GOLF'ART : VISITE DU MINIGOLF

PAR LOUIS CHABAUD ET JEANINE SMOLEC-RIVAIS

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Louis Chabaud et Jeanine Smolec-Rivais pendant la visite du Minigolf
Louis Chabaud et Jeanine Smolec-Rivais pendant la visite du Minigolf

JS-R. : Louis Chabaud, nous voici commençant la visite du Minigolf, et la première sculpture qui nous accueille est celle de…

L.C. : Louis Chabaud, intitulée "L'Homme des cimes".

                JS-R. : Louis, pourquoi avoir choisi cette couleur verte qui ne contraste pas vraiment avec le fond arboré qui lui-même est vert ?

            L.C. : Voilà quarante ans que j'habite dans la région. Et je constate qu'autour de moi, il y a de la verdure. Je voulais créer une harmonie avec la nature, le sous-bois qui est derrière, le gazon. J'ai fait une consonance verte pour qu'elle entre bien dans le décor.

                JS-R. : Au fond, à notre gauche, nous apercevons les sculptures de Moss.

            L.C. : Oui, mais l'une d'elle est en réparation, parce qu'elle ne tenait pas bien. Moss a passé trois jours à installer son groupe. Il a eu beaucoup de difficultés parce qu'il n'avait pas prévenu l'architecte qu'il fallait un socle horizontal. Il a vainement essayé de la fixer, et il a fallu se résoudre à la faire réparer.

JS-R. : Sur notre droite, nous arrivons à une sculpture uniquement linéarisée, dont je n'ai pas reconnu l'auteur ?

            L.C. : Thierry Greinert.

                JS-R. : Qui se fait maintenant appeler "Saint-Molotov". A mon avis, cette sculpture est très mal placée, parce qu'elle est ligne sur ligne par rapport au grillage. Ou alors, il aurait fallu fixer une plaque sombre juste derrière.

            L.C. : Exact. Tout le monde dit la même chose. Elle est belle, elle me plaît bien, mais il va falloir faire quelque chose, parce qu'elle ne ressort pas du tout !

                JS-R. : D'autant que c'est une des rares qui a beaucoup de couleurs. Il est dommage qu'on la voie si mal !

            L.C. : Je fais remarquer que la mienne se voit très bien ; c'est la montagne ici, elle se marie très bien avec le décor.

                JS-R. : Je crois que vos amis vous ont dit qu'il aurait fallu choisir une autre couleur que le vert ?

            L.C. : Personne d'autre ne l'a dit ! Tout le monde lui a trouvé une force inouïe !

                JS-R. : Je crois que vos amis ont réagi en fonction de l'ensemble : dans la mesure où ces sculptures sont placées dans un lieu essentiellement destiné à des enfants, ils attendaient sans doute beaucoup de couleurs ?

            L.C. : Pas du tout ! Cela n'a rien à voir ; chaque artiste a fait exactement ce qu'il a voulu. Aucun n'a demandé si ce serait plus joli coloré ! Et sur chaque sculpture, ressort le caractère de l'artiste.

            JS-R. : Je n'ai pas non plus reconnu de qui était la suivante ?

            L.C. : Claudine Loubet.

                JS-R. : Je ne risquais pas de trouver, parce qu'elle est parmi les artistes que je ne connais pas.

                Elle a mis un petit personnage qui regarde par-dessus le mur où va aller sa balle…

            L.C. : C'est une étape très difficile, parce qu'il faut passer par le trou qui se trouve à la base du mur.

Ce parcours du "Minigolf 18 trous" comporte des trous assez difficiles pour les enfants. C'est la critique de beaucoup d'enfants et surtout de parents.

                JS-R. : Effectivement ! J'ai observé hier un père et son fils en train d'essayer de faire escalader à leur balle, un "mur" presque vertical, et cela semblait très difficile !

                JS-R. : Nous en venons à Anaka et son écriture inversée.

            L.C. : Pas besoin de nom, pour elle, on reconnaît tout de suite son travail. Dès qu'on voit sa sculpture, on dit c'est Anaka, certainement. Comme on dit, pour la mienne, celle-ci est de Chabaud !

                JS-R. : Oui, mais Chabaud a écrit son nom en si gros qu'il représente le tiers de la hauteur de l'œuvre ! Aucun risque de ne pas le voir !

