UNE DOSE DE GUERRE FROIDE, UN TANTINET D'HISTOIRE, UNE INIMAGINABLE INTRIGUE

L'ETOILE D'ORION

D'AYMERIC JANIER

"Spectre"

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          Un lecteur cherche-t-il un roman original, un thriller d'espionnage prolifique et palpitant, froid dans sa démonstration et dénué d'empathie ; et, dans cette période où trop d'ouvrages sont bricolés, une histoire documentée, permettant d'avoir entre les mains un livre parfaitement écrit en un langage riche... : qu'il achète "L'Etoile d'Orion" d'Aymeric Janier.  

     Avant même d'avoir ouvert le livre, il sera surpris par la couverture qui ressemble à celles de ces vieux documents découverts dans les greniers après bien des années. Elle semble avoir servi longtemps, ce qui lui donne le charme particulier des ouvrages aimés mille fois repris. La surprise viendra aussi de cet étrange écusson qu'en franglais il faut appeler "snapshot", représentant l'aigle soviétique aux ailes étalées, le corps figurant le monde, les pattes proposant la faucille et le marteau ! Pourtant, intuitivement, ce lecteur pensait que l'histoire se déroulait en Amérique ?

     Oui, et non ! Et il lui faut, avant de se lancer, résoudre l'énigme de ce mot SPECTRE qui figure également sur la couverture. Il apprend alors que "derrière cet acronyme se cache une organisation aussi redoutable que mystérieuse, née sur le sol américain, en réaction à "l'incident du 20 janvier 1986" (¹). Ses agents, recrutés dans le plus grand secret, au terme d'une sélection draconienne, lui sont inféodés corps et âme. Sous couvert d'éliminer les menaces extérieures, l'organisation, tentaculaire, nourrit en réalité un tout autre dessein.

          Face à ce monstre aux multiples visages va se dresser un improbable trio. Trois individus (auxquels s'ajoutera tardivement une quatrième), pris dans une toile mondiale et qui vont se débattre pour faire éclater la vérité, au péril de leur vie".

   Et puis, techniquement, dès l'ouverture, ajoutant à son originalité, ce livre est épisodiquement agrémenté de petits clichés carrés piquetés de minuscules points noirs parfois espacés, au centre desquels se retrouve la fameuse aigle russe. La légende dit qu'ils contiennent des informations confidentielles, réservées aux agents et obtenues en suivant un certain QR code. Ne manquez pas de les consulter, mais inutile de paniquer ! L'analyse géopolitique proposée par ce thriller d'espionnage peut être sillonnée sans percer le(s) mystères(s)  de ces petites vidéos !

 

L'intrigue se met en place

 

Voilà donc l'ouvrage dûment exploré. Le lecteur plonge de plain-pied dans l'histoire : une rencontre à Gardez, est de l'Afghanistan, en août 1985, entre des militaires soviétiques. Le colonel Alexeï Koulikov (qui sera l'un des principaux protagonistes de l'aventure) est convoqué dans le bureau du général Anton Kamarov pour lui rendre compte de la situation dans le pays. A ses côtés sont présents le général Souslov ministre de la Défense, Evgueni Aksakov Président du Presidium du Soviet suprême, et Vassili Andreïev patron du KGB. Ambiance morose, nerveuse, colères rentrées. A leurs questions, Alexeï est contraint de prendre tous les risques (cette réunion est à l'image de ce qui se passe alors en URSS) et de déclarer, malgré leur incrédulité, que la Russie est au bout de ses possibilités dans le pays ; qu'en raison de l'apport grandissant des Etats-Unis en armes et influence militaire, et la façon irrationnelle dont les moudjahidine conçoivent la guerre, la lutte risque de s'embourber pendant des années. Malgré l'indignation des militaires présents, il plaide ainsi : "Camarade général, je vous en prie, retirez vos troupes. Vous n'avez rien à gagner à rester ici. Voulez-vous voir votre nom traîné à jamais dans la boue". Menacé de passer en cour martiale, il remet un mémoire à son général et quitte la pièce.

