NATHALY HERTWIG-GILLET, peintre et sculpteur

Entretien avec Jeanine Smolec-Rivais

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Jeanine Smolec-Rivais : Nathaly Hertwig-Gillet, voulez-vous me donner votre définition de votre travail ?

            Nathaly Hertwig-Gillet : C'est un mélange de tout ce qui est ma personnalité. On retrouve donc dans le graphisme les choses que j'aime au niveau esthétique dans mon look. Egalement, je reprends beaucoup de toiles que j'interprète à ma manière, version punk-rock : on y retrouve des références à la BD, au rock, au cinéma. Par exemple, les sculptures sont tout à fait délirantes et caustiques ! Tout peut être très violent, ou plein de choses psy. Mais, grâce aux couleurs qui tapent, certes, mais en même temps donnent un côté festif à cette violence, j'adoucis ces éléments violents en introduisant de l'humour. Par contre, j'ai besoin de dire des choses telles que je les pense, pour faire sortir mes émotions. Je ne calcule pas si ce sera à la mode, si cela plaira… Non ! Je fais ce que j'ai envie de faire dans le moment présent. Quand vous voyez mes œuvres, vous pouvez constater que je crée des choses très différentes, parce que j'ai besoin de varier : cela va des bijoux en pâte de résine ; aux sculptures en papier mâché, à l'aquarelle ; avec une majorité d'acrylique ; de la linogravure ; et de la céramique. J'aime vraiment varier complètement.

J.S-R. : Certaines de vos œuvres sont de toute évidence des autoportraits.

            N.H-G. : Oui, beaucoup.

 

                J.S-R. : Pour d'autres, ce n'est pas aussi évident, parce que, comme vous le disiez tout à l'heure, vous êtes proche de la BD, et il y a toujours un côté fictionnel dans les œuvres où on ne vous reconnaît pas.

            N.H-G. : D'accord. Dans certaines œuvres on ne me reconnaît pas physiquement ; mais, intérieurement elles me symbolisent.

 

                J.S-R. : En somme, dans votre esprit, même si physiquement vous n'êtes pas sur la toile, vous y êtes psychologiquement ?

            N.H-G. : J'ai besoin de faire des choses en rapport avec mes émotions, donc la réponse est oui. Plus je vais être dans une période de mal-être, plus ce que je dis sera violent. J'enchaîne à l'infini, et cela me libère. Ou alors, le travail est plus étudié, plus fouillé, je travaille moins dans l'urgence ; mais tout de même je tourne toujours autour de moi : par exemple, je peux reproduire une toile de Manet, avec mon personnage ! Et chaque fois, cela peut être moi, Nathaly" ou cela peut être moi "Lady Médusa".

 

                J.S-R. : Je voulais justement vous parler de "Lady Médusa" en train de fesser son bébé ! Ce qui est amusant, c'est qu'il a vraiment la tête d'un petit personnage de bande dessinée, et en même temps il a les fesses potelées d'un enfant !

            N.H-G. : Oui. Le personnage de Lady Médusa est né pour Banne : vous savez que pour le vernissage, nous devons chaque fois créer un chapeau. J'ai fait un chapeau de serpent, il m'a donné l'envie de le peindre. Et les désirs se sont enchaînés.

Il m'est arrivé sur certaines toiles, de reproduire à ma manière des personnes célèbres. Ici, j'ai réinterprété, mais de façon complètement différente, ce qui s'est passé avec des gens réels.

 

                J.S-R. : Je vois dans le coin d'un de vos tableaux, un portrait d'Andy Warhol : il me semble que l'esprit de vos tableaux est souvent comparable au sien ? 

            N.H-G. : Au départ, oui. Je pense que oui. D'autres gens pensent que, de même, je suis très proche de l'esprit de Frida Kahlo ! Le fait que je me représente si souvent !

            Il se trouve que j'ai créé beaucoup d'œuvres sur elle, parce que je me sens très proche d'elle dans ce que je sais de sa vie.

            En conclusion, je dirai que je suis quelqu'un d'allure joyeuse, souriante ; mais par contre, cela ne signifie pas qu'à l'intérieur, il n'y ait pas de blessures, et je pense que cela se voit dans mon travail.

 

                COURT ENTRETIEN REALISE A CHANDOLAS, AU XIXe FESTIVAL DE BANN'ART, ART SINGULIER ART D'AUJOURD'HUI, LE 18 MAI 2012.