JACQUES CAPELOVICI, dit "MAITRE CAPELLO"

(19 décembre 1922-20 mars 2011)

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          D'origine roumaine, Jacques Capelovici, également connu sous le pseudonyme de Maître Capello (ou parfois Maître Capelo quoique à tort selon lui-même), était l'un des plus célèbres linguistes français qui a mis son amour de la langue française au service du grand public. Figure populaire du petit écran, il était  intraitable sur la grammaire. Son premier passage à la télévision remonte à 1970, avec le jeu "Pourquoi". À partir de 1976, il fut animateur de jeux télévisés francophones, dont Les Jeux de 20 heures sur FR3. Il apparaissait également régulièrement dans d'autres émissions de télévision pour des interventions ponctuées de son fameux "de bon aloi". Amoureux de la langue, mais intransigeant sur son usage il rappelait que "le whisky n’est pas une boisson alcoolisée, mais une boisson alcoolique. Une boisson alcoolisée c’est par  exemple du jus d’orange dans lequel on introduit de la vodka".

          Jacques Capelovici lisait le braille, était agrégé d'anglais, certifié d'allemand, diplômé d'italien et de scandinave ancien. Il fut professeur d'allemand, puis professeur d'anglais dans différents prestigieux lycées. 

 

(La légende veut  que, lorsqu'il était professeur  au lycée Lakanal de Sceaux  il piquait des colères mémorables, à tel point que ses élèves imitant son style auraient alors déclaré : "dans ces cas-là il faut mettre un terme au maître"…

Terme : du latin terminus termini : borne, limite, fin, extrémité, cessation.)

 

Maître Capello, la leçon de français : la disparition de la négation
Maître Capello, la leçon de français : la disparition de la négation

Il affectionnait les calembours (¹) et l'un de ses plus connus était : "C'était une femme qui avait épousé son temps... comme Simone Signoret !". ("Son temps",  donc pour elle : Montand). Il révélait également à ses élèves les secrets du palindrome (²) en prononçant régulièrement son exemple fétiche  : "Éric notre valet alla te laver ton ciré", ajoutant négligemment qu'on pouvait tout aussi bien remplacer Éric par Luc ! Il est également l'auteur du palindrome : "Esope reste ici et se repose".

Chaque année Jacques Capelovici allait faire passer les épreuves du baccalauréat aux détenus de la prison de Fresnes, se faisant un plaisir d'apparaître devant les caméras de télévision, hilare, descendant du "panier à salade" qui l'amenait sur les lieux.

Il figurerait comme correspondant épistolaire d'Étiemble dans son livre de 1964 : "Parlez-vous franglais ?". Il était créateur de mots croisés et fléchés pour divers journaux, en particulier Télé 7 jours. Il fut, de 1969 à 1981, juge-arbitre au Francophonissime (rebaptisé Francophone d'or en 1980-1981). Et participa à de nombreuses autres émissions télévisées.

 

Une autre légende, plus sérieuse, celle-ci, veut que, à la fin de sa vie, chacun se retrouve aux Champs Élysées ou simplement à l’Élysée : ( en grec ancien/ Elision podion ) "lieu frappé par la foudre", expression désignant  le lieu des "Enfers" où les héros et les gens vertueux goûtent le repos après leur mort. En ce lieu, Maître Capello affirme-t-il déjà son amour de la langue française ?

                                    Jeanine RIVAIS

 

"Maître Capello est mort" (Les Inrocks)
"Maître Capello est mort" (Les Inrocks)

Un calembour :  

Jeu d'esprit fondé soit sur des mots pris à double sens, soit sur une équivoque de mots, de phrases ou de membres de phrases se prononçant de manière identique ou approchée mais dont le sens est différent. Exemples : Marionnettes / Les filles qu'on marie honnêtes. L'un des plus célèbres et irrévérencieux calembours se trouve dans Polyeucte de Corneille, (I, 1, v.41-42) :

"Vous me connoissez mal : la même ardeur me brûle,

Et le désir s'accroît quand l'effet se recule".

** Etymologie : D'après Chasles (Études sur l'Allemagne, 1854), l'origine de ce mot est le nom de l'abbé de Calemberg, personnage plaisant de contes allemands. Au XVIe siècle, les calembours se nommaient équivoques (voy. DES ACCORDS, Bigarr. équivoques françois).

** Un communiqué de M. Félix Bovet, a le mérite de fixer à peu près l'époque où le mot s'est introduit, il y a tout juste un siècle : "un calembour est une espèce de jeu de mots, sans mérite, selon moi, et que l'on se permet pourtant très fréquemment dans nos sociétés ; le marquis de Bièvre est surtout fameux pour sa facilité prodigieuse en ce genre", (Lettre du 18 février 1775, dans Correspond. secrète, polit. et litt. ou Mémoires pour servir à l'histoire des cours, des sociétés de la littérature en France depuis la mort de Louis XIV, t. I, p. 200).

 

Un palindrome : 

Le palindrome (substantif masculin), du grec pálin ("en arrière") et drómos ("course") est une figure de style appelée aussi "palindrome de lettres", c'est-à-dire un texte ou un mot dont l'ordre des symboles (lettres, chiffres, etc.) reste le même qu'on le lise de gauche à droite ou de droite à gauche comme dans l'expression "Ésope reste ici et se repose".

** Quelques exemples : "Engage le jeu que je le gagne". "La mariée ira mal". "À l'étape, épate-la !" (Louise de Vilmorin).

** Certains se sont même amusés à inscrire le mot "palindrome" lui-même dans des palindromes : "Caser vite ce palindrome ne mord ni lape cet ivre sac" (Matthieu Godbout)

Le palindrome appartient aux jeux de mots.