FABRICE L'HENAFF ET SES PERSONNAGES "PAR DEUX"

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    Qu'a-t-il bien pu arriver au menuisier de Fabrice L'Hénaff pour qu'il soit tout seul en train de fabriquer un siège, alors que tous les protagonistes des autres œuvres sont en couple ? 

          Certes, parfois, seuls les grands panards du partenaire sont visibles, mais ils laissent supposer que le reste de l'anatomie est hors champ ! Certes, d'autres fois, ils sont tête bêche, tellement entrelacés par des membres interminables que le visiteur se demande à qui sont ces jambes ? A qui ces bras ? Certes, d'autres fois, l'homme découvre son zizi et la femme ses seins, ce qui en dit long sur leurs intentions ! Certes quelquefois enfin, les jambes en l'air, une jeune bergère tient enlacée la vache qu'elle est supposée garder ! Et toujours il est évident qu'ils sont liés !

 

 

          En fait, tout se passe comme si Fabrice L'Hénaff sélectionnait des moments précieux de ses vagabondages fantasmatiques, toujours bon enfant. Fantasmes qui appartiendraient à un quotidien campagnard qu'il faudrait suivre en s’amusant de la connotation ludique de telles non-logiques. Il faudrait noter que chaque oeuvre est finalement une petite histoire et s'approprier l’enchaînement de chaque tableautin, pour y voir avec quel bonheur les postures les plus hétérogènes y sont réunies ; comment tout est lié comme par une sorte de cordon ombilical (d’ailleurs, les membres interminables évoqués plus haut et qui serpentent autour des individus, y ressemblent beaucoup).

          Dans ce déploiement à l’infini de "scènes" où les protagonistes aux visages souriants au nez à profil grec et aux immenses yeux bleus ou verts caressent leur vache ou leur âne, se font des mamours, adoptent d'impossibles poses gymnastes au point de se voir dans les deux sens, le visiteur s’émerveille  du talent de coloriste de Fabrice L'Hénaff qui voit ses ciels bleus, ses prairies fleuries et ses verts pâturages -ainsi dirait le poète-, ses énormes soleils rouges et ses habits multicolores ; tout cela en des proximités qui font vibrer les nuances et sont un régal pour les yeux ! 

 

          Et puis, il ya les titres, qui corroborent l'humour omniprésent dans ces œuvres : "Allez, viens, je t'emmène" ; "Fesses en l'air" ; "Vous me faites mal" ; "Mal aux fesses et confesse" ; etc.

 

Une œuvre originale, ludique, poétique et jubilatoire, qui émoustille l’imaginaire et fait rêver le spectateur en le ramenant, au temps heureux où bêtes et gens vivaient ensemble, se parlaient et… se comprenaient…

Jeanine RIVAIS

 

TEXTE ECRIT SUITE AU XXXe FESTIVAL "BANN'ART, ART SINGULIER ART D'AUJOURD'HUI"  DE BANNE 2017.