MURIEL VERDEROSA, ASSEMBLEUSE D'ART-RECUP'

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          Tous les récupérateurs, collagistes… se désignent sous le nom de "sculpteurs". Pourquoi est-ce important d’employer cette dénomination plutôt que les autres ? Ce mot possède-t-il un petit côté sacralisé qu'ils n’ont pas ?… 

          Les tableaux de Muriel Verderosa sont en fait des créations murales conçues à partir de ce que, glaneuse, elle ramasse dans son environnement, nombre des éléments récupérés semblant appartenir à la campagne : Est-elle, pour autant, "sculptrice" ? "Assembleuse", plutôt, pour reprendre la définition que donnait de ses oeuvres Simone Le Carré-Galimard, première à réaliser ce genre de créations. 

          Assembleuse, donc, Muriel Verderosa, d'objets choisis les uns pour leur esthétique ; d’autres rapportés peut-être de son île lointaine, possédant de ce fait une forte charge émotionnelle ; d’autres enfin évocateurs de formes précises. Tout cela en verres dépolis usés par le mouvement des flots ; métaux rouillés, érodés par les éléments; céramiques délaissées dans quelque coin et oubliées ; coquillages… Tous portant donc, d'une façon ou d'une autre, la marque du passage du temps. A ceci près qu'apparemment, ce  n’est pas tellement l’aspect d’usure qui la préoccupe. C’est l’harmonie qui existe spontanément entre les différents éléments. 

          Comment les réunir ? Sans doute, comme chez tous les créateurs d'Art-Récup' faut-il placer ce moment sous le coup de l’inspiration. Tous affirment que, parfois, deux objets "veulent" s’associer. Les voilà donc à fouiller dans leurs réserves. Des éléments vont alors s’imposer dans la suite de cette première combinaison, et l’œuvre être commencée. Parfois aussi, un objet induit le thème.

           Ainsi sont réunis ici un nez/ barre métallique tordue, des yeux/culs de bouteilles, des oreilles et ailes/zestes d'oranges séchés, peut-être… Ajoutons des pattes, une queue, quelques appendices ici et là, et voilà un dragon prêt à affoler tous les héros mythologiques ! Ailleurs, un noyau d'amande peint en rouge forme le ventre d'une abeille, tandis que deux perles constituent son corselet, et déjà, elle est partie butiner dans des herbes folles réalisées en verres colorés. Tour à tour, naissent sous ses mains, un berger aux cheveux/crins ruisselant sur ses épaules, penché sur sa bergère, un cheval, des enfants jouant à la trottinette au grand soleil ! Etc. ! Puis, soucieuse de la pérennité de ses œuvres, l'artiste fixe dans le béton les bestioles, monstres, animaux, gens… obtenus. 

          Ainsi,  allant de découvertes aléatoires en conjugaisons volontaires, Muriel Verderosa produit-elle une œuvre en grande partie instinctive, atemporelle, sans lien géographique, sans aucune connotation de situation sociale. Tout est donc pour le mieux dans son monde puisque, ayant défini ce qui lui est indispensable, elle crée sans se soucier de modes… Pour son plaisir, tout simplement !

Jeanine RIVAIS

CE TEXTE A ETE ECRIT EN JUILLET 2015, APRES LE FESTIVAL DE MONTPELLIER, "SINGULIEREMENT VOTRE".