Qui, parmi les plus de trente ans, ne l'a jamais eu, vu, lu, ou feuilleté chez ses grands-parents, depuis qu'a été lancé l'immortel "Comment vas-tu yau de poêle" ?

Une page 1960
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Dans la foulée de cette interrogation pleine de sollicitude, l'Almanach apporte ses multiples solutions. C'est ainsi que, pour tout malade est élaborée, à l'une ou l'autre page, une potion miracle ; quiconque a les doigts verts s'y cultive à la rubrique jardinage ; l'amoureux sait à quelle date offrir des fleurs à sa bonne amie ; l'accroc du Zodiaque y consulte son vermoscope ; le doré sur tronche y bronze pas-bête ; le féru de politique trouve dans le trombinoscope la tête de son député ; tout un chacun, enfin peut se régaler de blagues, de jeux littéraires ou non, de nouvelles insolites, de dessins amusants drôles, drolatiques, rigolards, rarement vulgaires ; les intellectuels s'y référer à l'actualité revue et corrigée par les dessinateurs et épistoliers vermotiens.  Bref, à chaque jour sa provende de bonne humeur ! Tout est prévu pour que, tiré de sa morosité, le lecteur réponde à la question liminaire :"Ca va-t-au pied ?"

          Et qui est la grande promotrice de cet inénarrable pot-au-rire ? Marie-Bernadette Chirol, alias Babette Carol ! Un personnage, assurément ! Qui, jetant aux orties ses tonnes de diplômes, fait un jour sa valise pour devenir catcheuse : à la belle époque du catch, s'entend ; celle des rings sanguinolents, des piscines de boue ou des lutteuses à boas ! Elle était la "méchante", cela va de soi, teigneuse quand elle devait s'avouer vaincue, harcelant l'arbitre, affolant les foules, courant le monde jusqu'au moment où "pleine d'usage et raison", elle est devenue "relation extérieure"… de l'Almanach Vermot ! 

          Depuis, son allant, sa verve intarissable animent les radios, amusent les comités, éclairent les moues les plus pessimistes. Contagieux est le bon rire de Babette Carol ! Et chaque assemblée où elle trône est pliée en deux, car "si t'es gai, ris donc" ! 

          Regrettons tout de même, avec un sourire mi-figue, mi-raisin que l'humour rose ou noir ne soit pas universel (de cheval), mais plus spécifiquement apanage masculin (ou l'autre) : Alors, mesdames, à vos plumes oh ! 

Jeanine RIVAIS

 

CE TEXTE A ETE ECRIT EN 1995 ET PUBLIE DANS LE N° 13 DE LA REVUE FEMMES ARTISTES INTERNATIONAL ET DANS LE N° 54 DE FEVRIER 1995 DU BULLETIN DE L'ASSOCIATION LES AMIS DE FRANCOIS OZENDA.