15 JUILLET 2001 : INAUGURATION DE LA DEUXIEME PARTIE DES LOCAUX DE LA COLLECTION CERES FRANCO D’ART CONTEMPORAIN

A LAGRASSE (AUDE)

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LA COLLECTION D’ART NAÏF.

ENTRETIEN de Jeanine Rivais avec CERES FRANCO.

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Cérès Franco devant sa collection d'Art naïf
Cérès Franco devant sa collection d'Art naïf

Jeanine RIVAIS : Cérès Franco, la première partie de votre collection a été inaugurée en 1994. La dernière fois que nous avons fait ensemble un entretien, nous avions projeté d’évoquer la partie consacrée à l’Art naïf. Mais nous nous sommes lancées dans des considérations sur l’Art contemporain, si bien que le reste est demeuré en suspens.

         Aujourd’hui, nous sommes dans le nouveau bâtiment de votre musée, que vous inaugurez et dans lequel vous avez consacré deux grandes pièces aux œuvres naïves. Mes premières questions seront donc : Quelle est votre définition de l’Art naïf ? Quelle place l’Art naïf tient-il dans votre collection ?

            Cérès FRANCO : Je commencerai par la deuxième question. Cette série d’œuvres tient une grande place dans ma collection. Comme je l’ai déjà évoqué dans un précédent entretien, je suis revenue au Brésil en 1963, car j’étais invitée à la Biennale de San Paolo. Et déjà, je pensais que le véritable art brésilien, c’était l’Art naïf. En effet, je pourrais dire sans exagérer beaucoup, et hormis bien sûr quelques grands artistes, que les autres se réclamant de l’Abstraction lyrique –laquelle faisait florès à cette époque-là- "faisaient tous et toujours la même toile" ! Parcourant l’exposition, tout en réfléchissant à ces problèmes, je suis entrée dans une nouvelle salle ; et, tout à coup, je me suis trouvée au milieu des peintres naïfs brésiliens ; au milieu de toutes ces formes, de toutes ces couleurs, des histoires multiformes qu’essayaient de raconter ces imagiers magnifiques !

            Je commençais alors ma carrière de commissaire d’expositions. J’avais apporté avec moi des œuvres de peintres parisiens qui étaient présentés dans une salle spéciale que j’avais appelée "la Salle de l’Oeil-de-Bœuf". Sa particularité tenait au fait que toutes les œuvres y étaient présentées dans des cadres ronds ou ovales qui étaient la représentation des fenêtres appelées "œil-de-bœuf". En 1963, on comptait sur les doigts d’une main ceux qui faisaient de la figuration et appartenaient à la Nouvelle Figuration.

Art naïf brésilien
Art naïf brésilien

            La rencontre avec ces peintres naïfs a soulevé en moi tant d’enthousiasme que j’ai senti la nécessité de les présenter à Paris où je vivais depuis déjà longtemps. De retour en France, j’ai donc organisé une exposition en 1965, chez Jacques Massol, dans sa galerie, rue de La Boétie. Nous avions choisi des peintres avec la complicité du galeriste Jean Boghici, de Rio de Janeiro, parce qu’il m’était financièrement impossible d’acheter toutes ces œuvres. Ce dernier me les avait prêtées, et bien sûr, pour chaque œuvre vendue, il recevait de l’argent. Nous avions intitulé cette exposition Huit peintres naïfs brésiliens. Je l’ai ensuite présentée, sous le titre Peintres brésiliens d’inspiration populaire, à Moscou, à Varsovie en 1966, où je l’avais agrandie avec d’autres peintres. En 1972, j’ai été chargée par le Gouvernement brésilien de la sélection d’artistes naïfs pour la Troisième Triennale d’Art insitic de Bratislava.

