JEAN BRANCIARD, sculpteur

Entretien avec Jeanine Rivais.

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Jeanine Rivais : Jean Branciard : Votre travail égale Récup’… Récup’ totale ?

            Jean Branciard : Oui.

 

            JR. : Et accumulation dans la présentation, parce qu’il semble impossible de mettre plus d’œuvres dans l’espace qui vous a été imparti ?

            JBr. : C’est une erreur de ma part. Je pensais avoir plus de place, mais effectivement si j’en avais mis moins, ils auraient été mieux mis en valeur… En même temps, l’entassement fait un peu marché aux puces, et je trouve que cela va bien avec la nature de mes sculptures.

 

            JR. : Ce qui est amusant, c’est qu’elles sont presque toutes de la même couleur, sauf l’une d’elles qui a un petit tissu coloré.

            Nous dirons donc : de la rouille, des boîtes, du bois…

            JBr. : Oui, des pierres, de la ficelle, des clous… Disons que tous ces éléments sont des matières minérales. Mais il a aussi quelques matières organiques, des os, des crânes de bêtes, etc. Mais pas trop, parce que je ne veux pas donner dans le morbide.

 

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JR. : Vous avez placé les deux pièces maîtresses aux extrémités de votre installation : le premier est un manège ? Une HLM ? Qu’est-ce qu’il représente ?

            JBr. : C’est " la Tour de Babel N° 2 ".

 

            JR. : Par rapport à la Tour de Babel, vous avez une nef… La Nef des fous ?

            JBr. : C’est " Le Styx ", le bateau qui traverse le fleuve menant aux Enfers. Et qui peut résister au soufre, à l’acide nitrique et l’acide sulfurique, les principales composantes de cette rivière.

 

            JR. : Il revient donc des enfers ?

            JBr. : Oui, il rapporte le cadavre d'Orphée. Le bateau qui est derrière est un bateau de plaisance. C’est le " Pacific Princess ", celui de " La croisière s’amuse ". Le capitaine a planté des daturas, et il y a dessus plein de plantes épineuses. Le bateau a donc été un peu transformé. Il reste très agréable quand il fait beau et que la mer est d’huile.

 

            JR. : Vous avez de même plusieurs autres moyens de locomotion.

JBr. : Oui, j’ai par exemple un aéronef qui s’intitule " La gueule ouverte ". En hommage à la revue militante écologiste du même nom, de Charlie Hebdo, dans les années 70. Il s’agit donc d’un aéronef chargé de traquer les pollueurs dans les mers du Sud.

 

            JR. : Vous avez quelques personnages, mais il semble que ce ne soit pas votre préoccupation principale ? Que celle-ci soit les moyens de locomotion : aller " ailleurs ", aller "vers"…

            JBr. : Oui. Le titre général est "Véhicules rouillés". Le mot véhicule" étant à prendre au sens générique du terme, c'est-à-dire "qui nous transporte" : si j'étais bouddhiste, je dirais presque qu'il a le sens zen, petit et grand véhicules.

 

            JR. : Mais qui nous transportent vers où ?

            JBr. : Vers Cythère, Cipango, etc.

 

            JR. : Vous avez donc toujours des allusions mythologiques ou poétiques ?

            JBr. : Non. Des allusions au voyage en général.

 

            JR. : Si je prends œuvre par œuvre, je constate que, là encore, tout est extrêmement plein. Etes-vous comme la nature ? Avez-vous horreur du vide ?

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            JBr. : Il y a en effet une démarche baroque, dans mes œuvres, que je reconnais volontiers. Mais, à une certaine période, j'ai tout de même fait une démarche inverse. Avec des formes très épurées, des constructions minimalistes.

            Mais les bateaux sont récurrents. Je n'arrive pas à m'empêcher d'en faire.

 

            JR. : Vous avez réellement voyagé, ou ce sont des fantasmes ?

            JBr. : J'ai réellement voyagé, en Amérique, en Asie, etc.

 

            JR. : Ce seraient donc des nostalgies ?

            JBr. : Oui. Complètement. Chacun est toujours dans la nostalgie, heureusement. Il faut avoir l'humour de la nostalgie, parce que c'est tout ce qui fait que l'on est sensible. Et que l'on peut avoir une vision des choses à travers ce que l'on vit. Nostalgie, peut-être, de ne pas avoir été poète ?

 

            JR. : Faut-il vraiment connaître vos titres pour comprendre votre démarche ? Ou vos œuvres sont-elles suffisamment universelles pour que chaque spectateur y apporte sa subjectivité ?

