ASSOCIATION LA PASSERELLE

Entretien de l'animateur de l'atelier d'arts plastiques, avec Jeanine Smolec-Rivais

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         Jeanine Smolec-Rivais : Vous êtes animateur de l'atelier de la Passerelle. Qu'est-ce que la Passerelle, dont le nom est très évocateur ?

            Animateur : La Passerelle est une association qui a la volonté de désenclaver, faire passer d'un lieu à l'autre, d'un centre de handicapés mentaux vers l'extérieur. Proposer la normalité, présenter des travaux qui peuvent être vus par tout un chacun.

 

         J.S-R. : Donc, votre atelier serait "la normalité" ? Il n'est pas dans le cadre du Centre médico-pédagogique ,

            Anim. : D'une certaine façon oui, puisque, en effet, il est à l'extérieur du Centre. Dans le cadre de ce que l'on appelle "le Service de suite", c'est-à-dire que c'est une antenne dans la ville de Cherbourg où a lieu l'atelier ; et où les résidents les plus autonomes viennent se réunir tous les jours pour avoir des réponses à leurs questions. Des problèmes souvent liés au quotidien : comme la plupart sont analphabètes, ce sont des problèmes de courrier ; de voisinage, d'achats de ceci ou cela.

            Dans ce grand appartement, nous avons une immense salle à manger qui sert d'atelier d'arts plastiques.

 

         J.S-R. : Tous sont des adultes.

            Anim. : Oui, absolument.

         J.S-R. : Ils sont autonomes ? Ou dépendants de leurs familles ? Sous Tutelle ?

            Anim. : Il y a tous les cas. Il y a aussi bien des jeunes qui viennent de sortir de l'IME donc qui ont tout juste dix-huit ans, que des retraités, que des gens en famille d'accueil… des gens qui habitent chez leurs parents, en foyers, en appartements… Il y a vraiment tous les cas de figure. Et en plus il y a des gens qui viennent, d'autres qui repartent, etc.

 

         J.S-R. : Ce que vous faites est de l'Art-thérapie ?

            Anim. : Non, je ne crois pas. Moi je fais de l'Art plastique, je ne suis pas art-thérapeute.

 

         J.S-R. : Vous partez donc du principe qu'ils sont comme Monsieur Tout le Monde ? Et qu'ils peuvent faire la même chose ?

           Anim. : Absolument. Et d'ailleurs à l'atelier, je tiens à ce que l'on parle d'Art plastique : on parle de matériaux, de composition, de couleurs, de papiers, de crayons, etc. On compare les choses, on parle d'équilibre, de force, de plans… C'est vraiment un atelier d'Art plastique.

            Par ailleurs, je ne suis pas éducateur, je ne connais donc pas les gens qui fréquentent l'atelier. Je ne les connais pas dans leur cadre de vie ; je ne connais pas leurs pathologies, je ne les connais que par leur travail dans cet atelier.

 

         J.S-R. : Quand ils arrivent chez vous, comment vivent-ils cette situation, le fait que vous les placiez devant une feuille ?

            Anim. : Pour la plupart, sans aucun problème. D'autant que c'est une présence volontaire : une éducatrice a pu remarquer que tel ou tel dessinait régulièrement, remarquer un goût pour le dessin, elle va donc lui proposer d'aller à l'atelier. Et il va décider si cela lui convient ou non. Mais il y a des gens qui restent très peu de temps, parce que l'atelier ne leur convient pas du tout ; des gens qui s'ennuient, qui trouvent que c'est trop long, qui n'aiment pas le cadre. En fait, le problème majeur est de se retrouver hors du travail, dans une activité dite "de loisirs", avec les mêmes personnes avec lesquelles ils travaillent. Voire avec lesquelles ils habitent. Parfois, cela leur gâche un peu le plaisir, alors ils ne viennent plus tant que telle personne sera là. Il y a de nombreux règlements de comptes de cet ordre !

 

         J.S-R. : Prinzhorn disait : "La maladie ne donne pas de talent, mais presque chaque individu est capable de composer des formes complexes". Qu'en pensez-vous ?

