CHRISTIAN DONIN, peintre

ENTRETIEN AVEC JEANINE SMOLEC-RIVAIS

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Sans titre
Sans titre

Jeanine Smolec-Rivais : Christian Donin, à quel titre êtes-vous à Banne ; car il me semble difficile de croire que vous avez demandé à être sur la liste des artistes Singuliers ?

Christian Donin : En effet, j'y suis plutôt pour l'Art d'aujourd'hui. Mais en même temps, je ressens l'Art singulier sur mon écran d'ordinateur, puisque je fais du dessin que je transforme ensuite sur un logiciel photos pour y créer des transparences, des textures, de la lumière… Si je laisse vagabonder mon imagination, tout en la maîtrisant sur certains sujets, ou quelques visions, je peux avoir une idée du monde, des choses qui nous entourent.

 

J.S-R. : On pourrait donc dire que ce que vous proposez est uniquement un travail technique ?

Ch.D. : Oui et non, il y a de la technique, mais c'est en même temps un travail artistique. Une technique qui est faite avec deux logiciels, un de dessins, et un de photos.

Rêve inca
Rêve inca

J.S-R. : L'harmonie que le spectateur peut constater sur vos cimaises, tient à mon avis à ce que vous êtes un bon coloriste. Vos couleurs vont bien ensemble. Parfois elles se prolongent ; d'autres fois vous jouez sur les contrastes. Mais dans l'ensemble, elles sont harmonieuses et douces.

Ch.D. : Oui.

 

J.S-R. : Certaines sont plus géométriques, d'autres plus fantaisistes, même oniriques. Qu'est-ce qui fait qu'à un moment, vous choisissez les premières ou les secondes ?

Ch.D. : Au départ, c'est l'influence du moment. Ou, s'il m'est venu une idée, je vais partir sur un dessin. Mais, par contre, je peux partir de formes complètement géométriques, et les transformer au fil du temps. Il y a des moments où j'aime bien rester dans la géométrie ; et d'autres moments où je la tords, je la persécute !

Dans le même sens de travail de la photo, je fais des panoramas, des paysages. Surtout ceux d'Ardèche.

 

J.S-R. : Des paysages réalistes ? Ou fantasmés ?

Ch.D. : Des paysages réalistes. Que je travaille d'après photos. Et que je transforme ensuite en tableaux. Je n'ai apporté ici que de l'Art numérique relevant de mon imaginaire, plutôt que des paysages qui sont basés sur quelque chose d'existant.

Carré psy
Carré psy

J.S-R. : Vous avez travaillé l'un de vos tableaux comme les ergs africains, comme les sables du désert. C'est donc du trompe-l'œil ?

Ch.D. : Oui. C'est du trompe-l'œil. C'est pour donner une impression de relief et de profondeur. En même temps, j'ai travaillé énormément la lumière. Nous sommes sur de la toile, sur laquelle on ne voit pas normalement la lumière. C'est dû à un jeu de couleurs entre le blanc et des couleurs très vives.

 

J.S-R. : Lorsque vous intitulez l'un de vos tableaux "Carré psy", faut-il comprendre que votre cerveau a été particulièrement sollicité ?

Ch.D. : Oui, bien sûr.

 

J.S-R. : Ce sont des neurones ?

Ch.D. : Oui. Les pulsions cognitives. Ce que nous avons en nous mais que nous ne voyons pas forcément.

 

J.S-R. : En tout cas, les couleurs et les rapports de formes sont magnifiques.

Ch.D. : Sur certains tableaux, j'ai travaillé la lumière pour faire ressortir la texture. Ailleurs, j'ai joué sur la transparence, afin que l'on puisse voir en profondeur, que l'on puisse entrer dans le tableau.

Sucre d'orge
Sucre d'orge

J.S-R. : Pour le reste, c'est comme pour quelqu'un qui aurait un crayon à la main, et qui en jouerait sans réfléchir ?

Ch.D. : Oui. D'ailleurs, pour les dessins je travaille maintenant beaucoup plus directement sur l'ordinateur. Les premiers dessins que j'ai faits étaient au crayon. Puis, je les ai scannés et je les ai repris sur l'ordinateur. Et c'est seulement après que j'ai apporté des couleurs, des formes, des reliefs, des ombres.

 

J.S-R. : "Débilération" : c'est un jeu de mots volontaire ? Ou une erreur ? Vu que vous aviez deux taches, on pouvait penser qu'elles se répondaient ?

Ch.D. : Oui. "Débilération" au lieu de "Délibération". C'est d'ailleurs assez trouble au niveau de la mise en page. C'est pourquoi je l'ai mis avec un côté un peu humoristique.

 

J.S-R. : En fait, quand je regarde vos titres qui ne me semblent ni redondants ni prolongeant l'œuvre, mais indépendants, je me demande comment vous les choisissez ?

Ch.D. : Tout dépend du moment. Et même, quand j'expose les tableaux, il m'arrive de changer de titres. Mes tableaux n'ont pas un titre définitif. Certains, oui, comme "Sucre d'orge" qui n'a jamais changé.

Turbulences françaises
Turbulences françaises

J.S-R. : Et c'est par hasard que vous vous êtes arrêté devant une machine qui marque le passage du temps ?

Ch.D. : C'est complètement par hasard. Là-haut, j'ai appelé un tableau "Turbulences françaises", parce que j'ai trouvé que mon dessin ressemblait à la France. Avec l'hexagone, et les troubles que nous sommes en train de vivre. Mais j'ai voulu une France qui bouge, qui soit un peu déformée.

 

J.S-R. : Question traditionnelle : Y a-t-il d'autres thèmes dont vous auriez aimé parler et que nous n'avons pas abordés ? Des questions que vous auriez aimé entendre et que je n'ai pas posées ?

Ch.D. : J'aurais pu dire que je fais des tirages sur toile. J'ai eu pendant longtemps du mal à me considérer comme artiste puisque je ne fais rien de mes mains : je prends mes photos, je les retravaille ou je fais du dessin sur ordinateur, Petit à petit, je commence à me considérer un peu plus, ayant un degré artistique un peu plus évolué. Et maintenant, cela ne me dérange plus.

 

ENTRETIEN REALISE DANS LA SALLE POLYVALENTE DE CHANDOLAS, LE SAMEDI 31 MAI 2014, LORS DU XXIIIe FESTIVAL BANN'ART ART SINGULIER ART D'AUJOURD'HUI.

Mobilisation / Sans titre / Elucubrations électriques
Mobilisation / Sans titre / Elucubrations électriques