Au club de lecture de l'été 2004, je vous avais présenté, paru dans la revue de juin, l'ouvrage d’Alfredo Bryce-Echenique, "Guide triste de Paris". Paris à propos duquel, l’auteur citait en exergue une phrase de Nicolas de Chamfort (¹) : " Paris, ville d’amusements, de plaisirs, etc., où les quatre cinquièmes des habitants meurent de chagrin". Quatorze nouvelles au cours desquelles Alfredo Bryce-Echenique traçait une magnifique galerie de portraits, un inventaire un peu désabusé des heurs et malheurs de jeunes exilés latino-américains, attirés par "La Ville Lumière". Débarquant à la fin des années 60, dans le Paris de Truffaut, de la Sorbonne en ébullition, des ponts de la Seine témoins de tant d’amours brèves, de la terrasse du Flore où venaient encore parfois Sartre et Simone de Beauvoir; des gens frais émoulus de leur Pérou, prêts à participer à la "fête dans cette ville faite, dans leur esprit, pour aimer, pour rire, se livrer à d’interminables beuveries"… Bref, une saga de personnages tous hors normes, marginaux, artistes, vagabonds dans l’âme. Vite désenchantés.

Onze ans plus tard, je viens de découvrir l'ouvrage de Pierre Chazal qui met en scène trois jeunes gens, deux garçons à peine trentenaires, et une jeune fille de dix-huit ans, tous trois parisiens et mal dans leur peau. Leur vision de Paris est-elle très différente de celle des héros de Bryce-Echenique ? Il y a sans doute beaucoup plus de stress et de cynisme dans "Les buveurs de lune" que dans "Guide triste", mais la désillusion est bien la même!  

 

          La biographie de Pierre Chazal est courte, puisque qu'il n'en est qu'à son deuxième livre. Il est né en 1977, Il a étudié et vécu à Lille, puis en Angleterre, avant de revenir s'installer à Paris. Il y enseigne le français langue étrangère.

En 2013, "MARCUS", son premier roman, a reçu le Prix René Fallet. Il a été traduit en allemand et en italien.

Dans "Marcus", Pierre Chazal mettait en scène Pierrot qui a accepté avec réticence de s'occuper de Marcus que lui a confié sa mère avant de se suicider. Il n'a finalement accepté que parce que sa bande a proposé de l'aider. Voilà Pierrot prêt à croire au bonheur, même si son père n'avait su lui donner que des coups. Mais la vie est là, qui le conduira derrière les barreaux d'où il écrit à Marcus pour libérer sa conscience. Un ouvrage, donc, qui donnait la parole à de petites gens, dans un Nord peu accueillant et un milieu difficile. Un récit saisissant, aux personnages drôles, touchants ou violents de la saga des anonymes. 

 

 

LES BUVEURS DE LUNE est donc une seconde histoire d'amour et d'amitié, sur fond de crise existentielle et d'errances urbaines. 

Deux éléments ont pu vous surprendre en découvrant ce livre :

**** La couverture, qui propose en avant-plan gauche un personnage androgyne ; et en arrière-plan droit un garçon à visage juvénile. La composition de l'ensemble, et l'aspect des deux héros suggérant qu'il pourrait s'agir d'un ouvrage "pour" les jeunes. Ce qui serait une grave erreur. 

**** Le second sujet d'étonnement est le titre : J'ai cherché en tous sens quelle pouvait être la meilleure définition de l'expression "Les Buveurs de lune" ? Mais, hormis des noms de restaurants, des citations, quelques poèmes ainsi intitulés, un opéra, un spectacle musical… je n'ai rien trouvé. Si ce n'est que toutes mes recherches me ramenaient à la définition du mot "oxymore" ! 

Un oxymore rapproche deux termes que le sens devrait éloigner, comme par exemple, "un silence éloquent", "une obscure clarté", "Hâte-toi lentement"… L'oxymore permet de décrire une situation ou un personnage de manière inattendue, suscitant ainsi la surprise. Il exprime ce qui est inconcevable. Il crée donc une nouvelle réalité poétique. Il rend compte aussi de l'absurde. Un véritable oxymore doit être créatif, ou poétique afin de provoquer un effet stylistique surprenant.

