LA FLEUR DE L’AGE

100 POEMES, 24 JEUNES POETES D’AUJOURD’HUI 

 Prix Rimbaud 1996

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Ce recueil est préfacé par JACQUES CHARPENTREAU  :  n’ayant pas sa langue dans sa poche, il nargue Fontenelle, le mauvais prophète qui, au XVIIIe siècle, prédisait la mort définitive de la poésie ! Membre du jury du Prix Rimbaud, Jacques Charpentreau  (Le sexisme n’est-il pas toujours au coin du bois, fût-il de bibliothèque ?) s’extasie sur le fait que la parité hommes-femmes y soit établie entre les lauréats ! 

Certes, la poésie est bien vivante, en cette fin  de XXe siècle, mais certainement pas  grâce  aux 24 “jeunes poètes” retenus pour LA FLEUR DE L’AGE ! Et d’abord, (sans présumer de ce qu’ont été les prix des trois années suivantes), faut-il absolument (à trois exceptions près), être étudiant ou professeur pour intéresser ce jury ? A juger par la notule/ curriculum attachée à chaque nom, il semble bien que oui ! Et, qu’en vers libres, en vers rimés ou poèmes en prose, il faille en outre posséder sur le bout des doigts ses référents incontournables (Rimbaud, bien sûr, Prix oblige, Baudelaire, etc.) ; posséder déjà tellement de savoir-faire que l’on puisse, sans en avoir l’air, mettre ses pieds dans leurs sabots ! Au point que même le titre du recueil soit un clin d’oeil aux FLEURS DU MAL !

 

Dix-huit à vingt-cinq ans ! Tel est l’âge requis pour s’inscrire à ce prix. Ces jeunes poètes retenus (quel est l’âge moyen du jury ?) sont donc “la relève”. Or, qu’écrivent-ils ? “Je serais la muse / Vous le poète / Vous prendriez mon luth : Et me donneriez un baiser...” (Zohra Karim) ; “Non, plus de népenthès ! /Plus jamais, Edgar Poe,/ A crié le corbeau dans son errance ébène...” (Isabelle Larpent) ; “Triple Hécate à l’oeil jaune aux mines de saphir...” (Serges Ravennes) ; etc.

Où est la révolution dans la forme et dans le fond qu’apportaient à leur époque les Rimbaud, les Verlaine... ? Où sont les problèmes existentiels et les états d’âme tourmentés éprouvés par ces poètes supposément témoins de leur temps ? Où sont l’outrance, la provocation qui, à l’instar de leurs modèles, les feraient  mettre en prison ? 

Rien ! Nulle part ! 

Allons, jeunes gens, quittez vos queues-de-pie et vos robes du soir ; vêtez-vous d’un pouce d’originalité ; d’un doigt d’imagination ; d’une aune de fantaisie : Allez plus loin que “Là-bas à Camaret” (Violette Bordon) ; plus loin que "la Glossolalie 3", (Benjamin Delonnoy) ; au-delà de “L’alcôve du temps où sommeillent (vos) jours...” (Michel Poulet) ; oubliez “L’alambic de (votre) bile, l’absinthe de (votre) voix...” (Dominique Timsit) ; ne compilez plus “Les antonymes du silence...” (Hugues Eta) ; etc.

Bougez un peu, quand même ! Etonnez vos lecteurs au lieu de les horripiler par votre manque d’audace ! Etonnez-vous vous-mêmes, peut-être, enfin !

Jeanine RIVAIS

LA FLEUR DE L’AGE : Edition La Maison de Poésie. 11, bis rue Ballu. PARIS. 75009. 

 

CE TEXTE A ETE ECRIT EN 1996.