            JBr. : Le terme "universelles" est peut-être un peu fort ? Mais que chacun y mette sa subjectivité, oui je suis demandeur. Il faut que chacun l'interprète à son niveau. De toutes façons, que je le dise ou non, les gens le feront. Ils n'ont pas tellement le choix, puisqu'ils "reçoivent" les œuvres en fonction de ce qu'ils sont. Certains titres sont un peu "dirigistes", pour montrer aux visiteurs ce que j'ai envie de dire. Mais ce ne sont que des allusions, jamais des injonctions.

 

            JR. : Tous ces objets que vous récupérez sont de vieux objets. Or, maintenant, la plupart des décharges sont fermées. Où continuez-vous à récupérer ?

            JBr. : Là, j'ai en effet un problème grave. Parce qu'il faut une carte pour entrer dans une déchetterie ! Mais maintenant, j'ai trouvé une mine d'or ! Un casseur à dix kilomètres de chez moi ! Je suis rentré dans sa casse et je lui ai expliqué mon problème. Il m'a autorisé à m servir comme je le veux.

 

            JR. : Hommage donc, au casseur !

            JBr. : En effet. Néanmoins, je n'y vais pas trop, parce qu'il faut qu'il y ait un petit côté découverte. Un côté démarche. Parce qu'il y a tout un travail qui se fait autour de l'itinéraire. Dans mes œuvres, les grosses surtout, il y a une partie qui se fait dans l'atelier. Et puis une autre partie que je fais en marchant. J'aime infiniment marcher dans les bois, dans les vignes. Je fais des kilomètres par semaine.

 

            JR. : En fait, vous "voyagez" jusqu'à ce que vous ayez terminé le véhicule.

            JBr. : Voilà ! Et je récupère les bouts de bois, pierres... qui me permettent de terminer mes objets.

 

            JR. : Ce côté de votre création, fait en voyageant, ne supprime-t-il pas le côté "attente", conjugaison d'éléments : est-ce que cet élément va avec l'autre ? Celui-ci ne convient-il pas avec tel autre ? Le trajet ne supprime-t-il pas cet aspect prospectif ?

            JBr. : Non. Je trouve des éléments en marchant. D'autres ne me servent pas tout de suite, je les mets de côté dans mon atelier. Et, à mon retour, je termine l'objet.

            Il y a la conceptualisation, qui part généralement d'une grosse pièce. Et ensuite je brode autour. Mais il y a dès l'origine, un projet bien défini.

 

            JR. : Je ne comprends plus : vous m'avez dit : "je crée en marchant". Mais alors, si votre projet est "bien défini", qu'est-ce que vous créez, et avec quoi ?

            JBr. : Quand je marche, je crée en fonction de ce que je trouve ; Ensuite, j'ajoute des éléments dans l'atelier, (roulettes, etc.) C'est la raison pour laquelle, il me faut généralement plusieurs mois pour terminer une sculpture. Mais je peux en composer plusieurs en même temps.

 

            JR. : Normalement, chaque objet est mobile ?

            JBr. : Non, pas tous. Il se trouve que ceux que j'ai apportés le sont presque tous. Mais, dans l'ensemble, disons qu'environ un sur deux l'est.

 

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JR. : Vous avez également apporté des œuvres qui sont des tableaux, conçus comme des collages, également, mais à peine en trois dimensions. Sont-ils élaborés dans le même état d'esprit ? Ou non ?

            JBr. : Oui, tout à fait.

            Je voudrais préciser que je ne soude jamais. Que le matériau de consolidation est, dans tous les cas, du fil de fer de vigne. J'habite dans le Bas Beaujolais, une région qui a beaucoup de vignobles.

 

            JR. : Est-ce que, de temps en temps, la couleur ne vous manque pas ?

            JBr. : Non, pas du tout.

 

            JR. : Donc, pour vous, une œuvre est terminée quand vous avez fait un assortiment d'éléments que vous estimez aller bien ensemble, et que vous avez ajouté quelques petites nuances par rapport aux bruns ?

            JBr. : Oui, mais il faut quand même que la pièce ait un sens, une unité. Et il y a aussi un travail sur le temps. La temporalité. Chaque objet qui entre dans la construction, chaque pièce… a sa temporalité. Il n'y a jamais d'objets, de pièces neufs. Tous ont un vécu. Et c'est l'accumulation de ces temporalités qui font le temps de la pièce elle-même.

 

            JR. : En somme, si je résume bien, il est important que chaque œuvre témoigne du passage du temps ?

            JBr. : Oui, et des différentes temporalités propres à chaque pièce composant l'oeuvre.

 

            JR. : Vous m'avez dit hier que, voyant les œuvres de vos co-exposants, vous aviez le sentiment de n'être pas du tout sur la même longueur d'onde.

            JBr. : Je n'ai pas dit cela. J'ai dit que, lorsque l'on classait tous ces gens-là dans l'Art singulier, on donne l'impression d'avoir un grand sac dans lequel on peut mettre tout ce qu'on veut.

