Depuis cinq ans, Claudine Lustman présente dans sa galerie une gamme assez éclectique d'artistes allant de la Figuration Critique (Gérard Fromanger), Supports-Surfaces (André-Pierre Arnal), etc. à de récents coups de cœur où elle retrouve, outre de fortes personnalités, des "mises en scène" picturales originales, appuyées sur une solide technicité. 

 

          C'est le cas de MARGUERITE NOIREL qui assemble de façon très ludique des matériaux de récupération en de curieux personnages animaliers ou anthropomorphes : ici un soc de charrue-oiseau bat de ses lourdes ailes ; là, un énorme clou évoque une tête de chien faisant le beau, "agitant" ses deux petites… fourchettes de devant, l'air de dire avec humour : "Regardez comme je m'amuse ! Surtout, ne me prenez pas au sérieux !". Une façon originale, un peu surréaliste, de déconnoter des objets banals, les recomposer en de poétiques créatures hybrides aux lignes surprenantes ! 

          De ses années de metteur en scène de théâtre, GUILLAINE QUERRIEN a gardé le sens des constructions dans l'espace ; des intersections lui permettant de procéder par plans de plus en plus profonds ; ouvrir des trajectoires imaginaires vers des horizons aléatoires. Des points, des ocelles, des stries… se croisent, captent et renvoient la lumière ; les vibrations ainsi créées générant des compostions semi-abstraites que l'artiste préfère à des scènes figuratives apportant "un sens" à ses œuvres. Néanmoins, elle éprouve le besoin d'ajouter des personnages sur lesquels repose une relation toujours duelle : clair/noir, orgie/menace, tristesse/fantasme, etc. Aux antipodes de la sophistication du décor, longilignes, à peine ébauchés, statiques comme ces chevaliers à la triste figure que mit naguère en scène Guillaine Querrien, leur surprenante intromission dans ces décors vacants, confère un peu de vie à leurs rythmes fermés.

 

          La "Troisième Tour de Babel" proposée pat ISABELLE DANSIN érige sur les cimaises ses panneaux étrécis. Conçues dans des tons très doux d'ocres sur bleus "rebrodés" de gris clair et de blanc laiteux, ces œuvres foisonnent de motifs architecturaux et géométriques, floraux et minéraux, très stylisés. Sur des plages "neutres", des ajouts de poudres de marbres, de sables fins colorés… créent des disruptions et par leurs matités grenues, renvoient vers les séquences "ouvragées", des vibrations lumineuses dans lesquelles excelle l'artiste.  

CE TEXTE A ETE ECRIT EN 1997.

 

VOIR AUSSI : NOIREL MARGUERITE : TEXTE DE JEANINE RIVAIS : IDEART N° 51 DE FEVRIER/MARS 1997 / "LES CREATURES HYBRIDES DE MARGUERITE NOIREL, SCULPTEUR". Et Site :http://jeaninerivais.jiùdo.com/  RETOUR SUR UN QUART DE SIECLE D'ECRITURES. / Retour sur le Printemps des Singuliers 2003