JEANNE-MARIE TEINTURIER, peintre

Entretien avec Jeanine Smolec-Rivais

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                Jeanine Smolec-Rivais : Jeanne-Marie Teinturier, ce qui est curieux dans votre travail, c'est ce côté linéarisé, parfois horizontalement, la plupart du temps verticalement. Quelle définition donnez-vous de votre travail ?

Jeanne-Marie Teinturier : D'abord, tout vient du support qui est du bois, du lambris. La dynamique vient donc du dessin, des nervures du bois. Je laisse apparent l'espace entre deux nervures, ce qui donne, comme vous le disiez, des lignes soit horizontales, soit verticales. Mais je préfère travailler en horizontales, sans savoir vraiment pourquoi ?

 

J.S-R. : A priori, quand on regarde votre travail, on se dit que ce ne sont que des jeux de formes. Et puis, on s'aperçoit qu'il y a toute une foule dans chacun de vos tableaux. Et si j'ai bien compris, nous sommes dans l'exotisme ?

J-M.T. : Pas forcément. L'un de mes tableaux s'appelle "Les transports en commun". En fait, c'est le métro à une heure de pointe. Chacun est dans sa bulle, bien que côte à côte avec les autres.

Mais effectivement, il y a aussi la forêt vierge.

 

J.S-R. : Qu'est-ce qui détermine votre sujet ?

J-M.T. : Là est le grand mystère. A mon avis, c'est le bois. Le bois qui commande, qui me raconte une histoire. Je ne démarre jamais avant d'avoir une idée globale.

 

J.S-R. : Par exemple, vous vous dites "je vais faire la forêt vierge avec ses habitants" ?

J-M.T. : Pas vraiment. C'est le bois qui va m'amener…

 

J.S-R. : Oui, vous l'avez dit tout à l'heure. Mais une fois qu'il vous a amenée à une idée générale, à une histoire, un thème… à partir de là, comment placez-vous votre histoire ? Comment la définissez-vous dans l'espace ?

J-M.T. : Ca, c'est un grand mystère. Il y a généralement un sujet central qui ressort, qui me saute aux yeux, sans que je sache pourquoi ni à quel moment "la mayonnaise prend" ! Je place les personnages, les motifs selon les défauts du bois, je ne sais trop l'expliquer autrement. Chaque tableau a sa manière de venir au monde. Il n'y a pas de loi.

J.S-R. : Dans l'ensemble, vous employez des couleurs douces. Est-ce-ce là encore dû à la texture du bois ? Ou est-ce votre goût pour des couleurs très belles, d'ailleurs, très harmonieuses ?

J-M.T. : Je crois que je suis comme cela. Je pourrais faire quelque chose de très flashy, mais je n'en ai pas le goût, je préfère les harmonies comme celles que je fais.

 

J.S-R. : Vous peignez depuis longtemps ?

J-M.T. : J'ai commencé en 2004. Avant, je faisais beaucoup d'aquarelles, des encres de Chine. J'ai donc commencé en 2004, tout en continuant les travaux précédents. Mais au bout de deux années, j'ai commencé à ne plus faire que ce que je montre aujourd'hui.

 

J.S-R. : Y a-t-il des thèmes que vous auriez aimé traiter et que je n'ai pas abordés, des questions que vous auriez aimé entendre et que je n'ai pas posées ?

J-M.T. : J'ajouterai que je ne travaille pas que sur des lambris, j'ai quelques trésors trouvés à la poubelle, des planches cassées, par exemple, comme celle qui a servi à créer "Ulysse et le cyclope". Je les ai trouvées cassées, et pour moi ce sont des merveilles. Tous les supports un peu abîmés, qui ont beaucoup vécu sont bons à prendre.

Et puis, je voudrais préciser que chaque tableau a donc une histoire, c'est pour cela qu'il y a un titre, de façon à capter l'attention : "Roméo et Juliette", "L'aquarium", "Qui regarde qui ?", etc. . Parce que l'on peut passer devant en ne voyant que des rayures colorées, sans voir qu'il y a aussi beaucoup de figures; de personnages, tout un univers…

 

 

            ENTRETIEN REALISE A BANNE DANS LES ECURIES, AU FESTIVAL BANN'ART ART SINGULIER ART D'AUJOURD'HUI 2012.