LES CREATIONS THEATRO-SCULPTURALES DE

HELENE MARTIN, peintre, sculpteur, etc.

(1912-2012)

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Triptyque
Triptyque

Récemment, Hélène Martin a réalisé, avec des matériaux insolites, une curieuse série de collages sur toile : Ainsi, fait-elle “voguer" une barque pisciforme en lambeaux de peaux tannées, dents véritables, cailloux et coquillages... dont les patibulaires têtes de matelots entraîneraient l’imaginaire du spectateur vers de possibles drakkars, n'était qu'une colombe en plumes authentiques fichée tout en haut du grand mât, le ramène vers l'Arche de Noé ! Il en va de même pour ses autres tableaux en reliefs où des murènes séchées, des racines contorsionnées comme des mandragores, des seins faits de pastèques jaunies ou des roseaux plumulés autour d’autels primitifs ont, sur sa géographie chrétienne, des résonances tout à fait païennes. Et que dire de ces personnages aux cheveux faits de copeaux de bois coupés façon rasta; aux moustaches-clés; corps-écorces ; yeux-grenades ... ? Ils sont, dans la pensée d’Hélène Martin, des Rois Mages cheminant dans le désert. Mais, pour le visiteur, ils témoignent de l’extravagance, la créativité d'une artiste habituée à détourner de leur fonction première des objets usuels ; les ennoblir en leur inventant une vocation décorative.

Dans ces détournements, son imagination est intarissable : Elle a, depuis des années, investi son jardin pour y nicher l'essentiel de son oeuvre et la plus originale ; y mettre en scène, entre roses trémières et arbres centenaires, de pittoresques personnages, animaux ou objets composites dont les couleurs, ressortant sur la végétation, leur donnent l'air d'immenses bijoux fantaisie sertis dans leur écrin ! Comme tous les artistes ayant authentiquement compris le sens du mot "assemblages”, Hélène Martin “a l'œil” pour placer côte à côte sans hiatus et avec humour, le hachoir de la grand-mère, le fer à cheval, le porte-manteau...; prolonger une anatomie en coiffant une gitane d'une selle de faucheuse ; doter une mariée d'une roue de machine à coudre en guise de jambes, etc. !

Ainsi, au gré des allées envahies d’herbes folles et des bouquets d'eucalyptus odoriférants, le promeneur “tombe”-t-il sur ces étranges hétéromorphes arrimés aux branches par des chaînes ou des filet s; battus par le mistral ou étincelant au grand soleil du Midi.

Car, sous cette théâtralité sculpturale, Hélène Martin accepte avec beaucoup de modestie et de philosophie, de rendre éphémère ce qui lui a coûté tant d'heures de complicité et de travail ; laisser se dégrader lentement ses créatures fictionnelles; se corroder les rebuts magnifiés qu’elle a, naguère, récupérés dans la nature

Mais au fond, ne sait-elle pas que, telles le Phénix, les fleurs - toutes les "fleurs”- de son jardin, renaîtront au printemps prochain ?

                                               Jeanine Rivais.

CE TEXTE A ETE PUBLIE DANS LE N° 58 DE SEPTEMBRE 1996 DU BULLETIN DE L'ASSOCIATION LES AMIS DE FRANCOIS OZENDA.

 

Hélène Martin terminant une vache en 1996
Hélène Martin terminant une vache en 1996

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ARTICLE DE PRESSE ANNONCANT LA TRISTE NOUVELLE TANT REDOUTEE DE TOUS LES ARTISTES : LA DISPERSION DE LEUR ŒUVRE !