"Rapprochement de deux mots que tout oppose", il y avait là la confirmation que le mot "Buveurs" impliquait des personnages d'un quotidien banal, viveur et terre à terre ; par rapport à "Lune" qui, plus poétique, suggérerait des individus inadaptés à leur milieu, en quête de l'impossible, "vivant" moralement et intellectuellement ailleurs. "Dans la lune", par exemple ! Ce qui est le cas des trois personnages autour desquels se déroule notre histoire. 

 

Le livre commence par un long "PROLOGUE", au cours duquel Balthazar cherche son aîné, son frère Stan, à travers Paris. Au cours de ses pérégrinations, il "parle" à son frère, en une sorte de soliloque ininterrompu, disant "tu". Mais parfois ce "tu" s'adresse à lui-même. Il passe tour à tour devant divers monuments de Paris, et parvient "au grand cirque de la République", affirmant : " Si c'est là que tu avais choisi de m'attendre, je préfère encore te savoir écrasé… Et d'ailleurs, dans cet enfer urbain… ce tas de zombies qu'on nomme les Parisiens ne le sont-(ils) pas déjà tous" ? 

Ayant continué son périple, il parvient au square Joël Le Tac. Et là, se produit une scène dont j'ai été incapable de dire s'il s'agissait de lui ou de son frère qu'il aurait enfin retrouvé ? En effet, un enfant vient de s'écrier : "Maman viens voir… Il y a un garçon bizarre, là-bas". Et –pour moi-, Balthazar voit Stan, un pistolet à la main, mitraillant les pigeons avoisinants. Nul doute que la dame a appelé la police, car trois gendarmes arrivent et retirent le pistolet à Stan (qui, à la suite de cette scène serait enfermé en hôpital psychiatrique) ou à Balthazar puisque celui-ci se retrouve à l'hôpital Bichat, pour cause d'éthylisme ? 

          Ce style évasif se retrouvera à plusieurs reprises au long de l'ouvrage. Et le lecteur devra admettre qu'il ne peut tout comprendre, qu'il doit se contenter parfois de choses laissées en suspens, de certaines invraisemblances de l'intrigue. Le passage évoqué à l'instant en est un exemple : Pourquoi, très exactement, Stan est-il enfermé, alors que ne sera évoquée qu'une bagarre où "il a fracassé un gars avec sa guitare" à la sortie d'un concert ? Est-il déjà enfermé lorsque commence le livre, et Balthazar ne le cherche-t-il que par nostalgie et terrible solitude ? Ou bien ne l'est-il qu'après la scène du square, puisque le second chapitre, intitulé "LITTLE STAN" commence par "Ainsi était-elle là, ta planque de vieux filou. Un petit square rachitique niché à flanc de colline, que les passants ignorent et les promeneurs contournent… Et devant la grille… le gamin au bonnet rouge empoigné par sa mère…". Ces deux-là partis, plus rien pour t'empêcher de reprendre ton jeu de massacre…" ? Mais lorsque les médecins ont terminé leurs examens, lorsque l'infirmier demande aux policiers pourquoi ils ont arrêté Balthazar, l'un d'eux répond : "Il mitraillait des pigeons à la sortie des écoles" ! Et c'est bien lui qui sortira du commissariat en chaussettes, et reprendra son errance dans Paris.

          De même y a-t-il toujours un décalage, lorsque les jeunes parlent en verlan (j'ai gépi) ; et un moment de supputations lorsque François, le petit frère de Sarah, est sûr d'avoir vu un fantôme dans la chambre de celle-ci, mais que, soulevé par sa mère pour regarder dans la mansarde, il ne voit personne… et que le lecteur apprendra ultérieurement que Balthazar vient d'y passer un mois dans une solitude absolue ! 

