GASTON DIEHL : LA PEINTURE EN FRANCE DANS LES ANNEES NOIRES

ou

comment les peintres, aînés ou jeunes, parvinrent pourtant à s’imposer entre 1935 et 1945 

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          Cette histoire d’une décennie de l’Art commence dans les années sombres de l’avant-Deuxième-Guerre, sur fond de luttes en Espagne et de bottes hitlériennes. Elle va crescendo au cours des “années noires”, au fil des  arrestations d’artistes, de migrations précipitées vers des  sols étrangers... Elle a été écrite par un vieux Monsieur qui est né avec le siècle et qui, devenu “Gaston Diehl”, a joué un rôle considérable dans sa deuxième moitié. Le jeune critique d’art d’alors, fondateur/animateur de revues d’une grande modestie, prenait des notes qui, mises bout à bout, constituent  une sorte de journal, de chronique infiniment vivante et précieuse, datant chaque événement personnel de son parcours poético-pictural. Peu à peu, cette histoire s’étoffe, se personnalise. Elle s’élabore tel  un roman traversé par des centaines de noms tombés dans l’oubli ou devenus référents de toutes les tendances artistiques (galeristes dont le nombre capable de s’investir semble aujourd’hui rétréci comme une peau de chagrin et dont certains d’alors ont payé de leur vie leur refus de se placer sous la férule de l’occupant , écrits, peintures, sculptures, poésies, styles abstrait, figuratif, etc.) Aucune exclusive n’était capable de canaliser ses enthousiasmes.

          Roman, ce livre en est bien un, où s’étoffe l’histoire, l’aventure en fait ; où l’auteur dit “je” ; place sur le même plan telle exposition importante et le mariage de “Breteau et de Denise...” ; suit les arcanes de ce microcosme grouillant qui a bouleversé l’horizon pictural, et dont il fut l’un des protagonistes actifs et attentifs. Roman, donc, mais jouant un rôle de mémoire : Gaston Diehl témoin d’un temps où il était au sommet de sa quête, de son intelligence, de son ouverture d’esprit.

Est-ce cet enchevêtrement de problèmes humains et artistiques qui a fait de lui, si grand dans l’histoire de l’art, un collaborateur fidèle et si modeste ? Lui qui aurait pu se contenter d’abreuver de son savoir, de sa culture, de son autorité les plus jeunes que lui, et qui devaient bien lui donner l’impression de batifoler comme des chiens fous, était un homme courtois, gentil, sachant dire sobrement une phrase qui devenait compliment. 

A-t-il considéré cet ouvrage paru quelques mois avant sa mort, comme une sorte de testament  historico-pictural ? C’est une chance, en tout cas, qu’il ait eu le temps de l’offrir  à la curiosité de ceux qui eurent l’honneur et la chance de le rencontrer, même un tout petit peu !

Jeanine RIVAIS

CE TEXTE A ETE ECRIT EN 2000 ET PUBLIE DANS LE N° 66 (ETE 2000) DE LA REVUE IDEART.