Le plus surprenant, c'est cette peinture accrochée au-dessus des sculptures : Personnage incroyablement laid, aux yeux sans pupilles, obliques, maléfiques ; au nez plissé au-dessus d'une bouche béante aux dents régulièrement plantées certes, mais énormes, méchamment avancées comme pour mordre quiconque osera l'approcher ! Une barbe grise, aux poils en tous sens, frisottant ici et là ; des cheveux hirsutes, gris également, raides comme des baguettes. Nu. Un corps étrangement imberbe, tandis que les membres disparaissent sous de longs poils. Où donc Muriel Jouniaux a-t-elle pu trouver assez d'imagination pour peindre cette créature monstrueuse, allochtone assurément, bien que tellement humanoïde !? 

     D'autant que les nombreuses éléments qu'elle arrache à la terre, sont très réalistes bien que découpés en lanières pour bien montrer que ne restent que les os : tantôt têtes seules, tantôt en buste ! ou bien demi-corps inversé, les jambes couvertes de pustules, ne comprenant que le bas à partir de la taille et faisant "le poirier". 

          Quant aux autres "vivants", ils sont tronqués, manchots, culs-de-jatte, déjetés, visages vides, carrés, bombés, chevelus ou chauves, etc.  Comme si, malgré elle (ou très volontairement d'ailleurs ?), l'artiste se devait d'enlaidir ses modèles. A moins qu'il ne s'agisse d'humour carrément noir ?

D'autant encore que, lorsqu'elle en vient au végétal, elle réalise des petites merveilles de choux frisés, piquetés, bosselés, ajourés… idéalement modelés… aux feuilles largement écartées, comme pour justifier la possibilité de "naître dans un chou".