KIM DUKAT ET SES MULTIPLES TALENTS

Peintre. Auteur. Compositeur. Interprète

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          Comment séparer, chez Kim Dukat, l'auteur de la comédienne ? 

          Pour des raisons familiales, elle commence à travailler à quatorze ans : elle est vendeuse, et le soir, toute seule, elle apprend la sténodactylo. 

          A dix-sept ans, elle entre au Ministère des Affaires Etrangères… devient Secrétaire du Consul de l'Ambassade de France à Tel-Aviv. Là-bas, elle rencontre François Truffait qui, grâce à ses conseils judicieux, lui donne l'idée de créer une petite troupe théâtrale : le Théâtre de Poche. Elle découvre Prévert dont elle récite les poèmes. De retour en France, elle se lance dans une carrière d'auteur-compositeur-interprète qui est un joyeux pot-pourri de parodies, jazz, accordéon, one-woman-shows, etc. Elle intitule son spectacle "Atmosphère" en hommage à Arletty et pour communiquer les multiples facettes de ses émotions.  Son dynamisme scénique, sa voix de canaille, ses sketches de Parigote lui gagnent tous les suffrages. Avec ce spectacle, elle charme notamment le difficile public de vedettes de l'écran et de la scène, réuni au Paradis latin sous la présidence émouvante de la célèbre artiste, pour l'attribution des "Prix Arletty du Théâtre". Un autre spectacle : "Kimoiseries" lui vaut, à Arles, où elle a voulu rendre hommage à Van Gogh, le "Prix du Jury de la Sacem et de la SACD". De là à l'écriture, le pas est franchi avec la "Vénus blues", sorte de scénario, roman romanesque, balade, blues, "Sténographie des sensations… mouvement… explosion… couleur des "bleus à l'âme"". Ce texte deviendra dans un proche avenir un spectacle filmé et une pièce d'une heure. 

 

          Parallèlement, parce que chez elle, tous les genres, en fait, n'en font qu'un, la découverte -encore !- de Prévert la projette dans une frénésie de collages : mise en place de personnages sur lesquels elle mélange la matité de la gouache et la brillance du colorflex. Elle réalise ainsi et expose "Les états d'âme de la Femme". 

 

        Elle passe à la peinture, fait se côtoyer sur la toile taches, papiers, portraits de jazzmen, etc. Elle y intègre parfois des instruments de musique en relief, et une main obsessionnelle qu'elle appelle "Glove". 

 

          A cette série intitulée "Jazz" où elle manifeste sa violence, son indépendance d'esprit, où tout est mouvement et couleur, succède une série plus sage, basée sur des références culturelles : Matisse, Picasso, Cocteau. De nouveau, la musique est à l'honneur, mais cette fois sur un tempo de blues. Apparaissent sur la toile des œuvres bleues, toutes les variations de bleus : femmes jouant de l'accordéon, jeunes filles à grands chapeaux fleuris, jeunes Asiatiques à la guitare, etc. Une série calme, harmonieuse, teintée de mélancolie.

 

          Et puis, cette série a explosé. Elle a gardé ses fonds b:eus, mais le sujet est apparu dans de splendides roses indiens rehaussés de jaunes lumineux et de blancs. C'est le thème "Jazz et Java" qui constituera l'essentiel de la prochaine exposition de l'artiste : "Jazz" dont le swing lui permet de rythmer ses joies et ses vagues à l'âme ; "Java" parce que l'accordéon qu'elle appelle "boîte à frissons" a gardé tout le charme romantique des films en noir et blanc, et la ramène à la célèbre … Atmosphère ! 

 

        En veine d'inspiration, Kim Dukat écrit, en l'espace de deux mois, soixante-dix chansons (valses, tangos, slows, blues), dix contes, trois monologues d'une heure pour le théâtre qu'elle intitule :"Trilogue bleue, blanche et noire" , une cinquantaine de poèmes, deux émissions radiophoniques, et un "scénario noir"… véritable inventaire à la Prévert. 

 

           Son ardeur créatrice persévérant, Kim Dukat devient réalisatrice. Elle crée des clips-vidéo-variétés et des vidéogrammes sur la peinture et le jazz. L'un d'eux a récemment reçu les félicitations de Monsieur Jacques Toubon, Ministre de la Culture et de la francophonie. 

 

          "Dire avec des mots, avec la peinture, avec la musique… Ecrire, peindre, jouer et chanter, vouer entièrement à l'art son existence mouvementée, voilà la meilleure définition de la vie de Kim Dukat. 

Jeanine RIVAIS

 

CE TEXTE A ETE ECRIT EN 1992.