CORNEILLE A L'ECOLE !

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Le chat et l'oiseau
Le chat et l'oiseau

     Eté 1997, le préau de la petite école de Diges, dans l'Yonne, à peine vidé de ses diables tout à fait réels, en a retrouvé de bien étranges, sortis de l'imagination du peintre-sculpteur-aquagraveur... Corneille Guillaume Beverloo, dit CORNEILLE !

     Corneille, venu en voisin à l'instigation de l'éditeur d'art Francis Delille qui réside dans le village, proposait une série de sculptures plates et d'aquagravures. Ainsi, dans un éblouissement de couleurs, le visiteur pouvait-il s'amuser du chat jaune coincé entre serpent vert et oiseau rouge ; de l'arbre aux fruits-oiseaux-et-mains qui semblait prendre racine dans la bouche d'une tête renfermant un hanap, etc.... ; s'attendrir devant les femmes sensuellement lovées entre fleurs et animaux... Ou, pour son plaisir encore, tourner autour  -toucher, même-  des sculptures en bois découpé ! Car, sur une estrade, s'étalait toutes branches dehors, un arbre-papillon ; sur des tables d'écoliers voguait un drakkar portant sa cargaison d'oiseaux ; dans un grand arc-en-ciel guettait un chat tapi près d'un oiseau aux immenses rémiges, etc.

     L'oiseau ! Dès sa petite enfance, Corneille l'a aimé, l'a dessiné, l'a sculpté ! Vivant en pleine nature, il a côtoyé les verts de l'herbe, les chatoiements des élytres d'insectes... Et depuis cette époque déjà lointaine ; en dépit des privations de la guerre qui sévit en Hollande où il vivait ; en dépit, ultérieurement,  des modes souvent contraires... l'artiste a poursuivi sa voie, réalisé ses oeuvres si humaines, si tendres ! Avec un rien d'humour pointant au coin d'un oeil immense outrageusement fardé ; dans le dos rond d'un chat aux moustaches raides ; ou simplement  dans les associations animalo-humanoïdes les plus inattendues, portées sur la toile !

 

Femme nue allongée
Femme nue allongée

          Bien jeune encore, il rencontra d'autres créateurs en herbe ; jetant eux aussi aux orties les critères classiques de la peinture ; peignant leurs oeuvres de couleurs éclatantes ; se préoccupant de l'humain ; décidés à explorer toutes les voies qui leur sembleraient explorables ;  frondeurs, assurément,  qui, comme lui, pensaient que "le meilleur tableau est celui que la raison ne peut admettre". Ainsi, Corneille appartint-il désormais au groupe COBRA** qui bouscula en Europe les idées picturales les plus révolutionnaires !

     Puis, un jour de 1950, il s'exila d'Amsterdam ,  vint s'installer à Paris. Et commença une longue série de voyages (Brésil, Mexique, Sénégal, etc.) qui devaient générer une sorte de mythologie cornélienne si féconde et vivante ; faite d'images de toutes les couleurs !

      Et vint l'été 97, où cet artiste prestigieux accepta de poser un moment ses bagages et de confier avec une grande modestie à une toute petite ville anonyme, les précieux témoignages de sa grande joie de vivre.

Jeanine RIVAIS

 

**COBRA : COpenhague, BRuxelles, Amsterdam : nom imaginé par Christian Dotremont.

 

CE TEXTE A ETE PUBLIE DANS LE N° 61 DE FEVRIER/MAI 1999 DE LA REVUE IDEART.