ANDRE ROBILLARD, CREATEUR DE FUSILS, DE FUSEES ET AUTRES MOYENS D'ALLER DANS LE COSMOS.

*****

andré robillard jouant de l'accordéon
andré robillard jouant de l'accordéon

(André Robillard, debout dans la minuscule allée qui slalome à travers les trois pièces, de l'entrée à son lit, entre les couches de sacs remplis de matériels (matériaux) les plus divers, joue de l'accordéon avec une grande énergie, une grande maîtrise, un grand talent !

 

Il est sidérant de constater que dans sa cour, ne traînent pas le plus petit pétale de rose, la moindre feuille d'arbre ; que son pigeonnier est d'une rigoureuse propreté ; alors qu'il a besoin de cette accumulation de sacs à l'intérieur de sa maison, dont la porte, d'ailleurs, ne s'ouvre plus qu'à moitié, à cause des crosses entassées derrière).

 

Jeanine Rivais : Bravo et merci ! Vous jouez vraiment bien de votre instrument ! Nous voilà chez vous parce que, depuis longtemps j'admire vos fusils, et c'est Madeleine Lommel qui m'a dit où vous dénicher. Quand réalisez-vous ces belles œuvres que tout le monde connaît maintenant ? Et où trouvez-vous tous ces matériaux qui nous entourent ?

            André Robillard : Je travaille plutôt le soir, vers 6h1/2, 7 heures. Le bois, je n'ai pas de mal, parce que je vais à la menuiserie. Les autres, je vais les chercher à la décharge ; ou on m'en apporte. C'est qu'il m'en faut, des boîtes, des objets de toutes sortes, des rouleaux de scotch, des tubes en métal pour faire les canons. Et les stylos pour mettre mes inscriptions !

 

            J.R : Quel est votre métier ? Avez-vous encore un travail à l'extérieur, ou travaillez-vous seulement ici ?

            A.R. : Je travaillais à la station d'épuration de l'hôpital. Mais maintenant, il faut que je m'occupe de mes oiseaux, mes fleurs, tout ça ! Parce que je suis à la retraite, depuis au moins dix ans : j'ai 70 ans ! Depuis le 1er novembre 91.

 

            J.R : Mais vous n'avez même pas un cheveu blanc !

            A.R. : Non, je n'ai pas de cheveux blancs. C'est formidable, hein ! Je suis bien conservé !

les oiseaux d'andré robillard
les oiseaux d'andré robillard

(Par moments, les oiseaux qui sont dans une cage accrochée au mur, lancent un cri strident). Puis, le chien passe devant nous, et André nous explique que c'est une "oreille de cochon", parlant apparemment de la race du chien).

 

            J.R : Est-ce que beaucoup de gens viennent vous visiter ?

            A.R. : Quelquefois.

 

            J.R : Vous vivez ici depuis combien de temps ?

            A.R. : Depuis que j'ai quitté mon père et ma mère. Depuis mon enfance, quand j'avais 9 ans, j'allais à l'école à côté. J'étais dans un internat de garçons à Bourneville, c'est une école dans l'hôpital. Et puis je suis venu vivre là. Vous vous rendez compte, j'y suis depuis 1939 ! J'avais 19 ans. Mon père habitait près de Giens. Il était garde forestier. Je me demande souvent si je lui ressemble. Il y a des gens qui disent que j'ai des grosses mains comme lui !

 

            J.R : Vous dites que vous êtes allé à l'école. Vous avez eu une scolarité normale ?

            A.R. : Oui, oui. J'ai appris à lire et à compter.

 

            J.R : Et pourquoi votre père vous avait-il amené ici ?

            A.R. : Eh bien, parce que j'étais un peu nerveux. J'avais un peu les nerfs, mais sans être dangereux. C'est à cause des nerfs qu'on m'a amené là.

 

            J.R : Et vous êtes resté dans un pavillon depuis le début ?

            A.R. : Oui, dans un pavillon.

andré robillard et un de ses fusils
andré robillard et un de ses fusils

J.R : Dès le début, vous faisiez des sculptures ?

            A.R. : Au début, non. J'ai commencé en mars 64.

 

            J.R : Qu'est-ce qui vous a amené à l'idée de faire des sculptures ?

            A.R. : C'est une marotte qui m'est passée par la tête. C'est marrant, hein !

 

            J.R : Et tout de suite, vous vous êtes mis à ramasser des objets ?

            A.R. : Oui, ramasser des choses. J'ai eu l'idée de faire un machin. De faire un fusil. Et puis j'ai pris une scie. Et j'ai continué. J'ai persévéré. Et ça y est, c'était déclenché.

 

            J.R : Pourquoi des fusils ?

            A.R. : Parce que, quand j'étais petit, mon père allait à la chasse, et il me laissait regarder son fusil. C'est venu naturellement. Ca m'a donné tellement de plaisir, après le premier, que j'ai recommencé.

 

andré robillard, jeanine rivais et le chien
andré robillard, jeanine rivais et le chien

J.R : Et cette création vous a calmé ?

            A.R. : Oui, oui.

 

            J.R : Vous prenez des médicaments ?

            A.R. : Non, sauf quelquefois quand mes nerfs reprennent le dessus.

           

            J.R : Un médecin s'occupe de vous ?

            A.R. : Non, sauf si j'ai un problème. Dans ce cas, je fais appel à lui.

 

            J.R : Vous croyez que ce sont vos sculptures qui vous ont permis de vous calmer de cette façon ?

