MARILENA PELOSI

Texte de JEANINE RIVAIS

********************

          Unique préoccupation de Marilena Pelosi, la femme est définie à la fois dans son physique exagérément longiligne, souvent nue, sinon vêtue d’une robe-corps ; et dans ses fonctions par essence sociales et féminines : Sociale, elle se veut responsable de la mise en scène de sa vie ; elle est dominatrice, meneuse, véritable goule vitupérative, immense par rapport à l’homme minuscule dont elle joue comme d’un pantin ! Féminine, elle est déclinée dans toutes les situations inhérentes à la femme ; partagée entre procréation et jeux amoureux, absorbée par un mysticisme au sein  duquel elle cherche –en vain- à découvrir les mystères de la vie et qui fait d’elle un personnage bi- ou tri-ailé, proche peut-être de se croire d’essence divine ; mais brutalement rejeté dans les préoccupations du quotidien le plus banal…

     Pour passer de l’un à l’autre de ces états, elle évolue dans des ambiances jalonnées de symboles récurrents : La chevelure, d’abord, que Marilena Pelosi tricote et détricote « depuis » ou « jusqu’à » une autre tête semblable ; chacune étant toujours la même, trinitaire, quadruple… voire multiple… Chemin faisant, cet interminable fleuve de cheveux peut devenir fleur éclatant en bouquet au bout des mains ; passer sur une table où d’autres personnages la mangeront ; se répandre alentour en devenant pluie de « haricots » (ovaires ?) qui, eux aussi, seront dévorés ; ou bien tomberont dans un panier/réceptacle où ils germeront… Et le cycle recommencera. Cet ondoiement de cheveux, à la fois ornement et lien, tourne autour de deux tabous, deux ambiguïtés : l’impuissance des personnages dont les mains sont emprisonnées dans les arcanes de cette opulente chevelure croissant à l’inverse d’une peau de chagrin ; et/ou leur jouissance faite d’attouchements et de pénétration de cette vague mobile, vivante et moelleuse ! Car l’érotisme est omniprésent dans l’œuvre de Marilena Pelosi. Mais un érotisme sans complicité et confinant au morbide. Du coup, victime de multiples mutilations, sa créature se retrouve maculée de sang : Le sang, autre élément récurrent de l’œuvre de l’artiste, à la fois symbole de vie et de chaleur et marche vers la mort ; inondant ce corps qui, également destiné à la maternité, accouche de ses propres organes.

     Peut-être, alors, le spectateur à la fois fasciné et horrifié par la violence de cette œuvre ; parvenu au terme de ces puissantes tirades psychanalytiques qui définissent Marilena Pelosi comme un être profondément tourmenté, pourrait-il l’imaginer trouvant enfin un havre de paix, lorsque la femme longuement baignée et ointe, nue (vêtue plutôt de ses seules ailes) et dépouillée de tous éléments du quotidien ; saluée par des êtres prosternés au long de son chemin ; pénètre majestueusement, seule, en des lieux inondés de lumière et tapissés de fleurs ? Mais ce n’est qu’illusion ! Car alors, éperdue de solitude, elle psalmodie une litanie corroborant qu’elle est plus que jamais à la recherche d’elleelleelleelleelle… à l’infini ! Prouvant, s’il en était besoin, qu’il n’est point de paix pour cette artiste !

 

CE TEXTE A ETE ECRIT APRES L'EXPOSITION "LE PRINTEMPS DES SINGULIERS" EN 2003, à l'ESPACE SAINT-MARTIN, 199 BIS RUE SAINT-MARTIN 75003 PARIS.

VOIR AUSSI TEXTE DE JEANINE RIVAIS : "LES DECOUVREUSES DE MYSTERES OU MARILENA PELOSI PEINTRE" : http://jeaninerivais.fr Rubrique ART SINGULIER.