MARGUERITE NOIREL

Texte de JEANINE RIVAIS

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          « Hybrides ». Ce mot pris au sens propre, surgit pour quiconque considère la genèse des œuvres de Marguerite Noirel comme autant de témoignages d’une double démarche dont elle a parfaitement conscience : celle de son cœur, d’abord ; celle de son esprit ensuite !

          Depuis toujours, une profonde complicité lie cette artiste au fer ; au point que, pendant longtemps, elle a collectionné des formes de hasard, hantée par leur histoire liée à l’évolution de l’Homme ; fascinée par l’idée même de dureté du matériau ; charmée par les rythmes formels, les morsures et les corrosions des éléments ! Un jour, l’idée d’intervenir sur le passage du temps ; de contrecarrer la nature en créant de nouvelles formes qui vivraient de nouveaux cycles ; jouer les démiurges en somme, a été la plus forte : Marguerite Noirel est devenue sculpteur ! 

          Et laisse désormais le champ libre aux émotions nées des résistances différentes suivant les provenances ; des cassures ; des torsions… du vécu de l’objet qu’elle investit ; de la force du feu qui prolonge sa main, impose son fantasme !

          Mais cette relation quasi-charnelle avec le fer paraît vite insuffisante à Marguerite Noirel. Commence alors une remontée vers l’esprit, l’envie de « dire » quelque chose ; témoigner de sa volonté d’être d’une époque ; sortir de ses obsessions, de soi-même. .. Plus loin encore, quitter le symbolisme, la gravité des œuvres du début. Ajouter des titres liés aux mythes, à l’histoire, à la littérature… pour donner aux œuvres une connotation humoristique. Dire qu’elle a conscience du tragique de la vie ; mais partir à son égard d’un grand éclat de rire irrespectueux ! Voilà l’artiste plongée dans des courants très intellectualisés, figuratifs sans être réalistes, qui l’entraînent bien au-delà de ses émotions primales…

 

CE TEXTE A ETE ECRIT APRES L'EXPOSITION "LE PRINTEMPS DES SINGULIERS" EN 2003, à l'ESPACE SAINT-MARTIN, 199 BIS RUE SAINT-MARTIN 75003 PARIS.

 

VOIR AUSSI : TEXTE DE JEANINE RIVAIS : IDEART N° 51 DE FEVRIER/MARS 1997 / "LES CREATURES HYBRIDES DE MARGUERITE NOIREL, SCULPTEUR". Et  Site : http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique RETOUR SUR UN QUART DE SIECLE D'ECRITURES.