            Ma définition de l’Art naïf ? C’est un art spontané, autodidacte. Le Naïf essaie de traduire l’image qu’il a en tête, paysage ou scène du quotidien… en y construisant avec sérénité son imaginaire idéalisé ; contrairement aux artistes d’Art brut qui sont plus grimaçants, plus fougueux, centrés sur eux-mêmes, plus directs, sans soucis esthétiques ; vous lançant sauvagement à la figure leurs fantasmes, leurs angoisses ; oeuvrant d’une manière inconsciente. Je dirai que l’Art brut est un art de l’inconscient.

 

         J. R. : Vous avez dit tout à l’heure que chacun "racontait" son histoire. Peut-on dire alors que l’Art naïf est essentiellement narratif ; et est-ce cet aspect qui vous intéresse plus particulièrement ?

            C. F. : Ce n’est pas seulement cela qui m’intéresse. N’oubliez pas de re-situer les événements dans leur époque : d’un côté il y avait le Pop’Art ; de l’autre, en France, le Nouveau Réalisme. La peinture était plutôt pamphlétaire, narrative, etc., dès que l’on parlait de figuration. Les Naïfs voulaient, certes, raconter une histoire, mais ils n’avaient rien à voir avec la bande dessinée, les Donald Duck, etc. Ils avaient leur imaginaire très personnel. Nous en avons, dans ces deux salles, une vision très nette, en particulier avec toutes les œuvres des différentes époques d’Eli Heil qui a débuté comme peintre naïve pour devenir très expressionniste par l’image, les couleurs et la forme. Elle met par exemple dans ses tableaux des maisons et des animaux dans la prairie… J’avais photographié tous ses tableaux et je les avais envoyés à Jean Dubuffet. C’est peu de temps après qu’il a commencé à cerner les éléments, les personnages de ses propres tableaux. Si Eli Heil a pu enrichir l’œuvre d’un grand artiste comme Dubuffet, tant mieux ! Et cette merveilleuse créatrice a toujours été profondément authentique et sincère. Elle a apporté un plus à la peinture, qui n’a rien à voir avec l’Art naïf européen…

 

Waldomero de Deus
Waldomero de Deus

         J. R. : Justement, c’était ma question suivante : quelle différence essentielle peut-on noter entre l’Art naïf sud-américain et l’Art naïf européen ? Et surtout, pourquoi cet Art naïf a-t-il été si important en Amérique du Sud et au Brésil en particulier ?

            C. F. : Il y a beaucoup d’analphabètes dans mon pays, qui ont besoin d’exprimer des choses profondément incrustées en eux. D’autres ont des dons naturels qu’ils ont envie de développer : l’art est aussi un vécu…C’est la même démarche qu’en Haïti. Et qu’au Moyen-âge où l’on racontait l’histoire de la Bible par le truchement de peintures et de sculptures. De tous temps, le peuple a compris le sens des scènes ainsi composées. Le Naïf contemporain n’a généralement pas de préoccupations religieuses. Pourtant, voici des tableaux d’une Naïve brésilienne représentant des anges ou bien le Père Cicéro qui était un saint homme et faisait des miracles ! Il y avait de grandes processions jusqu’à son village ; et il est très représenté dans le Nordeste du Brésil.

 

         J. R. : Comment expliquez-vous que, dans ces pays que l’on pourrait qualifier –sans être méprisant- de sous-développés, l’Art naïf ait pris une telle importance, alors qu’en France il est devenu un art presque précieux ; et qu’il s’y rattache même une note un peu péjorative, au même titre qu’à l’expression "Art populaire" ?

            C. F. : Je vais corriger votre affirmation précédente : Le Brésil n’est pas un pays sous-développé. Il est très riche et justement en voie de développement.

