LES ETHNOGRAPHIES PROTEIFORMES DE GILLES BONNIN, sculpteur

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"D’ailleurs en art, le détestable vaut mieux que le médiocre, le barbare que le bourgeois, l’extravagant que le plat, et nous préférons un  fou à un sot". Théophile Gautier

     De ses bateaux bardés de fer à ses improbables créatures en passant par un peu de farniente via ses escargots, Gilles Bonnin voyage et fait voyager ses visiteurs. Mais si ces derniers sont du genre à faire des cauchemars sur des volatiles, qu'ils ne s'attardent pas sur ceux de cet artiste qui sont impressionnants par leur taille, leur prestance et la laideur de l'horrible coassement qu'il a jugé nécessaire de leur dispenser ! 

          Au vu de ces "oiseaux", dont la persistance dans l'œuvre du sculpteur relève de l'obsession, il est difficile de le classer dans telle ou telle catégorie, car il faut tenir compte de la variété de ses créations ! Est-il un sculpteur animalier ? Et si oui, de quels animaux s'agit-il ? Une chose est sûre, ils sont d’une espèce si particulière qu’on ne sait ni comment la nommer, ni comment la définir. Surtout jamais d’hyperréalisme ! Que de l'imagination : les masses (car ces anim/oiseaux sont "lourds") (volontairement) grossièrement définies, ne correspondent ni aux normes zoomorphiques ni aux canons de la représentation académique. Cette densité et cette intensité sont renforcées par les jeux de couleurs : des noirs bleutés, sous des ailes aux reflets dorés, le brillant et le lisse dialoguant avec le mat et le brut ; ou gris carrément monochromes ! Mais toujours des pattes solides et noires, agrippant fermement le perchoir. Pas de cou, ou très peu, la tête émergeant directement du corps. De gros becs qui, lorsqu'ils sont entrouverts suggèrent la présence de dents ! Ont-ils des yeux ? Difficile à dire à moins que n'en soient ces sortes de fentes au tiers du crâne ? 

     Faut-il en conclure que notre sculpteur, truculent et facétieux, s'en donne à cœur joie avec ses bestioles taillées de façon minimale, dans une économie de gestes visant à faire sortir l’essentiel de la forme sans préoccupation de la justesse anatomique ? Que seule compte à ses yeux la perception de l’attitude ? Que la force, la capacité à évoquer ou suggérer qu'il leur confère tient à ce qu’elles préservent une part d’anonymat, une sorte d’indétermination quant à leur identité ? 

 

          Mais alors, ses bateaux ? Il ne faudrait pas croire que Gilles Bonnin manque de suite dans les idées !! Car, qui sont les matelots voguant sur ces embarcations bizarres caparaçonnées tels des corps de crocodilidés ? De minuscules anim/oiseaux tout ronds, tout blancs, apparemment aptères, incapables donc de voler ! Les uns avec un bec à peine dépassant, sans rétrécissement pour un cou éventuel ; d'autres avec un long bec à bout rond sans cou.

 

Faut-il en conclure que notre sculpteur, truculent et facétieux, s'en donne à cœur joie avec ses bestioles taillées de façon minimale, dans une économie de gestes visant à faire sortir l’essentiel de la forme sans préoccupation de la justesse anatomique ? Que seule compte à ses yeux la perception de l’attitude ? Que la force, la capacité à évoquer ou suggérer qu'il leur confère tient à ce qu’elles préservent une part d’anonymat, une sorte d’indétermination quant à leur identité ? 

 

Mais alors, ses bateaux ? Il ne faudrait pas croire que Gilles Bonnin manque de suite dans les idées !! Car, qui sont les matelots voguant sur ces embarcations bizarres caparaçonnées tels des corps de crocodilidés ? De minuscules anim/oiseaux tout ronds, tout blancs, apparemment aptères, incapables donc de voler ! Les uns avec un bec à peine dépassant, sans rétrécissement pour un cou éventuel ; d'autres avec un long bec à bout rond sans cou.

 

         

          Y a-t-il une quelconque relation entre les lourds volatiles terrestres, les ronds maritimes sans ailes, et les prisonniers encagés ? Ou bien pourrait-on peut-être considérer qu'ainsi Gilles Bonnin ait généré au cours du temps, une sorte d'ethnographie protéiforme, personnelle et insolite, des sortes d'allochtones animaux, en somme ?

        Mais, au long de ce travail, quelques autres constantes jalonnent la démarche de l’artiste : humour avant tout, mais aussi sérénité, caractère à la fois ludique et raisonnable, fantasmagorie, esthétisme très spécial et originalité… Tout cela ne s’appelle-t-il pas créativité et talent ? 

Jeanine RIVAIS

 

TEXTE ECRIT SUITE AU XXXe FESTIVAL "BANN'ART, ART SINGULIER ART D'AUJOURD'HUI"  DE BANNE 2017.