LES HUMANOÏDES DE GAËTAN GRIMAUD, sculpteur

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Métal ? Bois ? Bois et métal ? Métal et bois ? Depuis combien d'années Gaëtan Grimaud, créateur d'Art-Récup, joue-t-il ainsi à composer avec (ou sans) l'un et l'autre matériaux, des œuvres humanoïdes conçues à partir d'objets a priori artistiquement non-signifiants, d'éléments de la nature ou industriels, toujours usés par le passage du temps et mués en autant de sculptures tantôt pittoresques, tantôt ironiques, bon enfant, etc. (mais ces qualificatifs seraient souvent interchangeables).

          Allant au plus simple, il présente  des constructions de corps incomplets, grosses têtes sur un unique pédoncule ; sculptures murales qui, bien que de compositions identiques, prennent des airs de tableaux proposant une différence d’approche avec celles qui sont autonomes. 

          Pour lesquelles, et quelles que soient les variantes générées par des années de recherche, il est des récurrences qui corroborent l'originalité de cet artiste, auteur d'une œuvre protéiforme, apparemment toujours différente et néanmoins toujours la même. Cette série, véritable pied de nez à la géométrie, emmène le visiteur dans un monde d'individus très raides, aux corps tubulaires ou parallélépipédiques démesurément allongés, au-dessus desquels se dressent des têtes ovales, rectangulaires… pleines avec le nez, la bouche, les yeux en relief, ou réduites à de simples anneaux… Perchés sur des jambes toujours filiformes, complètement disproportionnées des corps ! Des êtres, donc, la plupart du temps irréalistes, fantasmagoriques, que l'on pourrait en somme définir comme des corps anarchiques. Rangés en rang d'oignons devant ce visiteur, comme pour lui faire prendre conscience de leurs disparités/similarités évoquées ci-dessus.

          Une démarche, en somme à la fois obsessionnelle et surprenante, l’expression de ces corps roides laissant le champ libre aux émotions nées des résistances différentes suivant les provenances des volumes ou des aplats... du vécu de l’objet qu’il investit ; du marteau ou de la pince qui, assemblant les éléments, génèrent des êtres nouveaux, prêts à se ranger aux côtés de leurs aînés… Démontre ce que peut être le cheminement idéal d'un esprit, à partir de ces matériaux vulgaires évoqués ci-dessus.

 

Ainsi, ce petit monde stylisé, d’apparence lourde et solide, génère-t-il une création vivante, tonique et généreuse, pleine d’humour qui, au fil des années en est venue à situer Gaëtan Grimaud dans une démarche prévenant toute classification !

Jeanine RIVAIS

TEXTE ECRIT SUITE AU BIZ'ART FESTIVAL 2016 DE HAN-SUR-LESSE EN BELGIQUE.