 

         J. R. : Je parlais de l’Amérique du Sud en général !

            C. F. : Ce que je viens de dire est valable pour tous les autres pays d’Amérique latine. C’est un continent colossal, qui est très mal connu. Mais beaucoup de gens du peuple y sont encore analphabètes, comme je l’ai dit tout à l’heure ; et se servent de ce moyen d’expression pour faire connaître ce qui les préoccupe. Contrairement à Haïti, où tout le monde se copie plus ou moins et vous accoste dans la rue pour vous vendre un tableau, il ne s’agit pas d’une école, mais les artistes naïfs des pays pauvres ont aussi besoin de vendre leur production.

            Bien sûr, au Brésil, l’Art naïf est très vivant dans les zones essentiellement rurales, car c’est aussi un moyen d’embellissement de leur vie. Néanmoins, ce développement de l’Art naïf n’est pas une preuve de retard dans leur civilisation, c’est un plus apporté à la culture du monde.

           

Art naïf brésilien
Art naïf brésilien

 Cependant, l’art "populaire" (ce mot venant, bien sûr, de "peuple"), dans sa diversité, est en train de gagner en force. Les gens commencent à s’intéresser à ses différentes expressions, de l’Art brut à toutes les autres tendances qu’il a générées. Par contre, il n’y a aucun sens à ce que les gens cultivés fassent de l’Art naïf ou de l’Art brut ! Ce qu’ils veulent, c’est produire des œuvres qui vont se vendre vite ! Je ne veux faire le procès de personne, mais vous savez pertinemment que beaucoup d’artistes procèdent ainsi ! En France, il y a beaucoup plus de culture qu’au Brésil, mais il y a moins de sensibilité ! Beaucoup d’expressions ont disparu et les gens ne perçoivent plus toute la beauté que l’on peur ressentir à travers une image. Ils regardent des peintures naïves et sont déroutés parce qu’ils n’y retrouvent plus leurs référents habituels. Ils cherchent tous un Douanier Rousseau, alors que ce dernier s’est inspiré d’un paradis exotique tropical.

 Il est important de dire que, pour moi, les artistes naïfs sont des artistes "contemporains". Certes, le Douanier Rousseau n’est pas notre contemporain, mais il l’était de Picasso, d’Apollinaire, etc. qui appréciaient ses œuvres. Je crois fortement que les Naïfs aujourd’hui, devraient être classés dans le label "contemporain" au même titre que les Expressionnistes ou les Abstraits oeuvrant dans notre époque…

Quant aux Naïfs brésiliens, ils n’ont pas de préjugés pour faire une peinture très colorée, alors que les Européens veulent faire des dégradés de lumière, une vraie peinture classique, en somme. Les Occidentaux essaient d’être descriptifs, plutôt que narratifs, contrairement à ceux qui sont restés proches de l’Art brut comme Jaber qui raconte une histoire dans chacun de ses tableaux. Pour moi, la Figuration Libre, ce sont Jaber, Chaïbia… plutôt que Di Rosa ou Combas qui se situent plutôt dans la mouvance de la bande dessinée.

 

Eli Heil
Eli Heil

         J. R. : Votre musée qui comprend une dizaine de salles possède donc deux pièces très belles, variées et originales consacrées à l’Art naïf. Et, dans celle où nous sommes, sont installées des sculptures très surprenantes, polychromes, représentant des monstres, des têtes effrayantes… que nous pourrions classer plus spécifiquement dans l’Art populaire; mexicain en l’occurrence…

            C. F. : Oui, ce sont des masques, des figures symboliques, des sirènes, des soleils, etc. Ils offrent un vocabulaire sculptural et pictural très riche, qui vient des Indiens, de la culture indigène ; donc, par essence des gens du peuple. J’en ai acheté à chacun de mes voyages au Mexique, et mon fils m’en a offert, connaissant mon intérêt pour cette forme de création. Tous ces gens sont anonymes. Il y a également des têtes de morts qui sont fréquemment promenées dans les rues, lors des fêtes religieuses mexicaines. Et puis, le squelette, image de la mort, bien sûr, constitué d’une armature métallique et de papier mâché ; tandis que les masques sont en bois.

