CAUSERIE AU FESTIVAL SINGULIEREMENT VOTRE 2015

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Une causerie était prévue, dans le cadre du festival, présentée par JEANINE RIVAIS, critique d'Art, et BENOIT COURCELLES, journaliste ; et animée par ARIANE SIROTA, elle aussi journaliste et meneuse de jeu. 

 

C'est Jeanine RIVAIS qui ouvre le ban, par une histoire de l'Art singulier. 


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Les trois protagonistes de la causerie
Les trois protagonistes de la causerie

Bonjour à tous. Comme certains d'entre vous le savent, je suis passionnée d'Art singulier autour duquel je baroude depuis des décennies. Pour débuter notre aventure, nous parlerons de  

L’ART ASILAIRE 

L’art des aliénés, " L’art des fous ", comme il était autrefois brutalement appelé, est entré au musée dans les années 40, sous l’impulsion de Jean Dubuffet qui a créé pour lui l’expression " Art brut ". Mais il était depuis plus de 50 ans systématiquement exploré ; et depuis plusieurs siècles au centre des intérêts et des perplexités de nombreux philosophes et médecins.

L’Art asilaire est produit par des êtres souffrant de ce qui a été baptisé " schizophrénie ", maladie qu’a explorée au début du XXe siècle, pour l’hôpital d’Heidelberg, le psychiatre allemand Prinzhorn. Dans ce cas clinique, Prinzhorn s’est intéressé à l’individu qui, entraîné vers un repli autistique est malgré tout capable de remonter la pente ; et, sans se débarrasser jamais de sa souffrance, d’exploiter pour se reconstruire une expression picturale intuitive.

Insouciante par conséquent des définitions et des exigences de la création classique ; porteuse de tant de richesses et de formes tellement inattendues, apparaît alors cette production artistique à caractère obsessionnel qui a prédominé dans le domaine plastique, sans doute parce que l’exigence d’un code y est moindre qu’en poésie.

" La maladie ne donne pas de talent, écrit Prinzhorn, mais presque tout individu est capable de constituer des formes complexes. Ceux qui ont ainsi pu briser les barrières de l’autisme ont amorcé une marche vers un mieux-être. Figures pétries dans de la mie de pain, statues taillées dans des matériaux de fortune, dessins tracés sur du papier hygiénique, etc. sont les manifestations les plus courantes de cette lente remontée. "

Jeanine Rivais répondant au public
Jeanine Rivais répondant au public

Une telle démarche n’a, d’emblée, été ni évidente ni facile. Et la plupart des œuvres de l’hôpital d’Heidelberg que fut chargé d’étudier Prinzhorn et d’où est partie toute cette aventure, appartiennent à une époque où, face à l’indifférence, voire à l’hostilité des médecins, le malade devait ruser, travailler en cachette pour réaliser ce qu’il lui " fallait " exprimer. Dès qu’il avait découvert cette possibilité, son volontarisme et son acharnement à continuer laissent penser que cette création autistique lui apparaissait comme le seul recours à l’hospitalisation prolongée et à l’absence de toute aide thérapeutique. Ainsi sont nées " dans la clandestinité " les œuvres de Wölfli, Aloïse, Brendel, Walla, etc. qui en ont été les exemples les plus remarquables.

Certes, dès le XIXe siècle, de nombreux hôpitaux avaient constitué leurs " collections ". Mais elles étaient les équivalents des bocaux conservés dans les musées pathologiques ! On trouvait avec les dessins, les corps étrangers avalés par les malades, des spécimens d’écritures ou de tatouages, des armes improvisées, etc.

Et toujours, la folie restait considérée dans son étrangeté qui disqualifiait les œuvres des malades : Ainsi, au début de ce siècle, Marcel Réja, dont le livre fit autorité et que connaissait Prinzhorn, désignait dans L’Art chez les fous, un ailleurs, un monde où l’on peut trouver " presque toujours une formule d’art plus ou moins archaïque, attestant parfois d’un grand talent… mais dans lequel on ne peut guère relever que des lueurs plus ou moins isolées, auxquelles il manque toujours quelque chose pour prononcer le mot “ génie ”. "


Néanmoins, ces regains d’intérêts et ces changements de mentalités interviennent au moment-même où en France, une nouvelle vague artistique propose dans les galeries toutes sortes d’objets singuliers : Cézanne découvre la sculpture nègre. En 1907, Picasso présente Les Demoiselles d’Avignon. Fauves, Expressionnistes, Surréalistes clament l’influence qu’ont sur eux les arts primitifs… Etc. Dès lors, il devient inutile de continuer à endiguer derrière des murs d’hôpitaux, une partie de ces créations étranges. Le Dr. Morgenthaler publie (1921) une importante étude sur Wölfli qui précède de peu le livre de Prinzhorn (1924) d’où j’ai tiré une partie de cette documentation.

