Le peintre Héritier-Marrida qui a quitté pour quelques jours son atelier de Casapieraggi sur la route d'Aléria, a accroché ses toiles au syndicat d'initiative de Saint-Florent inspire un critique d'art parisien.

          En vacances dans la région, Mme Jeanine Rivais, critique d'art aux " Cahiers de la peinture" à Paris, a été inspirée par cette exposition et par la personnalité du peintre. Voici ce qu'elle en dit :

          "Dans le gris du panorama pictural actuel, il convient de saluer tout artiste ayant en lui suffisamment de talent et de joie de vivre pour créer des œuvres hautes en couleurs ! Saluons donc Marcel Héritier-Marrida qui, d'exposition en exposition présente de telles œuvres sur les cimaises des galeries qui l'invitent".  

          "Parti de créations où la ligne noire était prédominante, cet artiste a su se libérer de son académisme, se dégager des influences évidentes dans son œuvre naissante (Matisse, Cézanne, Bernard Buffet...). Peu à peu le cerne a cessé de "commander" le dessin, il s'est mis "au service" de la composition. Et la couleur a commencé à s'imposer. Actuellement, nous nous trouvons en face d'un ensemble d'œuvres où les jaunes et les bleus sont les dominantes. L'artiste les a apprivoisés, a appris à les faire cohabiter ; en travaillant tantôt avec une brosse très chargée ; tantôt avec un pinceau presque sec. Le contraste entre ces effets de matière et les passages où apparaît la trame de la toile crée les vibrations du tableau, chaque nuance captant différemment la lumière. 

 

          Est-il toujours midi… ?

 

          Marcel Héritier-Marrida a-t-il été inspiré par la luminosité de la Corse où il réside ? Si les "natures mortes" sont encore un peu timides -bien que l'apport d'une fenêtre ou d'un "tableau dans le tableau" destiné à créer la disruption témoigne du même souci- en revanche, ce jeu avec la couleur est particulièrement sensible dans les paysages où il excelle. 

          Plutôt que "paysages" conviendraient : "points à l'horizon", "lieux lointains", flashes visuels" sur lesquels tombe l'oeil de l'artiste, à l'heure où la lumière est la plus violente, les contrastes les plus crus, coin de citadelle, partie d village, courbe de rivière, etc. Est-il toujours midi au cadran de Marcel Héritier-Marrida ? 

 

          Un festival de luminosités

 

          Si vous voulez profiter, au maximum de ce festival de luminosités, placez-vous assez loin de l'œuvre, au point où la technique évoquée plus haut ne vous sera plus apparente ; vous verrez alors jouer, rien que pour vous, toute la lumière créée par ce peintre aussi généreux dans son travail qu'envers ses amis".

          "Souhaitons à Marcel Héritier-Marrida qui, depuis longtemps exporte ses œuvres sur le continent, au Japon, aux USA, etc., un public capable d'entendre le chant interminable des cigales, dans chacune de ses compositions ! 

Jeanine RIVAIS

 

CE TEXTE A ETE PUBLIE DANS LE N° DU VENDREDI 20 AOUT 1995, DES QUOTIDIENS NICE MATIN / CORSE MATIN.