA commencé !

 

Cesser d'être sectaires :

Repensez à mon texte de Roquevaire : "Ni comparables, ni opposables à leurs collègues créateurs dans leur globalité… Eviter les excès pervers d'une époque…".

Il n'est nullement question de repousser systématiquement les "honnêtes" de tous bords, quelle que soit leur expression picturale. Simplement de se pincer le nez… devant les autres.

Il y a beaucoup de morale dans cette recherche d'une éthique.

 

… Internet… :

La vente aux enchères de chiffres destinés à brader au plus offrant une image virtuelle, peut-elle être le nec plus ultra de l'Art singulier ?

Ne serait-ce pas plutôt la découverte en soi, voire dans les poubelles –ce qui a bien souvent été synonyme- le moyen de créer du beau avec les déchets d'autrui ; d'exprimer ses fantasmes les plus intimes et les plus fous, ses délires si personnels qu'ils en sont inclassables ; si profondes, sincères, tragiques ou dérisoires, ludiques… qu'ils obligent à palpiter d'émotion le cœur du spectateur le moins avert ?

JEANINE RIVAIS

(¹) HANS PRINZHORN : "Expressions de la fole" : Editions Gallimard, Connaissance de l'inconscient.

(²) GILBERT GUILLEMINOT : "Les Maudits" : Editions Denoël.

 

CES TEXTES ONT ETE ECRITS EN 1996, SUITE AU FESTIVAL D'ART HORS-LES-NORMES DE ROQUEVAIRE, ORGANISE PAR DANIELLE JACQUI.