HUGUETTE MACHADO-RICO

Texte de JEANINE RIVAIS

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          Longtemps, les œuvres d’Huguette Machado-Rico, jouant sur le mystère des dégradés de couleurs entre volumes et lignes, se sont situées aux confins de l’abstraction géométrique.

          Aujourd’hui, n’ayant renoncé ni à la géométrie, ni à la couleur, elle campe des intérieurs presque vides, hantés par des silhouettes. La seule « présence obligatoire » est un fauteuil exprimant curieusement absence ou présence, comme s’il était un être vivant : les lieux ainsi évoqués sont vastes, salles des pas perdus où des individus de passage sont en situation de hasard.

          Pour accentuer cette sensation de vacuité, l’artiste reprend les dégradés d’autrefois, car les progressions lumineuses cernant ses « scènes » sont pour elle très importantes : en mélangeant huiles, acryliques, glacis, ou matités, elle crée des lieux glauques, zones troubles, ombres absurdes, contrastes sans motivation. Elle assume ainsi sur la toile un état d’appréhension permanente.

          Mais une artiste aussi chaleureuse se sentirait-elle « chez elle » dans cet univers impersonnel ? Pour pallier cette froideur apparente, elle y intrique des éléments d’un langage codé, petits coups de pinceau sale, minuscules éclatements, croix, flèches, papiers collés… signes cabalistiques s’animant autour du couple homme/fauteuil. D’autres, plus symboliques, serrures ou mains, traduisent le voyeurisme du peintre, introduisent même, par le jeu présence réelle (de l’observateur hors champ) / interdit (serrure) / caresse (main), une situation érotico-fantasmatique aussi trouble que les ombres du décor.

          Et peut-être, en droite ligne de ce début de vie, est-ce pour contrer définitivement cette impression persistante de calme froid et de vide que l’artiste introduit désormais des parties en reliefs, collages délicats de petits morceaux de bois, de papier, etc. qui, surprenant la main et arrêtant les yeux, amènent plus sûrement le spectateur à un cordial tête-à-tête avec son œuvre ?

 

CE TEXTE A ETE ECRIT APRES LE DU FESTIVAL DE BANNE  2003, dans le petit village de BANNE, en Ardèche.