PATRICK GUALLINO ET SES PERSONNAGES DANSANTS

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Sculpteur du mouvement, Patrick Guallino burine dans le métal des personnages dansants et gesticulants ; ou projette dans l’espace d’avenantes petites personnes espiègles au corps en cœur polychrome, aux membres multiples fins et sinueux comme des lianes. D’autres fois, il assène, solidement campés sur leurs jambes trapues, des silhouettes hérissées de fils et de clous, de petites créatures aux contours déjetés, la bouche arrondie sur un O d’étonnement et les dents « féroces » énumérées à l’avant de larges orifices qui semblent vouloir frapper de leurs baguettes-bras leur ventre rebondi sur lequel s’étale un large « GUALLINO ».

Tout ce mouvement, toute cette énergie parviennent à cacher le sérieux et l’acharnement du travail de l’artiste pour ne montrer que le côté ludique renforcé par une façon bien à lui de se servir de symboles sans prétendre à l’ésotérisme ni à un quelconque militantisme ; d’affirmer son ouverture au monde en empruntant à des cultures étrangères pictogrammes ou hiéroglyphes revus au fil de son imagination ; retrouver une magie intuitive grâce à de minuscules idéogrammes qui vagabondent sur les éléments très ouvragés des sculptures intaillées ; produire enfin une œuvre colorée en n’utilisant qu’une gamme très réduite de couleurs.

C’est cette sobriété qui, sous le foisonnement apparent, rend attachante l’œuvre de Guallino ; lequel est également l’auteur de petits dessins tendres aux personnages graffités en creux ou tracés d’un lourd trait noir dans des taches de quatre couleurs vives jouant de leurs contrastes sur la toile… Tandis que, noyés dans ces jaunes éclatants, ces rouges incandescents, bleus aquatiques ou verts champêtres, vagabondent dans un savant désordre, des ornements pictographiques, des farandoles d’écritures maladroites comme à peine ébauchées, et dépourvues de sens ; dont l’aspect échevelé renforce la puissance évocatrice des petits individus centraux.

Jeanine Rivais

CE TEXTE A ETE ECRIT EN 2002 DANS LE CADRE DU PREMIER PRINTEMPS DES SINGULIERS.