            A.R. : Je crois. Parce que quand j'en fais, ça va mieux. Et quand j'ai le cafard, tout ça, je m'y remets. Je me rends compte que c'est ce travail qui a changé ma vie.

 

            J.R : Qui a commencé à s'intéresser à vos sculptures ?

            A.R. : Eh bien, c'est le docteur Paul Renard.

 

            J.R : Qu'est-ce qu'il a dit, lorsqu'il a vu vos fusils ?

            A.R. : Il a été impressionné par mes fusils, et il en a envoyé un à Lausanne. Vous connaissez ce musée ? Et puis, il y a eu cette dame de l'Aracine, Madeleine Lommel.

 

            J.R : Oui, j'ai visité Lausanne. Comment avez-vous connu Madeleine Lommel ? Elle a vu vos œuvres à Lausanne ?

            A.R. : Elle est venue ici. Elle avait vu mes œuvres à Lausanne. Elle a constaté qu'elles étaient intéressantes, et c'est là qu'elle est venue me voir. Elle a demandé l'adresse, et elle est venue. Et c'est grâce à elle que je suis ici aujourd'hui ! Elle est gentille, hein !

andré robillard et michel smolec prenant l'apéritif
andré robillard et michel smolec prenant l'apéritif

J.R : Et cette création vous a calmé ?

            A.R. : Oui, oui.

 

            J.R : Vous prenez des médicaments ?

            A.R. : Non, sauf quelquefois quand mes nerfs reprennent le dessus.

           

            J.R : Un médecin s'occupe de vous ?

            A.R. : Non, sauf si j'ai un problème. Dans ce cas, je fais appel à lui.

 

            J.R : Vous croyez que ce sont vos sculptures qui vous ont permis de vous calmer de cette façon ?

            A.R. : Je crois. Parce que quand j'en fais, ça va mieux. Et quand j'ai le cafard, tout ça, je m'y remets. Je me rends compte que c'est ce travail qui a changé ma vie.

 

            J.R : Qui a commencé à s'intéresser à vos sculptures ?

            A.R. : Eh bien, c'est le docteur Paul Renard.

 

            J.R : Qu'est-ce qu'il a dit, lorsqu'il a vu vos fusils ?

            A.R. : Il a été impressionné par mes fusils, et il en a envoyé un à Lausanne. Vous connaissez ce musée ? Et puis, il y a eu cette dame de l'Aracine, Madeleine Lommel.

 

            J.R : Oui, j'ai visité Lausanne. Comment avez-vous connu Madeleine Lommel ? Elle a vu vos œuvres à Lausanne ?

            A.R. : Elle est venue ici. Elle avait vu mes œuvres à Lausanne. Elle a constaté qu'elles étaient intéressantes, et c'est là qu'elle est venue me voir. Elle a demandé l'adresse, et elle est venue. Et c'est grâce à elle que je suis ici aujourd'hui ! Elle est gentille, hein !

au restaurant
au restaurant

J.R : Cela vous laisse le temps de nous en faire, encore, des fusils !

            A.R. : Oui, oui, oui ! Et puis cela m'aide à rester jeune ! Il y a des personnes qui ne marchent plus à cet âge-là. Moi, ça m'aide à rester jeune !

 

(André reprend son accordéon et joue en chantant, et rauquant : "C'est un gentil p'tit gars…" Puis un pot-pourri de chansons d'après-guerre). Indiquant de ce fait que, pour le moment, l'entretien est terminé.

 

Il invite alors Michel Smolec qui était resté bien silencieux à côté de nous, à "prendre un petit Ricard". Pas moi, d'ailleurs, semblant indiquer que l'apéritif est une affaire d'hommes.

 

Puis, nous l'emmenons au restaurant où il aime beaucoup aller déjeuner avec "des amis". L'appétit de ce petit bonhomme est incroyable ! Où met-il tout cela, lui qui est "sec comme un coup de trique" ?

 

Enfin, l'après-midi, il nous emmène dans une salle de l'hôpital à laquelle il accède librement, et nous montre sur un papier blanc d'environ 3 mètres sur 2, scotché au mur, une immense fusée en cours d'exécution).

michel smolec et andré robillard devant une fusée
michel smolec et andré robillard devant une fusée

 

            J.R : Il y a longtemps que vous dessinez des fusées ?

            A.R. : Des fusils, j'en ai toujours fait. Je dis toujours que c'est pour tuer la misère. Mais les fusées, c'est pour m'en aller ailleurs, dans d'autres mondes. Quand je pourrai, j'en ferai des vraies.

 

            J.R : J'ai hâte de les voir. Merci en tout cas de votre gentillesse, et d'avoir bien voulu nous accueillir. Nous avons passé une très bonne journée.

            A.R. : Eh ben, moi aussi. C'est difficile à conduire, une auto ?

            Michel Smolec : Un peu. Vous voulez monter dedans ?

 

(Heureux comme un enfant, André s'installe au volant, les deux mains sur le volant pour s'en aller loin ! )      

le volet de la porte chez andré robillard
le volet de la porte chez andré robillard

CET ENTRETIEN QUI A ETE REALISE AU COURS DE L'ETE 2002, A FAIT L'OBJET D'UN TEXTE PUBLIE DANS LE N° 73 du BULLETIN DE L’ASSOCIATION LES AMIS DE FRANCOIS OZENDA, de MARS 2003 : "ANDRE ROBILLARD, SES FUSEES ET SES FUSILS, ou COMMENT UNE ŒUVRE PEUT BOUTER UN CREATEUR HORS DE CHEZ LUI…"

*****