Expressions de la folie, tel est le titre du livre, marque la fin de l’exclusion. On assiste désormais à l’avènement de l’artiste schizophrène. Les documents jusque-là traités comme " pathologiques " fuient les dossiers asilaires et sont considérés comme un art à part entière. Dès la parution du livre, des artistes comme Max Ernst, Paul Klee, Kubin, émerveillés de ce qu’il leur révèle, saluent comme leurs pairs ces créateurs anonymes " qui s’étaient mis à la tâche, en toute ignorance, derrière les murs de leurs asiles ! "

Des poètes célèbrent ces talents nouvellement découverts, comme Henri Michaux qui compose des pages magnifiques consacrées aux " Ravagés " !

À propos d’Aloïse, par exemple, tombée follement amoureuse de l’Empereur Guillaume II, aperçu lors d’un défilé. Elle mène en rêve avec lui une aventure exaltée, qu’elle va développer pendant 40 ans d’enfermement, sous forme de pages entières d’écrits et de dessins aux crayons de couleurs. À propos d’Aloïse, donc, le poète écrit : " Celle pour qui seul l’amour d’un prince royal entr’aperçu derrière la grille d’un parc magnifique, aurait paru suffisant, reçoit, isolée, méprisée, en habits misérables, dans l’espace étroit d’une chambre d’internée, l’inouïe revanche d’une liberté incomparable ".


L’aventure est en marche. Une marche qui, de nos jours, est quasiment révolue : En effet, l’art-thérapie devient une routine. Intégrés au monde extérieur, les malades bien souvent créent non plus pour surmonter leur intolérable douleur, mais pour réaliser ce que l’on attend d’eux ! Par ailleurs, les neuroleptiques adoucissent les phases aiguës de la maladie. De plus en plus, les séjours en hôpitaux psychiatriques sont réduits au minimum. Le phénomène d’exclusion qui frappait les malades a grandement diminué : Voilà les schizophrènes inclus dans la cité ; invités à des apprentissages similaires à ceux des gens dits " normaux " !

Alors, s’il faut pour eux, se réjouir de ces améliorations sociales, médicales et psychologiques, il faut aussi admettre que leur production est désormais en voie de disparition ; et par toutes les influences culturelles et médiatiques qui s’exercent sur ces libérés de leurs murs, des mots comme art asilaire ou art brut sont pratiquement devenus obsolètes.


Dans ces conditions, qu’est-ce que

L'ART BRUT

Jean Dubuffet, " créateur " de ce mot qu’il a très vite interdit d’employer pour des œuvres autres que celles de sa collection, le définit, revient sur ses nuances, le peaufine dans tous ses livres s’y rapportant, comme "Prospectus et tous écrits suivants" (4 volumes), et surtout "L’Homme du commun à l’ouvrage".

Voici un extrait d’un texte publié en 1947 et intitulé L’Art brut :

"Il y a, dit-il, il y a (partout et toujours) dans l’art, deux ordres. Il y a l’art coutumier (ou poli) (ou parfait) (on l’a baptisé, suivant la mode du temps, art classique, art romantique ou baroque, ou tout ce qu’on voudra, mais c’est toujours le même) ; et il y a (qui est furtif comme une biche), l’Art brut… Formuler ce qu’il est, cet Art brut, sûr que ce n’est pas mon affaire. … L’Art brut est un art modeste et qui souvent ignore même qu’il s’appelle 'art'".