 

         J. R. : Quelles nuances définitionnelles donnez-vous de l’Art populaire par rapport à l’Art naïf ?

            C. F. : L’Art populaire est réalisé de façon plus circonstancielle : pour des fêtes, par exemple, des remerciements, etc. Tandis que l’Art naïf est créé par des gens qui ont en eux quelque chose à exprimer, et le font pour leur plaisir ou leur soulagement personnels.

 

         J. R. : Evoquons maintenant, dans la droite ligne de cet Art populaire et des remerciements, les ex-voto qui se trouvent dans l’aile ancienne du musée. Comment les situez-vous dans l’Art naïf ?

            C. F. : Les créations dans cet esprit remontent extrêmement loin dans le temps ; et sont des créations mystiques. Elles sont réalisées à l’intention de Dieu ou d’un saint ; pour les remercier, les implorer, solliciter d’eux une guérison, un événement heureux… Elles participent d’une attitude très humble, afin d’obtenir l’aide espérée.

            Autrefois, on chargeait un artisan talentueux de réaliser un bras, une tête… la partie qui souffrait en fait. Et, s’il n’y avait pas d’artisan dans le village, ou si l’on n’avait pas les moyens de le payer, on le réalisait soi-même, le plus souvent en bois, rarement en pierre.

            Malheureusement, cette forme d’art est en train de se perdre. Ces objets remplissaient trop les églises, si bien que le prêtre ou le sacristain les ont brûlés ou ont commencé à les vendre ! De plus en plus souvent, ils sont faits en cire avec des moules ; parce que la cire, une fois fondue, sert à faire des cierges !

            Mes ex-voto sont en bois, de facture très brute, mais certains sont très beaux et réalistes.

 

         J. R. : Oui, mais il existe également des ex-voto peints. En avez-vous dans votre collection ?

            C. F. : Non, je n’ai que des sculptures, bien que les ex-voto peints se pratiquent aussi au Brésil.

Tania Pedrosa
Tania Pedrosa

         J. R. : Puisque vous les connaissez tout de même bien, êtes-vous d’accord que cette peinture est infiniment plus narrative que les sculptures ; puisque ces dernières ne montrent que la partie malade, alors que les peintures décrivent également les circonstances qui s’y rattachent ?

         C. F. : Bien sûr : ces ex-voto peints sont réalisés par des Riscadores de milagres, des artisans qui les peignent à la commande. Quant aux sculptures, elles doivent être suffisamment suggestives pour convaincre quelqu’un de la nécessité d’accomplir son vœu. Ce qui implique en même temps, l’accomplissement d’un miracle : J’ai dans ma collection, les œuvres d’une peintre naïve ukrainienne. Elle m’a raconté avoir rêvé que la terre s’ouvrait à ses pieds, et qu’elle avait l’impression d’être sur le point de mourir, comme lors d’un tremblement de terre ! Elle avait terriblement peur. A son réveil, elle était tellement heureuse d’être toujours vivante, qu’elle s’était mise à prier. La nuit suivante, dans un nouveau rêve, elle se voyait à genoux dans son village natal, remerciant la Vierge qui lui apparaissait. Elle a donc peint deux tableaux représentant ces deux épisodes. C’étaient en somme des ex-voto.

            Beaucoup de gens vivent des aventures aussi puissantes. C’est pourquoi les peintures sont si évocatrices. Tandis que les sculptures sont beaucoup plus sobres, presque abstraites.

 

J. R. : Revenons au musée proprement dit et à ce nouveau bâtiment : Il est plus grand que le premier…

            C. F. : Non, il n’est pas plus grand, mais il a plus de pièces, parce que j’ai voulu conserver le maximum de murs, pour accrocher le plus de tableaux possibles. Les grandes salles du premier bâtiment m‘ont permis d’accrocher de très grands tableaux. Et ici, j’ai installé des œuvres plus petites.