 

Printemps 1988  : La brillantissime journaliste Phyllis Danbury, intelligente, dégageant un irrésistible charme magnétique, parlant cinq langues dont l'arabe et le russe, destinée apparemment à recevoir le Prix Pulitzer, entre dans le bureau de son rédacteur en chef. Lequel après un échange de courtoisie, s'enquiert de la connaissance qu'elle peut avoir de l'Afghanistan, car il a l'intention de l'envoyer à Genève, avec mission d'organiser une interview avec l'une des personnalités russes.

  Pourquoi Genève ? Le rédacteur lui montre un article de l'AFP : Moscou lundi 4 avril 1988 : "L'URSS s'engage à un retrait définitif de ses troupes en Afghanistan".

         S'ensuit une déclaration solennelle formalisant l'accord de retrait qui sera signé à Genève le 14 avril, sous l'égide des Nations Unies, en présence de représentants du Pakistan et des États-Unis ; Gorbatchev reconnaissant que "cette campagne militaire longue de huit ans avait été une erreur". Phyllis organise donc son voyage au cours duquel elle se trouve à côté d'une jeune femme qui s'avère être Mrs Yaëlle Lieberman, mondialement célèbre et la plus importante fortune des Etats-Unis. Lorsqu'elles se séparent à Zurich, Mrs Lieberman l'invite à lui rendre visite et Phyllis poursuit son voyage jusqu'à Genève.

 

   Dans le même temps, un homme a été enlevé et est soumis aux pires tortures dans un lieu inconnu. C'est Aaron Snyder, "vingt-sept ans...Etudes supérieures à Yale, Formation militaire à West Point et à l'Académie navale d'Annapolis, première mission officielle à l'étranger en avril 1986, en Libye".  Au bout de plusieurs jours horribles, épuisé, mais décidé à tenir coûte que coûte, il se retrouve à bord d'un hélicoptère. A l'arrivée à cette destination inconnue, un major général  James Lightoller se présente et l'emmène jusqu'à un "curieux endroit. A quoi peut-il bien servir ? A des expériences scientifiques peu avouables, à des programmes militaires de grande envergure, à des missions de renseignement ?". Conduit dans le bureau d'un dénommé Lemnitzer, il apprend qu'"il n'est pas ici par hasard", mais qu'ayant magistralement résisté à la torture, il se voit confier "une mission de la plus haute importance". Mission qui l'emmènera sous le nom d'emprunt Nathaniel Krantz, à Islamabad, au Pakistan. Là, il devra localiser Sayyid Amir Khan, gourou local d'un groupe d'Islamistes les plus intégristes qui, par l'influence dont il jouit, empêche l'Amérique de "faire barrage aux Soviétiques". Aucune possibilité de refuser, aucune chance de ne pas mener à bien sa mission. Il jouira de la plus grande liberté d'action, mais sera sous la supervision du lieutenant-colonel Rachel Grant... Il apprend qu'il est dans un lieu secret d'où partent tous les protagonistes chargés d'une ou l'autre mission ; que celle du Pakistan est baptisée "Unité-Etoile d'Orion", que son nom de code sera "Orion'.

          Aaron Snyder vient de faire connaissance avec SPECTRE ! Il va bientôt participer à l'action de SPECTRE au Pakistan.

 

Un scénario inventif qui mêle fiction et réalité

 

Dès lors, le lecteur va être surpris et séduit par un scénario mêlant fiction et réalité car il regorge d'informations géopolitiques vérifiables des années 70-80 qui lui permettent de situer dans le temps et géographiquement les événements. D'autant qu'il y verra la naissance de ces fanatismes religieux qui déstabilisent tellement notre époque contemporaine.

 

          A Genève, arrive le jour de la signature URSS-Afghanistan. 