                JS-R. : Nous arrivons à Mireille Belle.

            L.C. : Là, il y a eu un problème avec la Mairie et les employés communaux. Elle avait pourtant été choisie pour son projet de grand pantin qui devait être placé dans les arbres, avec des piques pour le maintenir. A cause de la présence du tuyau de la nappe phréatique, l'adjoint au Maire, Pierre Bessy a demandé qu'elle cherche une autre solution. Et Mireille, avec sa disqueuse, a meulé la rouille du tuyau, et a peint dessus deux bras avec un cœur. Ce n'était pas prévu ! Il a fallu improviser !

JS-R. : Maintenant, le "Golfondeur" de Gérard Visser.

            L.C. : Comme toutes ses machines, celle-ci est très originale, très colorée. Mais il y a un hic : elle est en réparation. Il a dû enlever la manivelle qui faisait tout tourner. Car quelque chose coince !

                JS-R. : Oui, le club tape dans la terre du socle.

Y avait-il un contrat d'entretien avec la Mairie ?

            L.C. : La Mairie, -et ils ont eu raison- a dit : "Puisque tu as été choisi pour ce projet, et que tu as été payé pour le réaliser, tu dois assumer la réparation".

JS-R. : Voici un autre artiste que je ne connais pas.

            L.C. : Julien Perrier.

                JS-R. : Son personnage est tout petit, mais il me semble que c'est un portrait de Chabaud ?

            L.C. : Oui, en effet, il a mis Chabaud à l'honneur !

                JS-R. : L'oeuvre suivante, au contraire, est très grande. En métal, mais je n'ai pas su deviner son nom.

            L.C. : Ce n'est pas un artiste professionnel. C'est un photographe de Megève qui s'appelle Eric Tops. Il fait depuis des années, des sculptures, des mobiles… Il était venu à Singul'Art pendant deux ans. Son travail est toujours de la récupération. Qui se peint, se colore avec les changements de temps. Qui se rouille avec l'eau. C'est un très bon artiste d'Art-Récup'.

                JS-R. : Nous en venons à un sculpteur malheureux, Jean Rosset, qui était très désolé que sa sculpture n'ait pas été montée sur le dolmen !

            L.C. : Oui, je crois qu'il a été complètement découragé, et il a réalisé une œuvre beaucoup moins belle que celles auxquelles il nous avait accoutumés.

                JS-R. : Et voici une bête monstrueuse signée Loren.

            L.C. : Oui. C'est le "Dahut suisse" ! Il y a un rébus dessous et derrière pour trouver le nom de ce monstre. Pour vous éviter de vous coucher dessous, je vous donne son nom !

                JS-R. : Qui n'a pas, dans son enfance, chassé le dahut ? Qui a deux jambes longues et deux courtes parce qu'il marche toujours sur la pente de la montagne !

           

JS-R. : Bernard Roudet et ses totems !

            L.C. : J'ai vraiment insisté pour qu'il fasse partie de ce beau projet, mais il ne fait plus de totems. Il a accepté et réalisé ceux-ci spécialement pour ce lieu. Je les trouve encore plus beaux qu'avant.

JS-R. : Fanny Chabaud !

            L.C. : Une fille que je connais très bien, et qui a mis un an pour réaliser cette œuvre ! Malheureusement, il y a un ennui avec la tournette, parce que l'ensemble tourne trop vite. Sinon, cela fait de la musique avec le marteau qui est derrière. Et la commune et les élus ont exigé de mettre un frein ! Nous étions tous les trois très désolés. Mais comme cela tourne trop vite, les enfants mettent des bouts de bois dans la roue et risquent de se blesser.

                JS-R. : Et la petite à côté ? Ce petit lapin sur son monocycle ?

            L.C. : En effet, il est en équilibre.

                JS-R. : A-t-elle voulu établir une relation entre les deux œuvres ? Ou a-t-elle simplement voulu les poser l'une à côté de l'autre ?

            L.C. : La nature, les oiseaux, les edelweiss… C'est un rappel du milieu dans lequel elle a toujours vécu.

 

            L.C. : Nous arrivons à un artiste qui a fait une vache symbolisée. Il s'appelle Didier Gianella. Il crée des machines. Il voulait que la vache bouge et que les enfants s'y accrochent, mais cela lui a été refusé.