 

          Dès le début, l'auteur affirme l'extrême osmose existant entre les deux frères. Mais c'est Balthazar que le lecteur va découvrir, passé et présent : sa rupture avec Mélanie ; son métier d'ingénieur qu'il n'exerce pas ; sa passion pour le violoncelle dont il joue à la perfection et pour la musique qu'il partageait jusque-là avec son frère. Son chagrin de la mort de leur père, si fort que ni lui ni Stan n'acceptent Gaston le nouveau compagnon de leur mère psychanalyste, dont, par voie de conséquence, tous deux se sont éloignés. Une scène violente témoigne de cet éloignement : "On ne te demande rien, nous". _Non, bien sûr. Vous ne demandez rien. Je vous ai torchés. Je vous ai soignés. Je vous ai mis à l'école. Maintenant, je peux crever tout le monde s'en fout ! Le monde merveilleux des femmes de cinquante berges : lâchez la grappe à vos gosses, allez pleurer votre mari au cimetière, avec un peu de chance Dieu se rappellera de vous…" _Ca va, arrête ton refrain…"

          Ce chapitre "LITTLE STAN" marque la nouvelle errance de Balthazar, jusqu'au moment où il revient à l'appartement que lui a prêté Philippe, dit "Fil". Lequel est revenu du Soudan où il était en mission humanitaire, plus tôt que prévu parce qu'il a été "viré" pour avoir "dealé de l'herbe en sous-main pour la communauté d'expat(trié)s". Et, désormais avec Fil, Balthazar erre, boit, se drogue, etc. Jusqu'au jour où Fil ayant rencontré une jeune femme, lui dit : "Balt, j'arrête un peu. Tu ferais bien de faire pareil". Et se disputent alors en lui, le désir de demander pardon à sa mère avec qui il a eu une nouvelle gravissime dispute, l'accusant d'avoir enfermé Stan. Nouvelle phase de solitude puisque Fil n'est plus "disponible". "Les mains dans les poches, tu zones dans les rues. Et sans doute, te dis-tu que tout a changé, que tu n'y es pour rien, que "L'enfer, c'est les autres" (²)… A force de confondre la Lune et le Soleil, il arrive qu'on en perde la ligne d'horizon et qu'on bascule, un beau jour, de la lumière à la nuit". 

          Un soir, alors qu'il est au Blue Note, un cabaret de jazz, Balthazar retrouve des musiciens avec qui il a joué naguère et qui l'invitent à jouer avec eux, recréant un lien social qu'il avait coupé depuis longtemps. Et puis, Fil voulant récupérer son appartement, il décide de revenir vivre chez sa mère, même si la cohabitation avec son beau-père risque de n'être pas évidente ! Malgré tout, Paris de nouveau et la solitude. Jusqu'au moment où un appel téléphonique l'invite à aller donner des cours de mathématiques à une jeune fille, Sarah, qui prépare son bac. 

          Mais Sarah n'est pas un modèle d'application. Elle le convainc de faire ses devoirs à sa place et part retrouver ses copains au bistrot. Faisant alors le tour des lieux, il découvre un accès à une mansarde dans le grenier de l'appartement. Quand la famille rentre, "tapi sous les toits, donnant vie au plafond, un étrange rongeur vient de prendre ses quartiers d'hiver". 

 

          Arrive le troisième chapitre, "95, RUE DE RENNES". La vie de Balthazar bascule au contact de cette jeune lycéenne, aînée d'une famille bourgeoise Rive gauche ; mal dans sa peau du fait de la séparation en cours de ses parents. Sarah convainc sa mère qui part aux sports d'hiver avec les autres enfants, de la laisser à Paris pour "réviser" et fêter ses dix-huit ans avec ses copains. Le jour de leur retour, Balthazar l'emmène chez sa mère et arrive au moment-même où celle-ci est en train de le déclarer disparu à la police. Pourquoi serait-il disparu ? Parce que Stan s'est échappé de l'hôpital psychiatrique avec la complicité d'une jeune infirmière.

Les jours passent. L'intimité grandit et peu à peu, un sentiment profond naît entre Sarah et Balthazar… Lequel raconte à Fil retrouvé pour un jour comment il a passé un mois dans la mansarde de l'appartement de Sarah, sans que personne ne le sache. Une sorte de retraite monastique, au cours de laquelle il a retrouvé un équilibre. Une manière de renaissance. 