         Phyllis Danbury s'y trouve, avide de dénicher "le" Russe à qui son savoir-faire pourra arracher quelques secrets concernant les événements qui se sont déroulés en Afghanistan et ont amené la Russie à se dégager de cette guerre. Alexeï Koulikov est présent, également, habillé en civil parce qu'il a été dégradé dans son pays pour défaitisme, et chassé de l'armée. Il est séduisant, il semble accessible, ce sera lui ! 

         Rentrant d'un dîner avec Alexeï, Phyllis apprend que sa compagne de voyage vient d'être assassinée et horriblement mutilée. Se rendant au commissariat de Zurich puis sur place, elle "sait" immédiatement qu'il ne s'agit pas d'un véritable assassinat islamique : déchiffrant subrepticement les graffiti arabes incrustés dans le corps de la victime, elle a lu "Guettez les neuf signes" et la signature "Le sabre noir" assorti d'un nombre "6931". Réfugiée pendant des heures dans une bibliothèque, elle finit par trouver ce qu'elle cherchait, que le hadith authentique porte bien le numéro 6931 mais qu'il y est écrit : "L'Heure ne viendra que lorsque vous verrez dix signes". Son téléphone est-il sur écoute ? A-t-elle été dénoncée par le bibliothécaire sur la nature de ses recherches ? Sachant la vérité sur cet assassinat, est-elle devenue un danger ? Toujours est-il qu'elle n'échappe que grâce à sa réactivité à un attentat perpétré par deux hommes ; à la suite de quoi, l'inspecteur suisse Duvanel l'emmène dans un lieu secret, accompagnée d'Alexeï qu'elle a exigé de conserver près d'elle. 

         Réfugiés dans un motel situé au fin fond du monde, chacun résume pour l'autre ce qu'il sait et les possibilités qui s'offrent : Aux questionnements de Phyllis, Alexeï lui parle d'une "faction d'islamistes pakistanais particulièrement violents. D'anciens militaires qui ont fui l'armée régulière... Nos équipes de renseignements (russes, donc) les surveillent à distance... Leur chef, Sayyid Amir Khan est un ancien membre de l'ISI" (²). Ce qui concorde avec les découvertes de Phyllis : "Des islamistes fanatisés d'un côté, le gouvernement américain de l'autre, prêt à tout pour les éliminer ; quitte à compromettre jusqu'à la lie son intégrité morale"…

         Phyllis réfléchissant en journaliste, Alexeï qui a longtemps fait partie du renseignement évoquant son "expérience afghane", cet échange les conduit à la décision de "suivre la piste jusqu'au bout" et d'aller au Pakistan.

         Mais ils ont été suivis ; Sans un bruit, l'assassin a abattu les gardes et tué une inspectrice chargée de les protéger. Tous deux échapperont à la mort grâce au surentraînement d'Alexeï, mais il lui aura fallu parvenir à tuer l'assassin. L'inspecteur Duvanel arrivé sur les lieux reconnaît un homme qui s'était présenté à son bureau comme appartenant à la CIA, ce qui l'avait rassuré ; et Phyllis le reconnaît comme l'un de ses deux agresseurs. Cette situation implique donc "que l'agence américaine a planifié et conduit plusieurs opérations sur le territoire suisse". 

         Malgré bien des réticences, car il pense que Phyllis sera là-bas en grand danger, et que le Pakistan n'est peut-être pas le lieu idéal pour Alexeï, Duvanel les conduit à l'aéroport, et fait affréter pour eux un avion spécial.

 

         Islamabad, deux semaines plus tard

 

          Phyllis et Alexeï, descendus, par nécessité de discrétion, dans un hôtel médiocre d'Islamabad, tentent par tous les moyens de suivre les événements. 

