DU MOT A L IMAGE OU DE L'IMAGE AU MOT ? LES ŒUVRES DE LÖX

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         Introduire des mots dans la peinture est un procédé presque aussi vieux que l'invention de l'écriture. En effet on le trouve déjà dans l'Egypte des pharaons ; plus tard, avec bien des variantes, dans les impressions sur tissus, tissages sur les tapisseries moyenâgeuses, gravures sur les incunables… Plus près de nous, dans le groupe Cobra et toutes ses expériences… Face à nous, chez Ben qui, d'une belle écriture de bon élève, inscrit des aphorismes en blanc sur noir ou noir sur blanc, sauf que chez lui, la peinture disparaît au profit d'un message satirique… Pourtant, marier texte et images dans une unité indélébile est, semble-t-il, une recherche propre au XXe siècle. Néanmoins, comme l’écrit Michel Butor : "Des mots dans la peinture occidentale ? Dès qu’on a posé la question, on s’aperçoit qu’ils y sont innombrables, mais qu’on ne les a pour ainsi dire pas étudiés".

          Mais comment faire autrement, dans les œuvres de Löx ? Car il faut bien constater que des images y servent de contreparties à des lettres et inversement. Alors, peut-on dire qu'il est plus scribe que peintre ? Plus peintre que scribe ? De prime abord il semblerait que le scribe l'emporte ! Mais en fait, les unes sont tellement intégrées dans les autres que rien n'est sûr ! 

          Cette conjugaison image/mots apparaît comme primordiale dans la démarche de l'artiste : l’écriture, serpentins de réflexions intimes ou maximes, questions, onomatopées… fluctuant entre les éléments de chaque rectangle peint. Elle est parfois en français ("La Vache"), d’autres fois en latin ("Carpe Diem"), d'autres fois encore, en ce qui pourrait bien être du löx ("Wesh ! Wesh !")… afin que son rôle cinétique se double de cette assertion que l'artiste est un homme d’ouverture ; que son esprit est le creuset de multiples cultures, de la BD au Street Art ; que ces " signes " en sont à la fois témoins et porte-parole protéiformes…

          Il faut donc se demander si, pour  le visiteur qui s'arrête à son stand, les commentaires ont autant d'importance que la peinture ? Ou, l'inverse ? Et si ces commentaires corroborent ce qu'il a peint ? Font redondance ? Sont en opposition ?... Ou sont simplement des commentaires indépendants des tableaux qu'il peint ? Mais Löx sait-il lui-même comment il associe image et texte, pourvu que, dans son œil, ils aillent bien ensemble ? Qu'ils s'assemblent de manière quasi automatique ?


          Finalement,  la question de la lisibilité est-elle capitale, face aux œuvres de Löx ? N'est-ce pas plutôt un constat d'harmonie spontanée, dû au jeu entre pleins et vides, couleurs et noirs, combinaisons des pictogrammes, des arabesques et des plages géométriques, confusion ou éclatement des différentes parties ? Au fond, au lieu d'être une démarche philosophique ou sociologique, comme le suggèreraient certaines phrases du genre "Que fait la police ?" ne s'agit-il pas tout simplement de plaisir et d'esthétisme ? Qui sait ? 

Jeanine RIVAIS

CE TEXTE A ETE ECRIT EN JUILLET 2015,.APRES LE FESTIVAL DE MONTPELLIER, "SINGULIEREMENT VOTRE".