ANNE-MARIE JOUOT

Texte de JEANINE RIVAIS

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          Ayant un jour «osé» prendre des pinceaux, Anne-Marie Jouot a créé de premières œuvres fort sombres, à l’image d’un passé psychologiquement très dur. Mais peu à peu, a prévalu un fonds d’optimisme dont elle ne se savait pas, jusqu’alors, détentrice. Passant des larmes au rire, l’artiste a pris le pas sur la jeune femme anonyme, lui permettant de sublimer, en les posant sur la toile, ses propres douleurs et ses angoisses. Grandement libérée, elle a pu parvenir à la couleur, tout en se sentant aussi profondément concernée qu’au départ. Et faire jaillir comme d’une boîte de Pandore, un monde bien à elle ! Un petit monde tendre dans lequel apparemment, chacun aime chacun ! 

  Pourtant --faut-il y voir un reflet d’elle-même ?-- cet univers idéal semble avoir un problème ; car tel en un jeu de chamboule-tout, rien n’y est à sa place. Les protagonistes de chaque œuvre sont placés en total déséquilibre, comme si Anne-Marie Jouot avait tiré dessus à quille-que-veux-tu. Si drus qu’ils n’ont pas assez de place pour être appréhendés dans leur entièreté : des uns, n’est visible que la tête ; des autres une ébauche de bras ; ailleurs un buste ou une jambe. Et le plus étonnant est que, malgré cet apparent désordre, malgré ces multiples handicaps, ses personnages-cibles ont l’air d’adorer ce jeu puisque leur visage « taillé à coups de serpe » est « fendu jusqu’aux oreilles » en un sourire.

Pourtant la tâche est rude pour Anne-Marie Jouot. Car, de tous ces éléments incertains, comment faire naître un sentiment de totale harmonie ? Sinon en travaillant comme elle le fait dans l’émotion, sans calcul ni stratégie ! En déposant inconsciemment sur chacune de ses œuvres l’évidence que réaliser un tableau, est pour elle tendre vers un apaisement ; mais qu’il lui faut, au cours de ce périple, verser bien des larmes ; qu’elle ne parviendra à se sentir en paix que si elle a parfaitement établi le dialogue avec ses créatures ; que chaque toile est donc, par le poids de cette osmose entre le triste, le beau, le gai, le vécu, l’espoir, la féerie, le rêve… une bataille gagnée sur elle-même et sur la vie…

 

CE TEXTE A ETE ECRIT APRES L'EXPOSITION "LE PRINTEMPS DES SINGULIERS" EN 2003, à l'ESPACE SAINT-MARTIN, 199 BIS RUE SAINT-MARTIN 75003 PARIS.

 

VOIR TEXTE DE JEANINE RIVAIS : " DES LARMES AU RIRE, LE CHAMBOULE-TOUT D'ANNE-MARIE JOUOT peintre et sculpteur". N° 63 d'octobre 1998 du N° 72 Tome 2 du BULLETIN DE L'ASSOCIATION LES AMIS DE FRANCOIS OZENDA Et ENTRETIEN (http://jeaninerivais.fr Rubrique Comptes-rendus de festivals Rubrique Céramiques insolites Saint-Galmier 2006).