En Octobre 1949, dans L’Art brut préféré aux arts culturels, il reprend :

"… Nous entendons par là des ouvrages exécutés par des personnes indemnes de culture artistique ; chez lesquelles donc, le mimétisme, contrairement à ce qui se passe chez les intellectuels, ait peu ou pas de part ; de sorte que leurs auteurs y tirent tout de leur propre fond… Nous y assistons à l’opération artistique toute pure, brute, réinventée dans l’entier de toutes ses phases par son auteur ; à partir seulement de ses propres impulsions. De l’art, donc, où se manifeste la seule fonction d’invention… C’est pourquoi nous ne voyons aucune raison de faire, de l’art des fous, un département spécial… L’acte d’art, avec l’extrême tension qu’il implique, peut-il jamais être normal ? Notre point de vue est donc que la fonction d’art est dans tous les cas la même ; et qu’il n’y a pas plus d’art des fous que d’art des dyspeptiques ou des malades du genou".


En somme, et bien qu’il s’en défende, Dubuffet définit de façon très précise ce qu’il entend par Art brut : un art où le besoin de création est si violent qu’il entraîne de façon rédhibitoire l’individu vers l’extériorisation de cette pulsion ; un art spontané, primal, créé du tréfonds de leur instinct par des individus idéalement vierges de toute influence ; des gens du commun idéalement acculturés !

Peut-on imaginer que ces conditions idéales aient réellement existé, même à une époque où le flux d’apports extérieurs était tellement moindre qu’aujourd’hui ; même si les créateurs qui ont intéressé Dubuffet étaient en milieu asilaire ou carcéral ?

Il semble bien que Dubuffet ait défini une utopie, son utopie ; et oeuvré pendant près d’un demi-siècle à s’en rapprocher le plus possible. L’on peut penser qu’il a vécu des moments difficiles lorsque, à la fin de sa vie, comprenant qu’il serait aberrant de s’en tenir strictement à cette définition restrictive, il l’a élargie à des créations d’artistes extérieurs à ces univers contraignants. Et que, de la Collection originelle de l’Art brut créée en 1947, et revenue après un détour par les États-Unis, séjourner dans les sous-sols de la galerie Drouin à Paris, il a séparé environ 2 000 œuvres qu’il considérait comme des déviances de cet Art brut pour les regrouper d’abord sous le titre de Collections annexes, puis sous celui, définitif, de Neuve Invention.

Jeanine Rivais au milieu du public
Jeanine Rivais au milieu du public

Chapeautant l'Art brut et tous les labels ultérieurs à ce mot, nous en venons à 

L'ART SINGULIER

Nous partirons, pour essayer de cerner sa définition, d’une phrase de Gérard Sendrey, fondateur du Musée de la Création franche de Bègles, applicable à toutes les formes d’arts :

" Personnellement, écrit-il, je me demande ce que pourrait être un art qui ne serait pas singulier, ou qui ne serait pas hors-les-normes ? C’est la nature de l’œuvre artistique d’affirmer sa différence. La création ne peut être banale, ni obéir à des règles. "


On pourrait donc penser que l’expression " Art singulier " soit un pléonasme ! Sauf que cet assemblage a été accepté par le tandem Jean Dubuffet – Alain Bourbonnais pour distinguer, face à des gens ayant la volonté bien définie d’être considérés comme des artistes, une autre catégorie inconsciente d’avoir du talent, et uniquement poussée par le besoin vital d’exprimer son " moi profond " ! Par voie de conséquence, il s’agissait de donner ses lettres de noblesse à un art complètement différent de celui dont tout le monde avait jusqu’alors conscience, conventionnel, issu des écoles, plongé dans la culture et l’officialité, et qu’il est convenu d’appeler " Art contemporain " !


Mais nous n'avons pas expliqué pourquoi Alain Bourbonnais ne désignait pas les œuvres qu’il présentait, sous le titre devenu incontournable d’Art brut ? Pourtant, il entrait en scène au moment où l’État français ayant refusé sa Collection, Jean Dubuffet venait d’en faire don à la Suisse, et elle était sur le point de quitter la France pour Lausanne. Et, heureux qu’Alain Bourbonnais, prenne avec son " Atelier Jacob ", galerie parisienne qu’il venait d’ouvrir, le relais de cette Collection, il lui avait prêté des œuvres, en particulier celles d’Aloïse Corbaz. Cette nécessité tenait au fait que Jean Dubuffet, comme nous l’avons dit plus haut, avait, dès l’origine, interdit l’utilisation du label " Art brut " pour toutes les œuvres, autres que celles de sa collection, fussent-elles des mêmes créateurs. Et, malgré la complicité très vive née entre les deux hommes, Il fallait à Alain Bourbonnais trouver une nouvelle appellation.