            Anim. : Je suis d'accord avec cette idée. Je pense que les mots créent des formes, et tout ce que nos résidents sont capables d'exprimer représente quelque chose. Ils sont capables d'en donner une image. Je pense que mon travail consiste essentiellement à les écouter, parler avec eux, et entendre de quoi ils parlent le plus souvent. Entendre de quoi ils parlent avec le plus de richesse. Ensuite, je prépare la séance en fonction de ce que j'ai ressenti. En fait, c'est très écrit. Pendant la séance, personne ne fait la même chose en même temps, et je propose à chacun un sujet différent, choisi en fonction du plaisir qu'ils ont pu avoir à me parler de quelque chose, d'un dessin graphiquement solide ou intéressant ; pour voir s'ils sont en mesure d'aller très loin.  

 

         J.S-R. : Il me semble que ce qui est récurrent, dans ce que vous avez apporté du moins, c'est la question de l'habitation. Je la retrouve plusieurs fois…

            Anim. : Mais je pense que cela tient à mon choix. C'est moi qui les ai choisis avant de venir. Et, si vous regardez dans la carton à dessin, par exemple, ce n'est pas systématique.

            Mais effectivement, cela se manifeste souvent ; mais c'est aussi leur façon de faire : c'est-à-dire qu'eux-mêmes estiment souvent qu'un dessin est fini quand ils ont l'impression qu'il est rempli. En terme spatial, simplement. Ce n'est pas forcément une volonté de ma part, loin de là !

Monsieur La Mariée
Monsieur La Mariée

         J.S-R. : Celui qui m'a le plus impressionnée est celui où deux femmes –au départ, j'avais même cru qu'il y avait un homme et une femme- …

            Anim. : C'est un homme et une femme, sauf que…

 

         J.S-R. : Ils sont "enceintes" tous les deux !

            Anim. : Exactement !

 

         J.S-R. : Au départ, de loin, je ne voyais que le fœtus dans l'homme. Et, comme dans le passé, j'ai déjà vécu cette découverte avec un autre artiste qui s'appelle –qui s'appelait, puisque, hélas, il est mort cet été- Nicolas Daim…

            Anim. : Avez-vous vu le titre ?

 

         J.S-R. : Non !

            Anim. : C'est "Monsieur La mariée" ! Et ce n'est pas moi qui ai donné ce titre ! C'est l'artiste. Souvent, l'artiste se représente en jupe ; donc je ne suis pas sûr que l'homme soit lui !

 

         J.S-R. : Je l'ai trouvé tellement impressionnant, parce que psychologiquement et même psychanalytiquement, il est vraiment signifiant !

            Anim. : Je ne suis pas du tout psychanalyste. Graphiquement, ce dessin m'intéresse beaucoup parce que je lui trouve une richesse énorme, une profusion énorme, et en même temps une lisibilité énorme ! Et il est assez étonnant de voir quelle énergie, quelle quantité de couleurs, le nombre de coups de crayon… et pourtant on voit bien qu'il y a une idée ! Et laquelle !

 

         J.S-R. : Justement, je n'avais pas vu le titre, et tous ces gens autour du couple, m'inquiétaient. Mais, dans ce cas, c'est le cortège, et il n'y avait pas lieu d'être inquiète !

            Anim. : Oui, c'est le cortège ! C'est le plus âgé de l'atelier qui l'a dessiné. En fait, maintenant, Roger est retraité, donc il est hors structure. Et c'est aussi une nouveauté par rapport à notre atelier, parce que l'évolution de la médecine a fait que maintenant nous avons beaucoup de retraités, alors qu'avant il y en avait très peu. Les résidents arrivaient même rarement à la retraite.

            Maintenant, nous avons des gens différents, parce que tout ce qui était structurant dans le Centre médical a disparu. En fait, il reste cet atelier de dessin qui a une régularité et fait référence à celui d'avant. Et le Centre y tient énormément.

 

         J.S-R. : Toujours dans ce dessin, il y a tout ce pointillisme, de couleur presque toujours bleue, qui le ramène vraiment près de l'Art brut.