       Rachel Grant et ses satellites, ainsi qu'Aaron alias Nathaniel Krantz, sont installés dans le luxueux hôtel Muhammad Ali Jinnah. Lors d'une conférence, il a été présenté à l'ambassadeur Walter Dellinger, et au très rébarbatif Bilal Kayani, ministre pakistanais de la Défense. En quelques jours, ayant troqué son costume seyant "contre un kameez brun très couleur locale, ayant laissé pousser sa barbe et changé de coupe de cheveux", il a subi une "métamorphose spectaculaire". Sa réussite est à ce prix ! 

         Aaron a reçu de l'Agence le nom d'un libraire pakistanais chargé de servir d'entremetteur. Ibrahim est "bon musulman, priant cinq fois par jour et fréquentant avec assiduité la Mosquée rouge". Même s'il a, pour des raisons financières, accepté de pactiser avec les Américains, Ibrahim est très réticent et lui prodigue de nombreuses mises en garde. Néanmoins, il le met en contact avec l'Imam Haminullah, chef des intégristes, et de toute son âme, attaché à Sayyid Amir Khan. Aaron déclare vouloir se convertir à la religion islamique. D'emblée, le discours fanatique de l'Imam le convainc que sa vie ne tient qu'à un fil, et pour prouver sa bonne foi, il lui faut égorger un supposé "être impur" qui a été fait prisonnier ! Fort de l'accomplissement de ce geste terrifiant, Aaron s'enquiert de Sayyid Amir Khan, mais l'Imam lui répond froidement qu'il n'est pas là et lui déclare qu'il devra accomplir une autre mission très difficile avant d'être admis auprès du Cheik.

 

    A quelques jours de là, n'en pouvant plus d'être enfermée dans la chambre d'hôtel, Phyllis décide de sortir visiter la ville. Malgré les réticences d'Alexeï, elle part. Découvrant les beautés de l'architecture, elle se retrouve bientôt à admirer "les formes élancées des quatre minarets de la mosquée Faisal". Consciente que s'il devait lui arriver quelque chose, et harassée par la longue promenade dans la chaleur, elle s'apprête à arrêter un taxi, lorsqu'un van blanc s'arrête à sa hauteur, un individu en sort qui l'entraîne bien qu'elle se défende de toutes ses forces. Presque résignée, elle sent tout à coup que l'étau se desserre et que l'individu qui la tenait tombe au sol. Les autres s'enfuient. Elle réalise alors qu'elle vient d'être sauvée par "un homme grand et athlétique, penché sur elle avec bienveillance, portant un kameez de couleur marron". Qui l'entraîne hors de ce quartier dangereux.

      Les présentations faites, son sauveur lui demande ce qu'elle fait à Islamabad ? Mais il n'est pas dupe des prétextes qu'elle lui fournit, et finalement, elle avoue être journaliste et l'invite à l'accompagner à l'hôtel. Là, malgré la réprobation d'Alexeï, ayant appris qu'Aaron travaille à l'ambassade des Etats-Unis, elle lui décrit point par point les détails de leur aventure. Sceptique, celui-ci a du mal à croire que leur pays ait pu fomenter la mort de Yaëlle Lieberman, l'assassinat de Phyllis et celui d'Alexeï, citoyen soviétique ! Décidément, la théorie du complot lui paraît irréaliste ; le désir de créer une diversion pour faire accuser une faction qui l'empêche de conquérir le monde, lui semble fallacieuse ! Mais la découverte fortuite sur la page d'un journal posé sur la table et annonçant que l'ambassadeur américain vient d'être égorgé à Caracas, le sidère. Il promet de voir ce qu'il peut faire et quitte le couple.

