Voici quelques années, Sylvia Katuchevski a momentanément « quitté » ses sculptures pour réaliser une multitude d’aquarelles où de petits personnages évoluaient dans des jardins d’Eden ; où des enfants devenaient fleurs ou oiseaux… un monde idyllique, en somme, l’éternel hymne à la vie de cette artiste.
Il semble, rétrospectivement, que ces œuvres légères qui la ramenaient à deux dimensions, aient été autant d’escales où elle reprenait son souffle, regroupait ses forces, tel le vent qui soudain s’arrête avant de repartir de plus belle ! Et c’est bien ce qui s’est produit car un jour a ressurgi son incoercible envie de plonger ses mains dans la terre. Cette nouvelle démarche à la fois liée à la précédente et complètement différente, où les tonalités originelles éclatantes, ont fait place au raku comme par un besoin de revenir à des techniques originelles. Ce choix ne s’est pas opéré au hasard, mais pour la symbolique qu’il véhicule : naturel et sobriété ; détachement, intériorisation et simplicité des sentiments. Terres cuites de façon à obtenir des grès rugueux, gris et noirs avec par endroits des flamboiements rentrés de rouges sombres ou de bleus froids ; et des nuances apportées par des glaçures plombeuses, épaisses et brillantes, creusées d’infimes dépressions.
Les formes, elles aussi, ainsi que leur chronologie, sont hautement symboliques : Des galets, d’abord, qu’elle a triturés, chantournés… jusqu’à leur donner l’air d’avoir échappé au Chaos universel ! Et sur lesquels sont couchés côte à côte de petits personnages peints, aux bustes conçus en une ligne unique, expressive sans être réaliste, tandis que le bas des corps est informel, voire inexistant : les origines de l’Homme, en somme ! Et puis, par un besoin de structurer ces bouleversements cataclysmiques, l’artiste a commencé à réaliser des « plaques », aux contours raboteux certes, mais incontestablement quadrangulaires : et, dessus, elle a gravé de nouveaux personnages tronqués par des enchevêtrements de végétations ou de rocs : l’Homme se levant, émergeant des éléments pour devenir lui-même…
CE TEXTE A ETE ECRIT APRES L'EXPOSITION "LE PRINTEMPS DES SINGULIERS" EN 2003, à l'ESPACE SAINT-MARTIN, 199 BIS RUE SAINT-MARTIN 75003 PARIS.
KATUSZEVSKI SYLVIA : TEXTES DE JEANINE RIVAIS : "LES MATER DOLOROSA" : : N° 58 de SEPTEMBRE 1996 du BULLETIN DE L'ASSOCIATION LES AMIS DE FRANCOIS OZENDA ; et "HYMNE A LA VIE" : N° 47 DE NOVEMBRE 2002 DE LA REVUE DE LA CRITIQUE PARISIENNE..Et http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique ART CONTEMPORAIN