D’ailleurs, très vite ce dernier s’était lui-même mis à prospecter, mais il avait élargi le champ des recherches, en allant dans la campagne, et récoltant non pas des œuvres psychiatriques, mais des œuvres de solitaires, d’inconnus au-delà des limites de leur village. (Où on les considérait d’ailleurs bien souvent comme des fous ; à tout le moins comme des marginaux !) Finalement, ces productions étaient si proches des créations asilaires que Jean Dubuffet lui écrivait : "Je ne m’explique pas comment vous arrivez à dénicher tous les si divers et tous excellents opérateurs qui se retrouvent dans l’orbite de votre atelier Jacob". Néanmoins, il maintenait sa position, et eu égard à l’exclusivité qu’il exigeait, il fallait redéfinir les œuvres découvertes par Alain Bourbonnais.


Dès le début de l’atelier Jacob, tous deux avaient, avec l’aide de quelques amis concernés par l’Art brut, prospecté de nombreux vocables. Mais le problème s’était vraiment posé dix ans plus tard, en 1983, au moment où Alain Bourbonnais, ayant conscience de ne plus pouvoir, à Paris, élargir le champ de son public, ouvrait à Dicy son musée qu’il appelait La Fabuloserie. Furent alors évoquées les dénominations les plus diverses : Art spontané, Invention hors-les-normes, Art hors-les-normes, Productions extra-culturelles, etc. Roger Cardinal, écrivain d’origine anglaise, avait par ailleurs proposé : Art isolé, Racines de l’Art, Franges de l’Art, Art marginal, etc. D’autres, pris au jeu, avaient pimenté la recherche : le poète André Laude ne suggérait-il pas les Imagitateurs ?

Finalement, Alain Bourbonnais avait, pour résumer la singularité de sa collection, retenu Art hors-les-normes : Il était architecte ; et venait de construire, entre autres monuments, une église à Caen. D’où cette réflexion : " Art hors-les-normes qui sonnait, disait-il, comme la basilique hors les murs ".


Entre temps, en 1978, Alain Bourbonnais et Michel Ragon (écrivain, et critique d’art) avaient été les instigateurs d’une très importante exposition au Musée d’Art moderne de Paris intitulée les Singuliers de l’Art, qui avait connu un succès énorme puisque, en quelques mois, elle avait été visitée par plus de 200 000 personnes.

" Singuliers de l’Art ", voilà une autre désignation qui convenait bien à cet Art brut ! Et il existait donc, désormais, pour le définir, deux synonymes : Art hors-les-normes et Singuliers de l’Art.

Seulement, au fil du temps, l’expression s’est inversée ; est passée de l’artiste à la discipline Singuliers de l’Art est devenu Art singulier. Et ensuite, sont apparues de nombreuses dénominations : À savoir : l’Art immédiat, les Friches de l’Art, La Création franche, l’Art cru, l’art intuitif, l’Art spontané, l’Art médiumnique, l’Art du bord des routes, l’Art insitic (inné), l’Art différencié, l’Art en marche, l’Art en marge. Il y en aurait d’autres, sans qu’il soit vraiment pensable de délimiter leurs spécificités, puisqu’il y a pratiquement autant de démarches que de créateurs. Mais quelle que soit la variété de toutes ces tendances, elles forment une mouvance porteuse de tant de psychologie, de poésie innée, d’inventivité, qu’elles s’imposent en une esthétique, une universalité dont l’évidence a accompagné la seconde moitié du XXe siècle !



L’Art asilaire qui est la dénomination originelle pour désigner une création de gens internés en hôpitaux psychiatriques, créant pour souffrir moins, et n’ayant aucune conscience de produire des œuvres d’art.


L’Art brut mot créé par Dubuffet, qui désigne la même catégorie de créateurs que précédemment, réunis dans la Collection de l’Art brut implantée à Lausanne ; auxquels se sont ajoutés ultérieurement les créateurs en milieu carcéral puis ceux de diverses origines classées dans la Neuve Invention.


Les Singuliers de l’Art, devenus l’Art singulier qui chapeaute toutes les dénominations apparues dans le dernier quart de siècle, y compris bien sûr L’Art naïf et l’Art populaire dont nous n’avons pas parlé aujourd’hui.


L’Art hors-les-normes choisi par A. Bourbonnais, qui est synonyme d’Art singulier.