                JS-R. : Si je comprends bien, il y a tout de même eu beaucoup d'obligations matérielles auxquelles les artistes ont dû se plier ?

            L.C. : Oui. L'exigence est la durée. Nous sommes en Haute-Savoie, à plus de 1000 mètres d'altitude. Il y a de la neige, des températures très rigoureuses. Toutes les œuvres sont conçues solidement, pour durer. Par tous les temps.

 

                JS-R. : Nous arrivons à Rémi Géraudie. Il prétendait que sa sculpture était si modeste que personne ne la verrait ! Mais elle est aussi visible que toutes les autres !

            L.C. : Les artistes jouent bien souvent les modestes, pour recevoir des compliments !

JS-R. : Et la suivante ?

            L.C. : C'est Fred Poirot. Il a symbolisé des balles de golf.

                JS-R. : J'avais pensé, vu les tailles différentes, qu'il s'agissait de la terre et des planètes !

            L.C. : Non ! Ce sont des balles de golf.

                JS-R. : Mais à quoi correspond le nombre choisi ? Cela correspond-il à un élément de la partie ? Ou s'agit-il simplement d'une question d'équilibre ?

            L.C. : Même pas ! Il a fait selon ce goût, et il a pensé que cela fonctionnait comme il le souhaitait.

            L.C. : Nous en arrivons à un ancien professeur de peinture de lycée, Hervé Chamosset. Qui réalise des sculptures bien souvent avec tout ce qu'il trouve : bouteilles, boîtes, bidons en plastique, etc. Il colore l'ensemble. On dirait un rayon de soleil dans le sous-bois !

                JS-R. : Je trouve qu'il ne s'est pas fatigué. Ni pour la composition ni pour la symbolique ! Le moins que l'on puisse dire c'est que sur 1500 € qu'il a été payé, il a 1500 € de bénéfice !

            L.C. : Vous toucherez la main de Paulette, elle pense la même chose !

L.C. : Jean-Marc Aguilar.

                JS-R. : Ah ! C'est le même artiste que pour les éoliennes ?

            L.C. : Qui fait des moules de… saumons, je crois. Il moule les têtes, sort sa perceuse pour faire un trou dans le ciment, et y glisser ses tiges de métal. Et il en fait des bouquets comme ce que nous avons vu devant l'atelier ; ou des plantes aquatiques comme ici. Mais ce sont toujours des têtes de poissons.

            Il a eu beaucoup de tracasseries pour cette œuvre. Et, finalement, il a ajouté une tête colorée avec des pigments.

            L.C. : Et maintenant, celui qui nous suit avec son appareil photos, Jean-François Bottolier ; symbolisé par des têtes qui, d'ailleurs, font peur aux enfants. Mais on peut remarquer qu'il y a des balles de golf dans les yeux et la bouche.

                JS-R. : Ses personnages m'ont fait penser à Elephant man !

            L.C. : L'originalité tient aussi au rappel que sur le parcours, la plupart du temps, il y a Papa, Maman et un enfant. Ils jouent donc à trois : trois totems en train de jouer sur le parcours. Et, à côté, trois "personnes" attendent que ce groupe ait fini de jouer. Et comme l'attente est parfois longue, ils peuvent s'asseoir puisque des sièges ont été prévus pour cela !

    

 

            JS-R. : Il nous reste une étape. Un alpiniste, du même artiste que celui qui avait fait votre portrait : Julien Perrier.

            L.C. : Les enfants ont dû jeter des pierres dans le trou, parce qu'il est bouché ! On ne peut donc plus jouer à cette étape !

 

 

            L.C. : Et puis, la vingtième plaque qui est ici, aurait dû porter la sculpture de Stéphane Cerutti. Cette pierre est en deuil. Il a eu des différents avec les autorités, et finalement il n'a pas posé son œuvre. C'est à pleurer.

 

 

                JS-R. : Eh bien, maintenant, il ne manque que les plaques avec les noms, mais vous avez dit qu'elles seraient posées très bientôt avec le nom et la photo de chaque artiste.

Il n'y a donc plus qu'à parier sur la pérennité de toutes ces œuvres. Rendez-vous dans vingt ans ?

            L.C. : Je l'espère !

 

ENTRETIEN REALISE LE 15 JUILLET 2012, SUR LE PARCOURS DU MINIGOLF DE PRAZ-SUR-ARLY.