 

     Dans le même temps, s'ouvre à Plymouth (Massachusetts), une manifestation tout à fait hors-normes : celle de l'équipe de choc de SPECTRE qui n'a pu se réunir depuis le lancement du projet "Unité-Etoile d'Orion. Chaque convive est placé à table en fonction de son rang hiérarchique. Le numéro un, "Alpha", interroge les participants et apprend que "pour l'heure, tout va bien. La majorité des gouvernements de la planète (les) soutiennent après la vague de meurtres qui a frappé (leurs) ressortissants ces dernières années". Mais à la question de l'un d'eux concernant le Pakistan, il faut admettre qu'il "est vrai que le gouvernement pakistanais oppose une certaine réticence et qu'il se refuse à éliminer les islamistes". Autre souci, il paraît qu'"une journaliste américaine nourrit des soupçons à (leur) propos". Que leur envoyé supposé éliminer la gêneuse a été tué en Suisse, et que depuis, personne ne sait où elle se trouve ! Une affirmation, en réponse à la question d'un curieux : "Oui, le Président est satisfait du déroulement des événements". Et même, il a déclaré : "Jusqu'ici, le Pakistan a su se protéger et relever les défis auxquels il était confronté… (Et) ce n'est pas une poignée de rebelles qui va nous effrayer".

         Il faut trouver une solution pour gagner la confiance du Pakistan : A la Maison blanche, sous l'égide du président Foster, plusieurs conseillers dont Alpha vont la peaufiner : Une vingtaine de soldats d'élite de la Navy Seal, munis de l'équipement le plus sophistiqué, s'envoleront à bord d'un Black Hawk dernier cri, stationné en Afghanistan, pour l'"opération Epée maléfique". Leur mission : éliminer à l'arme blanche pour éviter tout bruit, un groupe de soldats de l'ISI stationnés dans un village non loin de Kaboul. Aucun bruit. Aucune trace. Aucune preuve. Par ailleurs, il faut éliminer l'ambassadeur Dillinger soupçonné de commencer à "avoir des états d'âme". Eliminer enfin le libraire, après lui avoir extorqué le maximum d'informations.  Missions accomplies ! Le gouvernement pakistanais, persuadé que ces meurtres ont été conçus par des islamistes, accepte un rapprochement avec Washington.

 

   Apprenant toutes ces nouvelles, Aaron ne peut plus supporter l'idée d'être complice des crimes perpétrés au nom de son pays, d'autant qu'une convocation de Rachel Grant l'effraie terriblement, où elle le met au pied du mur pour exterminer au plus vite Sayyid Amir Khan. Et pour faire bonne mesure il devra se débarrasser d'une journaliste américaine que l'on vient de repérer et qui "fourre son nez partout" ! 

         Phyllis et Alexeï à qui il a expliqué l'action de SPECTRE et Aaron décident qu'il leur faut, dans le plus grand secret, quitter le pays, via la Turquie. Et de là, gagner les Etats-Unis pour faire connaître les dossiers "compromettants" de l'ambassadeur qu'Aaron a pu se procurer. Révéler au grand jour l'ignominie de SPECTRE.

Après avoir découvert le départ d'Aaron, et empoisonné ses deux sbires coupables de n'avoir pas pu empêcher sa fuite, Rachel Grant fait le nécessaire pour que tous les ports, aéroports, etc. soient surveillés, afin de s'emparer des trois fugitifs.

 

 Lesquels sont déjà sur le sol américain. Au cours des jours suivants, le père d'Aaron est "suicidé", mais sa mère a reçu par courrier les documents qu'il a eu le temps d'extraire des archives, et les a remis à un ami de confiance à qui Aaron a tout raconté. Au cours d'une bagarre homérique où Aaron et Joanne Goldwin (membre éminent de SPECTRE qu'elle a décidé de quitter), parviennent à éliminer quatre tueurs de l'Organisation.

         Les trois héros de l'histoire qui sont maintenant quatre, se rendent au New York Times. Là, Phyllis épuisée, trouve malgré tout l'énergie de raconter tout ce qu'elle sait, documents à l'appui. L'édition du lendemain soulève un véritable tsunami. L'Organisation est dissoute, des têtes tombent, les membres principaux sont emprisonnés. D'autres sont en fuite. Le président Foster s'indigne à l'idée du danger auquel son pays vient d'échapper !!

   

         Et après ? 

