Apparemment, personne ne connaissait son nom. Il vivait dans une caravane au milieu d’un champ du hameau de Kéraliou par Porz Caro, près de Plougastel Daoulas, dans le Finistère.    

           Au fil des années, il avait peuplé ce lieu d’une multitude de petites scènes réalisées avec des matériaux de récupération, sortes de stèles ou d’autels, grands masques, moulins à vent, promeneurs la canne à la main, etc.    

           Haude Bernabé (sculpteur), dont la famille vit dans cette région, l’avait découvert au hasard d’une promenade. Touchée par la beauté de ce site créé par un vieil homme solitaire, elle m’en avait parlé, et je projetais de m’y rendre à mon tour cet été !     

 

          C’est en téléphonant à l’Office du Tourisme pour demander son nom, pensant naïvement pouvoir prendre rendez-vous avec lui, que j’ai appris l’épilogue sinistre de cette belle histoire ! Le vieil homme est mort on ne sait trop quand : novembre ou décembre ? Quelques jours après, TOUT avait disparu du champ ! Les héritiers ? Les propriétaires ? Par mépris de ces créations autodidactes et volonté de les laisser disparaître ? Par goût au contraire de ces mêmes créations, et volonté de les empêcher de disparaître ? Dans ce dernier cas, ce serait un miracle, car elles seraient ainsi sauvées, mais où seraient-elles alors déposées ? ! A la réflexion, il est hautement improbable qu’elles aient été volées pour être installées ailleurs ! Alors, direction la décharge ? Plus vraisemblablement!      

          Tout de même, aux dernières nouvelles, l’une des plus grandes statues est postée devant la porte d’un restaurant de Plougastel... Quel que soit l’itinéraire suivi pour parvenir jusque-là, au moins sera-t-elle -même unique- le témoignage qu’une oeuvre originale a bel et bien existé pour illuminer une vie !                                    Jeanine RIVAIS   

  Photos Haude Bernabé

 

CE PETIT TEXTE A ETE PUBLIE DANS LE N° 68 D'OCTOBRE 1998 DU BULLETIN DE L'ASSOCIATION LES AMIS DE FRANCOIS OZENDA.