ANDRE SIMAR

Texte de JEANINE RIVAIS

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          Le monde d’André Simar semble étrange : Tantôt il propose de très géométriques personnages découpés comme à l’emporte-pièce, dont le torse et l’abdomen  seraient « remplis » d’une sorte de magma rompant la rigueur de la silhouette. Tantôt il se décompose dans l’espace de part et d’autre de ce qui est sans doute des chemins, voire des clôtures, mais ressemble à s’y méprendre à des viscères ; et les éléments enclos sont pratiquement abstraits, à tout le moins conçus en non-formes qui auraient perdu leur sens originel. Tantôt, l’artiste s’amuse, au cours de bien surprenantes « récré »(s) à faire caracoler un cheval (de bois apparemment) sur fond de villes et de nuages. Mais, tel dans les contes où les choses ne sont pas toujours comme elles devraient, le petit cavalier est absent, et Pégase continue seul sa chevauchée à travers (traversé par) des enchaînements de boules ou de chaînettes blanches qui le dé/structurent et donnent à l’ensemble un sentiment d’irréalité, de surimpressions élégantes diamétralement opposées aux lourdes pièces mécaniques de l’œuvre voisine. Tantôt enfin (mais est-ce bien « enfin », n’y aurait-il pas d’autres éventualités ?), se devine une femme nue lascivement allongée derrière un lourd grillage (peut-être faudrait-il dire « moucharabieh », n’était que la répétitivité des cercles minuscules supprime la fantaisie inhérente à ces sortes d’écrans). Mais, si, contrairement à l’enfant, elle est bien présente, le sont également une main menaçante au doigt énorme couvert d’un dé et une frise en frontispice, de personnages masculins d’apparence trop « respectables » pour n’être pas eux aussi, inquiétants. Se pose alors le rôle du coq ? 

     Ainsi, André Simar va-t-il d’œuvre en œuvre, posant des problèmes et les éludant, comme s’il estimait que c’est au spectateur d’en découvrir la clef ! Le tout martelé de fines zébrures, granité d’une infinité d’infimes carrelages qui ajoutent à l’impression de plénitude de l’oeuvre… dans de belles couleurs douces qui, elles, cohabitent sans aucun doute possible, dans la plus grande harmonie.

 

CE TEXTE A ETE ECRIT APRES L'EXPOSITION "LE PRINTEMPS DES SINGULIERS" EN 2003, à l'ESPACE SAINT-MARTIN, 199 BIS RUE SAINT-MARTIN 75003 PARIS.