Il nous faut aussi citer deux dénominations usitées dans les pays anglo-saxons :

Outsider Art qui signifierait littéralement " art extérieur, étranger ". À l’origine, il a exactement le même sens que l’Art brut, et il est maintenant, synonyme d’Art singulier. Plus personne ne le traduit. L’expression s’est francisée, et chacun dit l’Art outsider. Ce mot a été créé par Roger Cardinal qui a écrit en 1972 un ouvrage intitulé Outsider Art. Et qui a organisé en Angleterre la première exposition d’Art brut qui y ait eu lieu.

Plus récemment a commencé d’être employée l’expression Raw Art qui est la traduction littérale de Art brut.


Nous avons enfin le Folk Art, terme usité surtout aux États-Unis et qui signifie " Art populaire ". Mais il désigne là-bas toutes les formes d’art proches de l’Art brut, au lieu de se cantonner comme très souvent en France, à une forme de création très proche de l’artisanat rural. Nous parlons par exemple d’Art populaire à propos de la collection présentée par le Musée des Arts et traditions populaires de Paris ou au Musée de Laduz, Yonne.


Il faudrait maintenant évoquer le rôle des hôpitaux psychiatriques dans l’évolution développée plus haut. 

Evoquer les sites, lieux magiques créés par des auteurs qui sont la quintessence de l’Art singulier puisqu’ils ne se sont pas contentés de réaliser des objets, ils ont bâti ou modifié les lieux destinés à les abriter. 

Evoquer encore les musées consacrés à toutes les tendances de l'Art singulier :

Évoquer enfin les revues ou fanzines*, qui relatent les événements essentiels de cet Art singulier. 

Pour terminer,  Je vais vous demander de résumer les termes génériques évoqués plus haut : (cette prise de parole du public se fait toujours sous forme de jeu, et détend l'atmosphère. Les différentes appellations sont une à une retrouvées.

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Après avoir exprimé son opinion concernant certains termes de l'aventure de l'Art  singulier, ARIANE SIROTA invite le public à poser ses questions. Les plus courageux "se lancent" ! Timidement, car il est toujours difficile d'être le premier à parler ! 

Diverses questions sont posées concernant l'Art amérindien, les termes relatifs à toute cette aventure, l'Art-thérapie, etc.. Auxquelles répondent les trois protagonistes. 


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Les questions épuisées, BENOIT COURCELLES prend le relais, avec une réflexion sur la relation Art singulier/Art contemporain.


Proposition pour la rencontre du 13 mai 2015, avec Jeanine RIVAIS, et animée par Ariane SIROTA.

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Hier,

En cherchant un sujet d'intervention, 

Je me suis dit : 

Je ne suis pas historien, philosophe ni sociologue,

tout juste chroniqueur

à la bonne heure

d'humeur

un rien

persifleur

mais

avec toujours 

bon cœur !



Voici donc mon billet 

que j'intitulerai


L'Art Singulier : mon paradigme retrouvé

 


Benoît Courcelles exprimant on opinion sur le lien entre Art singulier et Art contemporain
Benoît Courcelles exprimant on opinion sur le lien entre Art singulier et Art contemporain

(paradigme : représentation du monde, modèle cohérent de vision du monde, idéologie changeante selon l'état des connaissances).


Face à l'Art Classique :

        *     pas de diktat d'un religiosité iconographique / Singulier est SUJET ET OBJET unique

        *     point de règles techniques classiquement établies ou d'utilisation convenue de nobles matériaux / Tout est ici utilisé du noble au déchet.

         *  … 


Face à l'Art Moderne :


• Pas de conscience revendicative ou révolutionnaire de citer, se frotter ou renouveler l'Histoire de l'Art (officiel) / Singulier s'invente son Histoire de l'Art par son Histoire (personnelle) et par son Art développé comme une nouvelle fraîcheur, l'aurore d'une nouvelle Lumière.