 

            JR. : Mais, à Banne, plusieurs ont tout à fait conscience de ne pas être là en tant qu'artistes singuliers. Ils sont là en tant qu'artistes "d'aujourd'hui", puisque la définition du festival comprend les deux dénominations.

            JBr. : Oui. Bien sûr que j'ai des points communs avec mes voisins. Et ce que je dis n'est pas du tout un jugement de valeur. Mais ce que je fais, moi, par rapport à eux, est complètement différent de ce qu'ils font. Mais c'est très bien comme cela, cette différence assure un contraste. En même temps, classer ces genres d'arts dans une même famille, me semble très difficile.

 

            JR. : Mais le problème est de savoir si eux, se sentent bien dans la rubrique "Art singulier" ?

            JBr. : Oui, mais c'est autre chose.

Mais pourquoi faire une rubrique "Art singulier" si on peut y mettre ce que l'on veut ? C'est là le problème !

 

            JR. : Mais vous ne voudriez tout de même pas que tout le monde compose sur le même principe de matériaux ou d'esprit ?

            JBr. : Je n'ai pas dit cela ! Ce que j'ai dit, c'est que le terme d'"Art singulier" est une notion très vague, difficile à définir. La preuve en est tous les débats qu'il y a à ce sujet, tous les noms qu'on lui a appliqués depuis le début. Chaque fois qu'une définition est donnée, le contraire peut être dit en même temps. Alors que l'on peut définir les Impressionnistes, les Cubistes, etc., définir l'Art singulier à partir de ce qui est ici, me semble difficile.

 

            JR. : Oui, mais pour tous ces mouvements que vous évoquez et qui étaient dans une définition culturelle, les artistes étaient dans une volonté d'être dans une mouvance. Tandis que…

            JBr. : Je ne sais pas s'ils étaient dans une volonté ?

 

            JR. : Le mot "singulier" est tout de même parfaitement net. Il implique que chacun sera à part, en même temps que différent des autres.

            JBr. : Oui, mais mettre "singulier" à côté de "art" me semble un pléonasme ! Si chaque artiste n'est pas singulier…

 

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JR. : D'accord, chaque artiste est supposé être singulier. Mais quand on parle d'"Art singulier", on en parle au sens historique, pas au sens de personnalité.

            JBr. : Mais même au sens historique, je demande que l'on me prouve le bien-fondé de la définition.

 

            JR. : Je vous accorde que certains mots sont de plus en plus galvaudés.

            JBr. : En plus, cette critique de l'Art singulier, je ne vois pas en quoi elle se singularise par rapport à la critique de l'Art classique ? Elle emploie les mêmes critères au niveau de la distribution, de la commercialisation, etc. On entre dans les mêmes problématiques. Je pense au problème de "champ", au sens Bourdieu du terme. Si l'on fait une analyse du monde de l'art dit "singulier", on n'arrive pas à distinguer sociologiquement les créateurs de l'Art singulier, des peintres du dimanche, par exemple. Ce terme n'est pas du tout respectueux de ma part. Je ne sais pas si vous connaissez Michel de Certeau, "Les cultures de l'ordinaire", où il essaie de voir comment sont nées toutes ces cultures populaires, comment elles sont transmises, comment les choses se passent d'un point de vue sociologique. Je pense qu'il y a peut-être des recherches à faire, en ethnologie, du côté de ces chercheurs. Parce que, pour le moment, dans les théories que j'ai lues sur l'histoire de l'Art singulier, ce sont bien les vôtres qui sont respectables historiquement, celles de Luis Marcel, etc. Mais il y manque quand même une analyse des publics de l'art, des pratiquants, des praticiens, de tout. Qui fait que l'on arriverait peut-être à trouver quelque chose qui les distingue des autres artistes.

 

            JR. : Il est évident que la première fois qu'un artiste est sorti de son jardin où il avait jusque-là, dans le secret, exprimé toutes ses pensées intimes ou ses problèmes profonds, pour exposer ses œuvres et les "proposer" à un public, il n'était plus au sens originel, un artiste singulier.

            JBr. : Oui, mais on peut dire aussi cela par rapport à l'Art brut.

 

            JR. : D'autant plus, assurément. Déjà, le mot "Art brut" ne devrait plus être prononcé en dehors de Lausanne, voire de l'Aracine.

            JBr. : Oui. Il n'aurait même jamais dû être prononcé du tout !

 

            JR. : Oui, mais la différence, c'est que, pour tout ce qui touche à l'Art brut, ce ne sont pas les artistes qui ont généré cette situation. C'est le regard d'autrui qui en a fait des œuvres d'art. Eux, créaient du beau au sens où ils le sentaient, ils créaient aussi et surtout pour souffrir moins.

            JBr. : Je ne sais pas. Cela veut dire que tous ces gens n'auraient aucune historicité ?