            Anim. : Oui. Pour moi, ce ne sont pas des artistes bruts. Pour moi, c'est un travail d'atelier, aucun d'eux n'a l'irrépressible besoin de faire ceci ou cela ; donc ils viennent et ne dessinent pour la plupart qu'à l'atelier.

            Mais il n'empêche qu'il y a cette absence de recherche culturelle dans leur façon d'exécuter leurs dessins qui peut les rapprocher de beaucoup de choses que l'on voit dans l'Art brut pur et dur.

les cambrioleurs
les cambrioleurs

         J.S-R. : Autre tableau que vous avez placé sur le panneau, sans doute pas tout à fait par hasard, et qui est tout à fait l'antithèse de celui que nous venons d'évoquer, c'est celui où tout est réglé, bien placé, propre, sans un trait qui dépasse !

            Anim. : Ce qui est amusant, c'est que celui-là a été fait par le plus jeune de l'atelier. Et lui, a un besoin terrible de structuration. Il aime que les choses soient bien carrées. Il n'aime pas du tout être dans l'inconfort, ne pas savoir ce qui va se passer après, etc. Finalement, dans son travail, il y a quelque chose de tout à fait lisible où chaque point, chaque trait est posé d'une façon unique et calme.

            L'histoire de ce travail est tout à fait intéressante, parce que le sujet que je lui avais proposé était "un cambriolage de nuit par des toits. Les voleurs sortent du toit et sont poursuivis par la police". Ce qui m'intéressait intérieurement, c'était l'image que j'avais de ce sujet, un enchevêtrement de toits, de lucarnes, de cheminées, etc. Et ce n'est absolument pas ce qu'il a dessiné !

 

         J.S-R. : Il est resté sur son idée bien à lui ?

            Anim. : Il ne s'est pas du tout occupé de cette guéguerre voleurs/policiers, il a dessiné ce qu'il y avait à l'intérieur des toits. Et, en fait, chaque toit fait une maison, et c'est une façon de vivre.

 

         J.S-R. : Je l'avais bien vécu ainsi. Et je veux redire combien ces deux tableaux m'ont impressionnée ! Ainsi que l'opposition entre leurs conceptions qui dénote la liberté de création de ces personnes.

            Anim. : Nous pourrions parler de toutes les manières de procéder, mais Roger, par exemple, dont nous parlions tout à l'heure, a toujours l'habitude de travailler dans la profusion. Fabrice et Roger utilisent presque toujours les outils de la même façon. On peut proposer à Fabrice n'importe quel type d'outil ou de format, il arrivera toujours à en faire quelque chose de vraiment beau graphiquement.

 

         J.S-R. : Pour les autres, c'est tellement divers ! Vous dites leur donner un thème, mais les tableaux que vous avez apportés ne correspondent pas au même thème ?

            Anim. : Non bien sûr ! Même quasiment aucun, sauf deux peut-être ?

 

         J.S-R. : Qui traitent de l'habitat ?

            Anim. : L'habitat ? C'est un peu plus compliqué, parce qu'il y a tout un processus et une mise en œuvre. J'ai donné ce format de papier à Cyril, et je lui ai donné les petites bandelettes bleues. Je lui ai raconté qu'en fait, il s'agissait d'un immeuble en construction. Que sur un immeuble en construction, les ouvriers ne repartaient pas le soir avec tout ce qu'ils avaient apporté, qu'ils laissaient en place tout ce dont ils avaient besoin pour travailler le lendemain. A savoir les machines, le béton, les grues, etc. Donc, je lui ai demandé : "Qu'est-ce que l'on voit la nuit dans cet immeuble qui reste ouvert, puisqu'il n'y a pas encore de murs" ?

 

         J.S-R. : Et le deuxième avait la même proposition ?

            Anim. : Oui.

 

         J.S-R. : Il est curieux que l'un l'ait fait de nuit, mais que l'autre l'ait fait de jour. L'un est sombre, l'autre clair.

            Anim. : A mon avis, il s'est trouvé confronté à un problème : il avait dessiné les choses abandonnées, et il s'est dit que, s'il mettait du noir par-dessus, on ne verrait plus rien.