 

     Aaron Snyder épouse Jeanne Goldwin. Phyllis épouse Alexeï, tout heureux, lui le Rouge de naguère, de découvrir ce qu'est la démocratie occidentale !

"Happy end", alors ? Que le lecteur n'en croie rien ! Sur le chemin du bureau, Aaron est agressé en pleine rue, en plein jour, par un islamiste et ne doit qu'à sa vitesse de réaction de le mettre sur le bitume, et le livrer à la police. Il sait désormais, que sa famille et ses amis sont menacés.

       Et puis, pendant tout ce temps, Sayyid Amir Khan, comprenant que le gouvernement pakistanais était en train de s'inféoder aux Américains, a réuni ses fidèles fanatisés, et les a dispersés à travers le monde.

         Subséquemment, quand arrive le mot fin, le lecteur se retrouve à une date qu'il n'oubliera plus :  Le 11 septembre.

 

Conclusion

 

"L'Etoile d'Orion" est-il un livre politique ? 

Oui et non ! 

Oui pour les raisons alléguées plus haut, évoquant des faits réels parfaitement intégrés à l'histoire, mais vérifiables par tout amateur de géopolitique.

Non, du fait que nombre d'autres événements ont été créés par l'imagination d'Aymeric Janier, lequel signe ce premier roman d'une plume fine, précise, parfaitement documentée ; parfois tellement réaliste lors des séances de torture, par exemple, que le lecteur se sent bouleversé, et passe par toutes les émotions. 

Non, du fait que les personnages sont incroyablement dévoués à leur pays, héroïsés certes, mais tellement attachants : dans ce livre, pas de demi-mesure : les méchants sont vraiment méchants, et les bons sont exemplaires ! 

Non, du fait que ces personnages sont pris dans un engrenage maléfique, diabolique, et que l'intrigue, imprévisible, est maintenue jusqu'à la fin. 

Non, parce que le danger rôde de tous côtés, que les indices écrasants s'accumulent, que les protagonistes (les méchants comme les bons) sont pris par le temps et que le lecteur se demande jusqu'au bout si trois (quatre) individus que rien ne prédisposait à œuvrer ensemble parviendront à faire éclater la vérité ? 

    

         "L'Etoile d'Orion" est donc bien l'un des meilleurs polars de ce début de siècle, un thriller d'espionnage passionnant et rythmé, maîtrisé, déroutant. 

A lire absolument !!!

Jeanine RIVAIS

 

« L'ETOILE D'ORION »"Spectre » d'Aymeric Janier. 504 pages. Editeur : Beta Publisher. 18,50 euros.

 

         (¹) Pourquoi l'organisation SPECTRE a-t-elle été mise en place ? Quels en sont les protagonistes ? Dans quels buts réels ? Tout semble tourner autour d'un événement appelé "l'incident du 20 janvier 1986" où un pasteur avait été assassiné sauvagement par un fondamentaliste musulman sur le sol américain. En quoi ce crime peut-il être lié à ce qui ressemble à un complot international ?

         Le monde, en 1988, est disputé par deux superpuissances, l'URSS et les Etats-Unis... Cet assassinat est le prétexte à une guerre larvée à travers le monde.

         (²) ISI : Inter Intelligence Service : l'ISI est la plus importante et la plus puissante des trois branches des services de renseignements du Pakistan. Elle est officiellement dépendante des forces armées du Pakistan. Elle fut fondée en 1948. Sa devise est : "Foi, Unité, Discipline". L'ISI joue un rôle politique très important au Pakistan, au point que certains journalistes le qualifient de véritable "État dans l'État". Ses relations ambiguës avec certains groupes islamistes armés font également polémique, ainsi que sa politique parfois contraire à celle du gouvernement pakistanais.

 

CE TEXTE A ETE PUBLIE DANS LE N°84 DE DECEMBRE 2020 DE LA REVUE DE LA CRITIQUE PARISIENNE