EXPO FESTIVAL D’ARTS PLASTIQUES PARNASSIUM

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Depuis quelques années, depuis sans doute que les galeries sont de moins en moins engagées et de plus en plus mercantiles, les lieux les plus divers sont dénichés par les artistes eux-mêmes, pour proposer leurs œuvres et celles de leurs confrères, peintres et –ou- sculpteurs. Tel a été, à l’automne 2005, le cas de l’exposition de sept d’entre eux, qui s’est déroulée dans la salle polyvalente de la résidence Parnassium où habite Yuksel Tellioglu. Diverses, les œuvres permettaient au public venu nombreux d’apprécier dans leur quartier une exposition de qualité. 

 

          Déjà présentés ensemble (à l’Espace Lucrèce, à Paris) Petra et Michel Smolec formaient un tandem très lourdement psychologique. La première, parce que son œuvre n’est qu’un long cri douloureux, une image à la fois lucide et impitoyable de la condition humaine. Où la couleur passée en mouvements violents et arythmiques, sur des aplats délimités par d’épaisses couches de matière souligne les corps souffrants parvenus aux frontières de la mort. Le second parce qu’il a amorcé avec la terre une relation très passionnelle : petites sculptures fort originales, monochromes, à la fois bouleversantes et provocatrices ; frondeuses, raisonneuses aussi ; un peu militantes, sous leurs airs innocents et leur bon sens populaire ; répondant en tout cas à l’urgence, au besoin d’être narratif, à la nécessité de rattacher SES œuvres à SA réalité. 

          Venaient ensuite les peintures/collages de dentelles, d’Irène Dominguez, d’origine chilienne. Œuvres à la fois naïves et primesautières, petits personnages enlacés pour un tango sur fond de fleurs ou d’arbres stylisés, en lévitation à la manière de Chagall, se bécotant gentiment derrière un arbre, chastement allongés… Avec, parfois, un tantinet de tendresse nostalgique devant un oiseau blessé… Le tout dans de belles couleurs douces et romantiques. 

          Yuksel qui, dans le monde artistique ne conserve que son prénom, proposait « des lampes », mot bien terre à terre pour désigner les jeux de minuscules lumières sur socles de bois, clignotant en polychromies et harmonies cinétiques. Oeuvres originales, minutieuses et sophistiquées.

 

          François Rétali a longtemps dénoncé la société de consommation à coups de frigos enchevêtrés d’objets domestiques. Il est aujourd’hui revenu à la Terre en danger qu’il représente sous forme de surprenantes plaques oxydées, perforées à coups de chevrotines, derrière lesquelles des néons de couleurs bleues élèvent la vue vers des ciels inattendus, et des rouges qui l’emmènent vers de sulfureux magmas incandescents.

          Présentés dans un même espace, François Clouart et Alain Dakkis formaient un sidérant contraste. Le premier, avec ses Ganesh ludiques « se retirant une épine du pied », « écrivant le Mahabarata », « sautant à la corde », « jouant au ballon »… se voulait avec humour dénonciateur d’un symbole qui, en Inde, a perdu tout caractère de religion ou de philosophie pour devenir partout signe ostentatoire. Le second qui, dans sa volonté d'associer animal, végétal et humain par un lien intime entre forme et matière, proposait des sculptures très statiques, tantôt presque réalistes, tantôt annelées générant toujours un minuscule personnage. 

 

Une belle exposition. Une expérience à renouveler l’an prochain !

Jeanine RIVAIS

 

 

CE TEXTE A ETE PUBLIE DANS LE N°54 DU SECOND TRIMESTRE 2005 DE LA REVUE DE LA CRITIQUE PARISIENNE.