GENEVIEVE PARRENO-TALON, peintre et sculptrice

ENTRETIEN AVEC JEANINE SMOLEC-RIVAIS

*****  

Jeanine Smolec-Rivais : Geneviève, vous faites peintures et sculptures ? 

Geneviève Parreno-Talon : Oui. 


J.S-R. : Sculptures d'Art-Récup' ?

G.P-T. : Oui, tout à fait. C'est le même principe pour les tableaux que pour les sculptures. 


J.S-R. : Donc, vous récupérez également pour les peintures ? 

G.P-T. : Pour les tableaux, c'est surtout tout ce qui est partitions.


J.S-R. : Je peux donc dire que pour les sculptures, vous récupérez ce qui appartient au quotidien ; et pour les tableaux ce qui concerne l'intellect ? 

G.P-T. : Oui, on peut le formuler ainsi. 


J.S-R. : Certains de vos tableaux ne proposent que la tête. Je pourrais même dire le crâne plutôt que la tête, parce que la partie charnue est pratiquement disparue.. Est-ce le goût du morbide ? Ou autre chose ?  

G.P-T. : Ce sont plutôt des masques que des visages. 

J.S-R. : Mais, dans la mesure où vous amorcez un cou, le visiteur n'a pas l'impression qu'il s'agit d'un masque ! Les autres, oui effectivement, parce que vous les avez réalisés de face et en gros plan. Tandis que le premier me semble, comme je l'ai dit, être un crâne. 

Le tout est très structuré, voire découpé. Découpé pour qu'ils paraissent plus brutaux ? 

G.P-T. : Non, c'est une recherche de volumes. Ce sont des collages, de nouvelles techniques…


J.S-R. : De nouvelles techniques pour vous, parce que le collage est vieux comme le monde ! 

D'autres personnages sont "entiers". Par contre, eux aussi sont extrêmement découpés. Peut-on dire que vous vivez dans un monde ultra-structuré ?

G.P-T. : Pas du tout ! 


J.S-R. : Alors, vous trompez votre monde ! 

G.P-T. : Je ne parle pas que du personnage, je parle du fond, de l'écriture… 


J.S-R. : Puisque vous parlez du fond, on peut dire que tous vos tableaux sont sur des fonds non signifiants ? 

G.P-T. : Oui, par opposition… 


J.S-R. : Pourquoi ? Parce que vous avez peur que si vous mettiez des maisons derrière, ou des arbres, etc…

G.P-T. : Non ! non non ! C'est ainsi, voilà. Je dois dire que je découvre le résultat presque en même temps que vous. Il n'y a aucune réflexion sur ce choix. 

J.S-R. : Reprenons un peu notre échange : Vous me dites : "Non, je ne les trouve pas structurés" ! Quand je dis "structurés", j'entends par là que vous avez découpé le corps, les bras, les jambes, etc. Si vous ne les trouvez pas structurés, que sont-ils pour vous ? 

G.P-T. : Non, je parle de l'ensemble. L'ensemble n'est pas structuré. C'est un mélange. C'est du moins ainsi que je le ressens.


J.S-R. : Parlons des écritures qui sont dessus. Apparemment, beaucoup de musiques. Des écritures anciennes. Et, apparemment de l'écriture au porte-plume.

G.P-T. : C'est moi qui écris ainsi. 


J.S-R. : Il me semble que ces écritures seraient un peu militantes ? 

G.P-T. : Oui. Là, par contre, oui ! Il y a vraiment une recherche de ma part pour trouver des phrases. Je suis partie de l'écriture pour créer des éléments drôles.


J.S-R. : Alors, quand vous choisissez "Egalité", "Peine légère", "Sais-tu" ? cela signifie-t-il que vos personnages sont supposés démontrer quelque chose ? Et quoi ? 

G.P-T. : Ah ! Là…


J.S-R. : Secret ? 

G.P-T. : Je me crée des petites histoires avec mes personnages. 


J.S-R. : Venons-en à vos sculptures : Aucun doute possible, nous sommes en plein dans la Récup' ! Certains éléments sont vieux, couverts de rouille… D'autres, au contraire, sont flambants neufs comme la passoire : que faut-il pour qu'un objet que vous avez trouvé sur une décharge  ou dans une poubelle… vous paraisse évident pour le mettre dans une sculpture ? 

G.P-T. : En fait, cela fonctionne autrement. Il y a toujours une pièce de démarrage que je prends, et ensuite je joue avec les trois éléments.


J.S-R. : Donc, métal, bois et textile ? 

G.P-T. : Oui. Et, ensuite, je mets des patines. 


J.S-R. : Un autre groupe –et je ne voudrais pas que vous croyiez que c'est une idée fixe !- me semble moins découpé. Certains n'ont carrément pas de jambes, vous avez en fait juste une masse. Et certaines me semblent plus colorées que celles dont nous avons précédemment parlé. Y a-t-il une raison ? 

        G.P-T. : Non. Tout dépend de mon humeur.

J.S-R. : Et les petits personnages que vous avez posés sur une étagère, sont en terre ? 

G.P-T. : Oui.


J.S-R. : Vous les faites cuire ? 

G.P-T. : Oui, j'ai un four.


J.S-R. : Eux sont complètement différents 

G.P-T. : C'est surtout leur masque.


J.S-R. : Vous avez parlé à plusieurs reprises de masques. Pourquoi cette obsession du masque ? Pour vous cacher derrière, comme vous le faites pour me répondre ? 

        G.P-T. : Aucune idée ! Parce que, pour moi, le masque me donne de nombreuses facettes.


J.S-R. : Mais le masque ne donne pas l'idée que l'on a des facettes. Il est supposé rendre un sentiment.

G.P-T. : Pour moi, c'est le rôle du masque : avoir une interrogation sur le visage.


J.S-R. : Parce qu'en général, quand on peint un masque, c'est comme je viens de le dire, pour révéler un sentiment : la méchanceté, la gentillesse… Dans l'Antiquité, c'était le rôle primordial du masque. Mais vous avez l'air de dire que ce n'est pas du tout le rôle du vôtre ? 

G.P-T. : Non, en effet. Ce n'est pas dans cette idée-là. C'est plus pour interroger le regard du personnage.


J.S-R. : Venons-en à ma question traditionnelle : Y a-t-il d'autres thèmes dont vous auriez aimé parler et que nous n'avons pas abordés ? Des questions que vous auriez aimé entendre et que je n'ai pas posées ?

G.P-T. : Non, ce que nous avons dit me convient.

ENTRETIEN REALISE DANS LES ECURIES DU CHATEAU DE BANNE, LE SAMEDI 31 MAI 2014, LORS DU XXIIIe FESTIVAL BANN'ART ART SINGULIER ART D'AUJOURD'HUI.