            Mais, je voudrais apporter une correction : il n’est pas correct de dire "musée" pour un lieu qui n’a pas d’autorisation officielle. Cet endroit n’est pas un musée. J’espère seulement qu’un jour, il le deviendra.

 

         J. R. : Je vous le souhaite. Et j’ai bien conscience de la restriction que vous avez émise. Mais vu l’importance de cette collection, tout le monde a envie de dire "musée" !

         C. F. : Mais il y a de par le monde, de grandes collections qui, au début, ne s’appelaient pas "musées". Elles ne le sont devenues que plus tard, comme par exemple, la collection de Salomon Guggenheim. Et pourtant, elle possédait des artistes de prestige, des Picasso, des Kandinsky, etc. Elle n’est devenue musée que lorsqu’elle a été reconnue par l’Etat américain. Ce terme a permis à ses propriétaires de multiplier les lieux à travers le monde, où sont présentées des parties de l’ensemble ; le dernier étant à Bilbao.

            Pour devenir "musée", il faut formuler une demande officielle. C’est ce qui s’est passé chez notre ami Gérard Sendrey, où le lieu s’appelait d’abord "Site de la Création franche" et n’est devenu que récemment "Musée de la Création franche" : je suppose qu’il a obtenu toutes les autorisations du Ministère de la Culture ?

 

         J. R. : Je crois que Bègles est devenu musée municipal :peut-être les démarches ne sont-elles pas les mêmes ?

         Mais revenons une fois encore à votre collection : combien d’œuvres compte-t-elle désormais ?

         C. F. : Des amies en ont compté environ 1100, dont environ 500 dans la partie nouvelle.

Ex voto
Ex voto

J. R. : Pour avoir dormi au milieu d’elles, je sais qu’il existe encore une pleine maison de peintures, dessins, etc. qui n’ont pas trouvé de place. Quels sont vos projets les concernant ?

         C. F. : Hélas ! je n’en sais rien ! Je n’ai pas les moyens d’acheter une troisième maison. C’est déjà très dur d’en entretenir deux !

 

         J. R. : Nous resterons donc sur l’espoir très vif qu’une ville se décidera à prendre en main cette collection, afin de l’exposer en totalité et d’en gérer les destinées ?

         C. F. : Je l’espère. Aucun problème administratif ne pourrait surgir, car cette collection m’appartient entièrement. Je n’emprunte aucune d’œuvre aux fins d’expositions particulières. Je ne vends rien. Mes héritiers sont d’accord pour la confier à une ville intelligente qui souhaiterait en prendre la responsabilité.

            Mais il faudrait faire vite, car je ne suis plus toute jeune. J’ai calculé qu’en 2008, j’aurais 80 ans. Serai-je encore vivante ? Aurai-je la force de continuer de m’occuper de tout ?

            En attendant donc qu’elle trouve un lieu définitif, je prête des œuvres pour des expositions importantes (Il y a eu Bures-sur-Yvette, Miramas… d’autres s’annoncent pour bientôt, Toulouse en octobre, à l’Espace Ecureuil...) Mais je ne veux pas trop promener ma collection, car les œuvres s’abîment à chaque transport.

 

         J. R. : D’autres projets dont vous souhaiteriez parler ?

         C. F. : J’ai commencé à écrire l’histoire de ma vie, mon parcours dans cette aventure folle. Je compte sur vous pour pallier mes défaillances !

 

         J. R. : Bonne chance, donc, à vous et à la collection. Et merci pour tout le plaisir et l’émotion qu’elle procure aux gens qui la visitent !

 

 

COLLECTION CERES FRANCO D’ART CONTEMPORAIN : 12, rue des Remparts, 11220 LAGRASSE.

 

Cet entretien de a été publié dans le N° 70 de janvier 2002, du BULLETIN DE L’ASSOCIATION DES AMIS DE FRANCOIS OZENDA.