 Les vacances de Pâques se profilent, et le scénario se renouvelle, Sarah pouvant restert à Paris. Mais un coup de fil réveille les émotions et les angoisses de Balthazar : "C'est Stan. Il est rentré sur Paris".

 

          Le  chapitre suivant est intitulé "LE LYS DANS LA VALLEE". Pourquoi ce titre ? S'agissant de Balzac, "L’auteur a produit un personnage qui raconte en son nom. Roman écrit au "je" –-Dans "Les buveurs de lune", nous sommes au "tu"- "Le Lys choisit délibérément de présenter les faits rapportés par la voix d’un personnage qui relate des fragments de son passé. C’est par le filtre de cette voix singulière et du regard porté sur eux que le lecteur découvre les autres personnages du roman. Si l’effet de "vrai" est assuré par la fiction du témoignage personnel, le lecteur est ainsi invité à partager les souvenirs, les émotions et les jugements du héros (³). Tout ce que nous retrouvons dans notre ouvrage.

          Ce chapitre s'ouvre sur une expédition vers la banlieue, Fil et Paola, Balthazar et Sarah. Quand ils arrivent, la fête bat son plein. Au cours d'une querelle avec un autochtone furieux du bruit que fait cette meute, le lecteur apprend que c'est Stan qui a organisé cette orgie. Pour la première fois, Sarah va goûter à la drogue et être entraînée dans un trip terrible ! Balthazar, resté sobre, prend la température de la fête, tandis que Sarah découvre qu'en fait, elle n'apprécie pas Noémie, la fameuse infirmière évadée avec Stan. Et Balthazar réfléchit : "L'amour à ta droite, l'amitié à ta gauche, tu t'efforces de cacher ton trouble. Ton frère, de toute ta vie, ne t'a jamais paru aussi loin"! 

          Exit les fêtards. Fil parti avec Paola, ne restent dans la maison que Stan et Noémie, Balthazar et Sarah. Et à sa grande surprise, Stan propose à Balthazar de partir tous les quatre pour les vacances, dans la maison des Pyrénées où ils ont passé toutes leurs vacances d'enfants ! 

          Malgré les réticences de Noémie, les voilà partis. Peu à peu, l'ambiance "paysages parisiens" fait place aux sensations champêtres et sites poétiques : Désormais, ils voient "le ciel au petit matin, sortir de sous sa couverture ses couches successives de draps bleus et faire émerger du lit de la Garonne ce bassin d'Eden couvé par les montagnes. Un trésor de nature, jeté au pied des Pyrénées, avec ses ponts et ses rivières… Au loin, la barrière neigeuse des hauts sommets domine la plaine, vestige érodé de ce grand mausolée qu'Hercule, dit-on, par amour de Pyrène, érigea roc par roc pour noyer son chagrin…".  

          Dans la maison, froide d'être restée longtemps inoccupée, chacun va s'adapter à son rythme. Impossibilité pour Noémie, d'accepter ce monde rudimentaire, peuplé de toiles d'araignées. Sarah commence à sentir l'enchantement de ce lieu dépeuplé, goûtant la vie saine, loin des pestilences parisiennes ; tout en étant prête à faire connaissance avec les villageois. Stan commet un impair de trop, et quand il revient de chez une jeune fille avec qui il a passé la nuit, Noémie est partie. Jusque-là, plutôt que celui d'un trentenaire, le comportement de Stan a été celui d'un adolescent attardé inconscient ou insouciant des dégâts qu'il laisse derrière lui ! Aussi, Balthazar est-il surpris, lorsque, profitant de l'absence momentanée de Sarah, il lui dit : "Promets-moi un truc. _Quoi ? _Si je crève demain ou un autre jour, marie-toi avec elle. Marie-toi deux fois, même. Cette fille, c'est que du bonheur".  