 

            JR. : Effectivement, ils n'en avaient aucune, puisqu'ils étaient enfermés derrière les murs de leurs asiles !

            JBr. : Je ne suis pas d'accord ! Tous ces gens qui auraient créé des œuvres très brutes, ce serait, pour parler vulgairement, comme s'ils chiaient une merde tous les matins. Si l'on voit comment ils étaient considérés en tant que créateurs à ce moment-là, ce ne sont que des affaires pulsionnelles, impulsives, compulsives, etc. C'est comme si l'on filait un pinceau à un chimpanzé, et qu'on le faisait peindre !

 

            JR. : Mais concernant ces créateurs, vous leur prêtez une action vers l'extérieur qu'ils n'ont jamais eue ! C'est Prinzhorn, ce sont les médecins qui ont commencé à sortir les œuvres de ces lieux clos !

            JBr. : Je le sais bien ! Je sais bien tout cela ! Mais cela ne signifie pas que si on les avait mis dehors, ils n'auraient pas peint autre chose ! Ce que je veux dire, c'est que le problème n'est pas le moment où les gens ont pris leurs œuvres pour les sortir, c'est le fait qu'au moment où ils ont fait ces œuvres, ils étaient dans une démarche de création exactement comme moi ou comme n'importe quel artiste quand il crée.

 

            JR. : Je ne suis pas d'accord. Je pense que leur création était leur planche de secours ! Puisque, aucun soin ne leur était donné, autre que la camisole de force, les douches glacées ou l'armoire, etc.

            JBr. : C'est là l'interprétation de certains psychologues. Je connais bien toute cette histoire ! Mais je dis que leur acte de création n'était pas aussi brut qu'on a bien voulu le dire, et qu'ils étaient eux aussi inscrits dans une histoire de l'art quoi qu'il en soit, parce qu'ils avaient eu un vécu à l'extérieur, ils avaient une culture artistique, qu'ils ont revécue à un moment donné. Même si ce que vous dites est vrai, cela n'empêche pas qu'ils aient eu tout cela avant !

 

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JR. : Aloïse (les autres aussi, d'ailleurs) n'était pas "acculturée". Elle était acculturée picturalement, artistiquement… C'est en ce sens que Dubuffet les a définis.

            JBr. : Oui, bien sûr, mais est-ce que, pour être artiste, il faut être inculte ?

 

            JR. : Non. Mais si nous reprenons exactement la définition de Dubuffet, il parlait de gens picturalement acculturés ! Pas des autres.

            JBr. : C'est-à-dire des gens qui n'avaient pas fait les Beaux-arts !

 

            JR. : Non ! Mais des gens qui avaient vécu dans des milieux où ils n'avaient jamais rien vu d'autre que le calendrier des postes ! Et encore !

            JBr. : Mais ça, c'est déjà une culture ! Ils avaient acquis le langage, ils étaient inscrits dans un discours, etc. Je trouve que c'est beaucoup réduire ces gens que de les réduire à ça ! Je trouve que c'est un terme, à mon avis, très méprisant, par rapport à la création de ces gens-là !

 

JR. : En tout cas, moi je n'ai pas de mépris pour eux ! Je suis même souvent médusée face à l'imagination dont ils faisaient très souvent preuve !

            JBr. : En plus, j'ai travaillé avec des personnes en grande souffrance psychique, j'ai un catalogue d'une exposition de l'hôpital Saint-Cyr à Lyon, intitulée "Métamorphoses". Je peux montrer le travail que font ces malades mentaux !

 

            JR. : Mais maintenant, l'art thérapie est aussi passée dans les moeurs.

            JBr. : Si vous voyiez le travail qu'ils font, par rapport à ce qui se fait ici, ils mériteraient largement d'y être !

 

            JR. : Je suppose qu'ils seraient les bienvenus s'ils avaient envie d'y être !

            JBr. : Exactement. Il n'y a pas de raisons !

 

JR. : Y a-t-il autre chose que vous auriez aimé évoquer ? Des questions que vous auriez aimé que je pose et que je n'ai pas posées ?

            JBr. : Savez-vous s'il y a des lieux associatifs où des artistes se produisent eux-mêmes, en coopératives ?

 

            JR. : Je connais Singul'Art. Sans doute y en a-t-il d'autres, mais je ne les connais pas !

            JBr. : Parce que ce serait bien que les artistes singuliers se singularisent, et qu'ils n'imitent pas les circuits de distribution déjà existants…

 

            JR. : Mais à partir du moment où vous créez un nouveau circuit, vous fonctionnez exactement comme eux !

            JBr. : Peut-être ? Mais peut-être aussi y a-t-il des choses à inventer ?

 

 

JR. : Là, je n'ai pas de réponse !

 

            Cet entretien a été réalisé à Banne, dans la Grotte du Roure, le 15 mai 2010.