 

         J.S-R. : Votre façon de procéder me semble vraiment pédagogique dans la mesure où vous donnez l'histoire, avec les clefs comme les cambrioleurs, le chantier…

            Anim. : Oui, mais par rapport à eux. Par exemple Fabrice, avec cette histoire de cambrioleurs, m'avait parlé d'un feuilleton qu'il avait regardé. J'embraye tout de suite sur des idées qui semblent faire naître des images chez eux.

J.S-R. : En même temps, n'est-ce pas un peu restrictif de leur donner un thème ? Peut-être ma question n'a-t-elle pas de sens dans la mesure où à l'un vous parlez de cambrioleurs et il vous dessine un pâté de maisons tellement calme ; ou à autre qu'il s'agit d'un chantier de nuit et qu'il le fait de jour… Je me dis que, finalement, ils passent au large de vos consignes ?

            Anim. : Si, votre question a un sens et je me la suis posée. Mais la consigne est juste là pour rassurer, pour que chacun soit en confiance. Etant donné qu'ils ne dessinent pas dans la semaine, ils n'ont pas de projet. Ils sortent du travail. Ils viennent après une journée de travail, ils sont épuisés, et je leur donne simplement un sujet qui leur donne confiance en eux, puisque je leur parle de quelque chose dont eux-mêmes ont déjà parlé. Du coup, ils sont rassurés et cela leur paraît facile de dessiner les choses. Si je leur disais simplement, "allez, tu me fais un dessin", ils ne feraient rien. Il y aurait une maison, une fleur sur le côté, et ce serait tout.

J'ai déjà essayé, évidemment, parce que je me pose les mêmes questions. Et j'ai la même réponse que vous, c'est-à-dire que, quand je vois la direction complètement neuve qui est prise, je me dis que c'est une bonne façon de faire. Elle n'est pas castratrice, pas directive du tout. En fait, je vois qu'il faut les laisser libres ; que dans un tel atelier, il faut ne rien vouloir. Et je ne veux rien. Je n'attends rien. Je ne les réoriente pas. C'est ce que je crois, du moins. Peut-être que, de temps en temps, quand le dessin menace de disparaître complètement, de ne plus du tout être lisible, j'interviens pour faire remarquer qu'il y a ce risque-là…

 

         J.S-R. : Quand une telle situation se produit, qu'il n'y ait pratiquement plus rien sur le support, est-ce que cela correspond à un évènement dans leur vie extérieure ? Ou est-ce simplement qu'à un moment, ils ne savent pas gérer la situation ?

            Anim. : Je ne sais pas du tout ! Je pense qu'à ce moment-là, ils ne savent pas gérer. Que c'est au rapport entre eux et le dessin. Que, parfois, le dessin ne compte plus. Que le projet de réaliser quelque chose de montrable ; qui resterait de ce moment ; qui répondrait à la proposition que j'avais faite, à un moment ils s'en moquent !

            Bien sûr, ici, j'ai fait une sélection. Il faut imaginer que selon nos critères plastiques, il y a beaucoup plus de choses qui ne sont pas montrables que de choses qui le sont.

         J.S-R. : Je voudrais évoquer un petit collage où trois petits animaux sont perdus au milieu d'un grand fond bleu. Est-ce parce que ce garçon ne se sent pas bien, qu'il est lui-même perdu dans le monde ? Que s'est-il passé, là ?

            Anim. : Je ne sais pas ce qui s'est passé. Je pense qu'il n'a pas éprouvé le besoin d'aller plus loin que de montrer ses personnages qui sont "à l'intérieur". En fait, ce collage est constitué de trois petits animaux dessinés et découpés ; puis nichés au milieu de petits morceaux de papiers découpés dans un catalogue et qui constituent ce qu'il imagine être à l'intérieur d'un corps. A savoir organes, squelette, etc. Et tout cela, évidemment, très flottant. Et graphiquement très agréable.

 

         J.S-R. : Oui, absolument. Quand vous leur avez annoncé qu'ils allaient participer à un festival, comment le leur avez-vous dit ? Avaient-ils déjà participé à des expositions importantes ?

            Anim. : Oui, bien sûr ; nous exposons relativement souvent. Mais assez peu souvent en leur présence. Et ils étaient très contents de venir.