          De radeau destiné à remplacer la voiture de Noémie, en pique-niques ou apéros chez les amis du village ; de découchages de Stan en fête campagnarde, la vie s'écoule, paisible et heureuse,  entre les trois jeunes gens. Jusqu'à l'arrivée impromptue de leur mère et Gaston. Enormes disputes ! Entre Stan et sa mère, "les points de vue s'affrontent comme un jour d'audience au tribunal" ! Puis, Stan parti chez sa "sorcière", le calme se réinstalle. Les jours passent. Stan rentre, chassé par Lisa dont le fiancé revient. Mais le soir, il décide d'aller à la fête des chasseurs, bien que connaissant l'animosité des jeunes autochtones à leur égard. Quand Balthazar le rejoint, la bagarre est presque finie, avec des blessés de part et d'autre. Mais, lorsqu'ils veulent repartir pour la maison, une ombre se dresse devant eux. Une explosion, et Stan blessé à mort, s'effondre dans les bras de Balthazar.

 

          Avec l'EPILOGUE, arrive le moment du deuil et de l'extrême douleur. Mais Paola, la compagne de Fil, attend un bébé pour la fin de l'année. Sarah est en train de plancher sur le sujet de philosophie du bac. Balthazar a repris ses pérégrinations qui le conduisent parfois au cimetière, mais il attend surtout la sortie de Sarah. Paris est rempli de touristes en cet été revenu, "…ce Paris que plus rien n'émeut". La vie continue en somme.

 

          Que penser de ce livre ? 

*** Qu'il est criant de vérité : Paris, ses rues, ses monuments sont décrits avec beaucoup de cynisme certes, mais les descriptions sont authentiques et reflètent la vie actuelle. 

*** Qu'il est écrit avec une remarquable sensibilité : Il brosse la vie d'une catégorie de trentenaires, bourgeois, malades d'ennui, incapables d'entrer dans le moule d'une société qu'ils refusent, se réfugiant dans l'alcool, la drogue, le sexe. Sa vision désenchantée des deux frères est néanmoins narrée avec beaucoup de tendresse : Balthazar viscéralement noué à son frère et Stan qui est la liberté et la démesure, l'impossibilité de se plier au quotidien.

En cherchant son frère, c'est lui-même que cherche Balthazar. Jusqu'au moment où sa rencontre avec Sarah va le changer. Lui permettre, avec elle, d'apprécier pleinement ce voyage dans les Pyrénées, devenu sorte de voyage initiatique dont tous deux sortiront soudés et prêts à affronter la vie. (A ceci près, tout de même, que jusqu'au bout, Balthazar reste oisif !?)

*** Que ce roman qui pourrait n'être écrit que pour la génération Balthazar en rupture avec "l'esprit du temps" est en fait à l'usage des adultes (ceux qui ont accepté de vieillir dans la logique de leur vie) leur narrant avec réalisme, humour parfois, cynisme souvent, l'impossibilité de cette génération de trouver  sa place dans la société.

*** Un reproche, pour finir : La femme dans cet ouvrage. Il semble bien qu'elle n'existe que par l'homme qui est son compagnon ou son mari. Si elle tranche sur l'ordinaire, si comme la mère de Balthazar et Stan devenue veuve, elle trouve un nouveau compagnon,  il lui est pratiquement impossible de le faire accepter. Si, comme la mère de Sarah, elle est véhémente dans son chagrin d'être délaissée, elle semble immanquablement excessive. Et Sarah, la nouvelle génération fraîche et encore ouverte à la vie, elle qui vit si mal le départ de son père, qui est déjà viscéralement attachée à Balthazar, n'est-elle pas déjà parvenue au moule dans lequel vivent sa mère et celle de Balthazar ? 

          Un roman, en somme, réaliste, écrit dans un style très contemporain, développant une narration agréable, bien rythmée, juste et lucide ; parlant d'une jeunesse qui n'en finit pas de chercher à décrocher la lune.

 

JEANINE RIVAIS

(¹) Maximes et pensées, caractères et anecdotes. 1741-1794.

(²) "L'enfer, c'est les autres" est une citation extraite de la pièce de théâtre "Huis clos" de Jean-Paul Sartre, qui a eu un grand retentissement, a largement dépassé le cadre de la philosophie pour passer dans le langage courant et la culture populaire.

(³) Cet extrait est tiré d'un texte de Mireille Labouret (Université Paris-Est Créteil) sur l'ouvrage de Balzac.

 

"LES BUVEURS DE LUNE" de PIERRE CHAZAL : Editions Alma.480 pages. 19€.