GENEVIEVE LEMAIRE

ENTRETIEN AVEC JEANINE SMOLEC-RIVAIS

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Jeanine Smolec-Rivais : Geneviève Lemaire, je vais vous demander votre définition de votre travail ?

            Geneviève Lemaire : Ce sont des "tisseroles", c'est-à-dire que j'utilise du tissu assez proche de ce que l'on appelait des "paperoles" qui étaient réalisées par des religieuses qui faisaient des tableaux autour de reliques avec de fines bandes de papiers qu'elles enroulaient comme de la dentelle. D'où le ,om que j'ai choisi :puisque j'utilise du tissu, j'ai appelé les œuvres des "tisseroles". Beaucoup plus brutes, beaucoup moins fines que ce qu'elles faisaient. Plus anecdotiques, plus drôles. Avec des clins d'œil. Pour la technique, il se trouve qu'un jour, il y a quatre ou cinq ans, j'ai vu une dame utiliser le tissu en bandes, qui l'enroulait et mettait des épingles pour le maintenir en forme. Mais elle ne faisait que du blanc. C'était très beau, elle faisait des sculptures.

            Quelques années après, cette technique m'est revenue. J'avais des bouts de tissu, donc je me suis mise à en faire. Et voilà. Il y a un an et demi que je fais ces petits tableaux. J'ai eu l'occasion de les présenter une seule fois à Marseille. Et c'est la première fois que je suis dans ce festival, et avec bonheur.

 

                J.S-R. : On peut dire qu'à une ou deux exceptions près, votre création ne tourne qu'autour des visages ?

            G.L. : Non. Il y a tout. Il y a à la fois des œuvres complètement abstraites, conceptuelles, qui n'ont aucune signification particulière. En tout cas qui ne sont pas des visages.

J.S-R. : Pour ce travail, vous êtes donc uniquement dans l'esthétique ?

            G.L. : Oui, si vous voulez ! Recherche de forme. Recherche d'associations de couleurs. Travail des formes du tissu, comme celui où j'ai fait des plissages… Et puis, effectivement, je peux aller vers des visages, des petites poupées ; ou bien de tout petits personnages ; des associations à plusieurs, comme "La promenade en ballon", la "Photo de classe" ou "Les copains d'abord", "La veuve joyeuse", "Vive la mariée"… Tout cela, à partir de tout petits visages.

 

                J.S-R. : Vous dites "je travaille uniquement par bandes". Est-ce que, parfois, ce n'est pas frustrant ? N'avez-vous jamais envie d'aller en trois dimensions ?

            G.L. : Je travaille en deux dimensions. Je ne tourne pas autour. Effectivement, je pourrais. Ce sont des bas-reliefs ; mais je pourrais venir aux rondes-bosses, c'est-à-dire des sculptures. Parfois, j'y pense et des gens me l'ont suggéré. Mettre sur pieds. Vous avez raison de me poser la question. Et sans doute je vais y arriver ?

                J.S-R. : Est-ce facile et évident d'assortir les couleurs ? Parce que je vois que vous êtes coloriste. Sur une toile, on se dit telle couleur appelle telle autre. Mais dans ce travail par bandes…

            G.L. : C'est un peu la même démarche. J'aime les couleurs. J'ai toujours beaucoup aimé la couleur, même dans l'ameublement, l'appartement, etc. Et là, il est vrai que par moments, j'ai envie de travailler des couleurs froides ; ou au contraire des couleurs très chaudes. Cela se fait au fur et à mesure de la création. Je peux aussi travailler en contrastes, noir et blanc. Il y a donc chaque fois une petite démarche de départ.

 

ENTRETIEN REALISE A CHANDOLAS, AU FESTIVAL BANN'ART ART SINGULIER ART D'AUJOURD'HUI 2012.