DRAGUIGNAN

MOMIES

LES CHEMINS DE L'ETERNITE

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          Draguignan doit son nom au fait que Saint-Hermentaire aurait convaincu les villageois de délaisser leur culte païen, dont le dolmen de la Pierre de la Fée* est un édifice, pour la religion chrétienne, en terrassant avec lance et épée un dragon "animal ailé, moitié quadrupède, moitié reptile, vomi par les divinités de l’Enfer" terrorisant tout le pays. Admiratifs et reconnaissants, ils auraient alors quitté le Malmont pour bâtir une nouvelle ville dénommée Draguignan, par assemblage du mot Draconia ou Dracenum dit "Cité des adorateurs du Dragon" et du mot Guignan, en souvenir de la ville abandonnée.

          La ville possède de nos jours plusieurs centres culturels dont une étonnante "Maison du bourreau". Puis, passées les horreurs évoquées dans ce lieu naguère mal famé, le visiteur peut aller dans le lieu opposé à ce souvenir de destructions physiques, en visitant la très belle exposition intitulée "Momies, les chemins de l'éternité", proposée sur trois étages dans un lieu tout neuf, bien conçu, l'Hôtel départemental des expositions du Var". 

          Momies, ou les moyens d'assurer la perpétuation de tout individu, du plus humble au plus fortuné (avec bien sûr des nuances dans la qualité de l'embaumement, selon l'état de la bourse du défunt !).

          L'exposition se présente en six grandes sections :

Tableaux réalisés avec des fragments du coeur de Louis XIV
Tableaux réalisés avec des fragments du coeur de Louis XIV

          L'USAGE DES MOMIES :

      Cette partie présente l'utilisation d'éléments de momies ou de momification en pharmacie et dans les arts. Sont exposés différents objets, des pots à pharmacie, des pots de peintures, des livres anciens à destination des médecins et des apothicaires, faisant la liste des drogues, ou des procédés d'embaumement. Et pour confirmer l'usage de ces éléments en art, sont exposées des copies d’une toile méconnue du grand public : "L’intérieur de cuisine", de Martin Drölling (1815) ; et de "Vue de Caen" d'Alexandre Pau de Saint-Martin, toutes deux réalisées avec des restes mis en vente du cœur momifié de Louis XIV. Sont également présentés les organes d'Henri IV, avant apparemment qu'ils ne soient exhumés et livrés à la vindicte révolutionnaire ! 

 

Deux momies masculines : Egypte et Moyenne-Egypte
Deux momies masculines : Egypte et Moyenne-Egypte

                    LES MOMIES D'EGYPTE :

          Plusieurs momies intactes et des photographies anciennes sont exposées, avec les objets usités pour elles post-mortem (amulettes, bandelettes, produits d'embaumement, vases et coupes…). Une table de momification a été reconstituée. Sont présentées également des momies d'animaux sauvages ou familiers (oiseau, chat, serpent, crocodile…).

Poupées funéraires muzidi, population Bembé. République du Congo
Poupées funéraires muzidi, population Bembé. République du Congo

          LES MOMIES D'AILLEURS :

          La momification et l'embaumement sont pratiqués dans toutes les régions du globe, depuis la plus lointaine antiquité (Asie, Brésil, Nouvelle-Zélande, Papouasie, Cameroun (reconstitution d'une tombe Fali), Congo (poupées funéraires), Haïti, Amérique du Sud (masques)…). Authentiques pièces anatomiques, et clichés photographiques et objets familiers attestent des procédés funéraires de ces différentes régions. 

 

 

L'homme de Tollund lors de sa découverte dans les années 1950
L'homme de Tollund lors de sa découverte dans les années 1950

          LES MOMIES D'EUROPE : 

        Comme partout ailleurs, les momifications étaient pratiquées en Europe. L'exposition montre entre autres l'"Homme de Tollund" retrouvé dans une tourbière, l'une des momies les mieux conservées du monde, son pied en particulier ; le "doigt de Saint-Luc", trésor de la cathédrale de Sens dans l'Yonne ;  les fragments d'une momie égyptienne utilisés lors du procès en béatification de Jeanne d'Arc ; le reliquaire du cœur de Richard Cœur de Lion et de Louis XIV, etc.

 

 

          L'AUTOPSIE D'UNE MOMIE : 

         Une visualisation d'une momie virtuelle et des offrandes qui l'accompagnent, est possible grâce à des lunettes 3D.

Possibles également, de découvrir une étude scientifique sur les momies et la reconstitution de la voix d'Henri IV réalisée à partir de sa tête momifiée ; l'examen d'une momie intacte du Pérou (empruntée au musée Branly) ; et la reconstitution du visage d'une tête en 3D, à partir de son crâne.

 

Tête de momie portant dans s bouche une amulette en forme de langue recouverte de feuilles d'or. Egypte époque romaine
Tête de momie portant dans s bouche une amulette en forme de langue recouverte de feuilles d'or. Egypte époque romaine

          LA MALEDICTION DES MOMIES : 

       Affiches de cinéma, BD, livres, jouets… composent la dernière partie de l'exposition. 

Et, pour montrer comment la fiction surpasse la réalité, des extraits de films ("La Momie, avec Boris Karloff ; "Blood from the mummy's tomb" (Du sang de la tombe de la momie",) etc. ; passant de la fiction à l'horreur ; de la peur à la fascination que provoquent ces momies ! 

 

Une très belle exposition, très pédagogique, très richement documentée. A voir si vous passez dans la région : Hôtel départemental des expositions du Var. Draguignan, 1 boulevard Maréchal Foch. Tél : 04.83.95.34.08. Jusqu'au 25 septembre 2022.

 

momie seulement  en 1881, dans la fameuse cachette de Deir-el-Bahari
Maurice Orange (1895) : Bonaparte devant les Pyramides contemplant la momie d'un roi (1798). Dans un anachronisme total, les traits de la momie sont ceux de la momie du pharaon Séthi 1er dont la tombe fut découverte par l'Italien Belzoni (1817)
Une affiche de film sur LA MOMIE avec Boris Karloff
Une affiche de film sur LA MOMIE avec Boris Karloff