 

         J.S-R. : C'est l'impression que j'avais, parce qu'ils sont venus nous parler, ils avaient l'air fiers d'être là.

            Anim. : Oui, très fiers. En fait, ce qui se passe dans cet atelier, c'est à peu près le seul moment dans leur vie quotidienne où ils font quelque chose que personne ne peut faire à leur place. Ils font un travail relativement peu intéressant, puisque c'est un travail de manipulation avec des machines. Ils sont assez peu considérés puisque leur vie est prise en main par des tutelles, des organismes divers, et là arrive un moment où ils vont pouvoir faire quelque chose qui est véritablement "eux". Et ils ont très grandement conscience de ce fait.

 

         J.S-R. : Dans l'ensemble, mais peut-être est-ce dû à votre sélection, il me semble que ce panneau dégage une grande joie de vivre ?

            Anim. : Oui. Assiduité, enthousiasme. Oui, tout à fait. Mais ce qui est curieux c'est, -d'après le retour que j'ai pu avoir d'animateurs venus et ayant découvert ces personnes sur le lieu de l'atelier- que ces animateurs sont souvent très surpris de cette façon d'être , l'impression qu'ils donnent de se sentir vraiment bien.

            Et notre retraité, le fameux Roger, fait presque peur aux encadrants de la maison de retraite, dans la mesure où c'est pour lui, absolument vital de venir. Maintenant, il y a même des éducateurs qui prennent leur voiture personnelle, alors que ce n'est pas dans le même quartier, pour l'amener à l'atelier.

 

J.S-R. : Hier, quand le groupe entier est arrivé avec une éducatrice, l'un d'eux passant à côté des œuvres des autres exposants, s'exclamait : "Oh la la ! Moi je ne serais pas capable de faire ça !". Et l'éducatrice lui a répondu : "Mais pourquoi dis-tu ça ? Tu n'as jamais essayé ! Peut-être que tu serais capable de le faire ?" Selon vous, cela signifiait-il que ce garçon se sentait en échec ? Ou comment analyseriez-vous cette remarque ?  

            Anim. : Non, je ne pense pas qu'il soit en échec. Je crois que, pour lui, si c'est exposé à un public, cela signifie que c'est bien, et peut être considéré en référence. Or, eux ne peuvent jamais être pris en référence : DONC, eux, ne sont pas capables de le faire ! Je pense que c'est aussi simple que cela. Qu'ils ne se rendent pas compte que ce qui est exposé là de leur travail, vaut ce qui est exposé dans le reste du festival. Je crois qu'ils ont l'impression qu'on leur fait une fleur en les invitant. Qu'ils ne s'imaginent pas que les qualités intrinsèques de leur travail font qu'il mérite d'être exposé au même titre que les autres œuvres.

 

         J.S-R. : Y a-t-il d'autres questions que vous auriez aimé entendre ? D'autres thèmes que vous auriez souhaité aborder ?

            Anim. : Ce qui me chagrine –mais ce n'est pas lié au festival, c'est lié à nos encadrants en fait- c'est que ce travail n'est pas du tout pris en compte. Quand, justement, j'évoque avec les éducateurs, cette qualité unique du travail de leurs résidents, le fait qu'ils proposent quelque chose de complètement différent ; lorsque je mets ce travail en parallèle avec le fait qu'ils fassent du mobilier, toujours le même, industriellement, toujours identique… Quand je dis qu'à l'atelier, il y a un garçon qui a entièrement pyrogravé une chaise, et l'a peinte, la rendant magnifique… je me demande toujours pourquoi ils ne comprennent pas qu'au lieu de faire des meubles en séries, ils pourraient leur faire faire de magnifiques pièces uniques ! Les sortir de leur atelier où ils font toujours la même chose, pour, pendant une semaine, leur enseigner comment développer ce mobilier de façon complètement différente. Ils pourraient imprimer des motifs ; faire des tissus… Il y a de très nombreuses possibilités qui pourraient être intéressantes pour eux. A chaque fois que j'y pense, cela me chagrine !

Entretien réalisé au GRAND BAZ'ART A BEZU, le 11 juin 2011.