• … 



Face à l'Art Contemporain :

• pas d'École des Beaux Arts / plutôt l'école de la liberté

• pas de conceptualisation inintelligible pour le commun des mortels qui n'a pas digéré l'indigérable sauce menthe-à-l'eau qui veut expliciter l'œuvre Flanby-qui- à-peine-sortie-de-son-packaging-s’étale-dans-l'assiette / Singulier rime plutôt

avec Affect

• pas de transgression pour la transgression (inflationniste) / simple et pure liberté d'être et de faire

• Point de FIAC, FRAC, CRAC ou FLOP / Ici profusent Salons, Festivals, lieux aux noms et éthiques plus insolites que technocratiques (BHN à Lyon, Halle Saint-Pierre à Paris, Musée de la Création Franche à Bègles, La Fabuloserie à Dicy, Arts buissonniers à Saint-Sever, Banne, etc, etc)

• Pas de DRAC ni de tapis rouge nommé Aide à la Création / Débrouille ; RSA (Régime Singulier Artistique)

• pas de championnat de l'IN SITU cette obligation branchée de dé ou recontextualiser sa création dans un espace donné (par l'institution) / Le Singulier reste un loup solitaire n'obéissant qu'à ses démons (même s'il lui arrive de faire oeuvre commune quand bien lui chante)

• Point de commande publique dès la sortie de l'école puisque l'école de la liberté ne répond qu'à une commande : celle de l'inspiration !

• Point de Centre d'Art conventionné par le Ministère de l'Inculture, ici l'association, là la Fondation privée ou encore le lieu d'une création monumentale insolite puis devenu illustre avec le temps de la reconnaissance populaire, universelle puis (Facteur cheval, la Maison de Celle qui peint, le manège de Petit Pierre...)

• Pas de transgression extrême pour l'extrême, scandaleuse pour exister, encouragée par les Musées (nos impôts), qui ne sait que faire de toujours plus permissif (je défèque), performant (j'avale-recrache de la peinture), et j'en passe et des toujours moins bonnes / Non, le Singulier est simple et riche créateur d'essentiel : sensuel, spirituel.


Face à l'Art Brut :

• pas de colloques de l'Association Post, Impost et Compost Doctorale Neuro¬-végétale du Centre National des Interventions en Recherche du Cercle Fermé pas Encore Ouvert à Tous / rien que des coloc à terre sur la Planète des Sensibles

• pas de cotation enfiévrées : pas morts, peu valorisés, pas encore légitimés petits frères et sœurs de l'AB exclus à l'origine par Maître Dubuffet leur refusant son Artmoire

• Point de nécessité d'un dérangement psychiatrique / Seulement folie douce, crue et criarde à la fois

• Point (encore) de PINAULT et ses velléités collectionneuses cachées

• Pas d'avalisation symbolique (le « sceau ») du pape DUBUFFET, qui, avant sa mort (1980) avait décrété que le SINGULIER était en dessous du BRUT.


Face au Street Art :

• pas encore chez IKEA le reproducteur propret (standardisé) pour gros consommateur moyen

• pas encore entré en Galerie : trop tôt ou encore trop souvent réfractaire (peut-être gage de vertu ou peur par méconnaissance (ou rejet éthique) de l'argent, du marché (peut-être trop "bon cœur contre mauvaise fortune")

• pas décoratif (ça c'est un gage de qualité artistique) pas un délire de jeune délinquant ou libertaire passager

• pas un désir de reconnaissance bourgeoise (accepter la perte de sa substance in the Street pour une success gallery indoor) => IN DOOR ART francisé en L'ENDORT ART


Face à l'Art Naïf :

• pas une figuration à la construction conventionnelle 

• pas une colorisation fidèle, équilibrée 

• pas une expressivité sobre, figée

Singulier :


• thérapie par l'art mais pas art-thérapie

• … 





Plus

qu'un

Art

tu

es

SINGULIER


Pas

de

Face à Face

 avec l'Autre 

car


Tu

es

mon

Paradigme

retrouvé.

Benoît Courcelles au milieu du public
Benoît Courcelles au milieu du public

Voilà c'est dit, 

 je sens

monter en moi

cette indicible flamme

voluptueuse

brûlante

parce qu'aux

coloris

Saturées


Cette nuée de

petites cellules

aux grandes boucles dorées

aux yeux limpides

et translucides

comme des mers d'azur

au doigt

doux, fin

et robuste

de l'arbre

de la nuit des Temps

au pied

libre

comme l'air


Quand,

 je passe 

mon regard 

éperdu 

sur 

ta

toile,

soudain

l'épiderme

se

craquelle

et

cède 

sous 

le poids

 

de

ton

cœur

rutilant

Quelques images du public
Quelques images du public