FOYER DE L'APAPSH DE GOURNAY (76)

 (Association pour Parents et Personnes handicapées)

Entretien de JEANINE SMOLEC-RIVAIS avec Monsieur LAFOURNERAY

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Jeanine Smolec-Rivais : Il y a longtemps que votre association existe ? 

Monsieur Lafourneray : Cette année, l'APAPSH fête ses quarante ans d'existence. 


J.S-R.: Etes-vous nombreux ? Avez-vous de nombreux patients ? On dit bien des patients ? 

M. L. : On dit des "Résidents", parce que c'est avant tout un foyer de vie, un foyer occupationnel. 


J.S-R.: Les résidents sont internes, chez vous ? 

M. L. : Il y a des internes et des externes. Les externes retournent dans leurs familles le weekend. 


J.S-R.: Et combien êtes-vous d'éducateurs ? 

M. L. : Il y a douze éducateurs pour encadrer environ trente-cinq résidents en journée. 


J.S-R.: Que faites-vous dans la journée ? Comment occupez-vous les résidents ? 

M. L. : La journée est découpée en ateliers. Ateliers de jour ou ateliers occupationnels. Il y a environ une trentaine d'activités proposées. Les résidents s'y inscrivent tous les trois ans. On fait un changement d'activités et de planning –qui peut être révisé- à chaque fois. Ils s'inscrivent et on voit si cela peut correspondre à leurs capacités. Ainsi qu'à leur projet de vie. 

Ce peuvent être des ateliers culturels qui leur sont proposés ; du jardinage ; des activités sportives. Et puis, il y a ce que j'appellerai les activités pour "faire tourner la maison" : le ménage, la cuisine, etc. 

J.S-R.: En fait, ce genre d'ateliers n'a rien à voir avec l'Art-thérapie ? 

M. L. : On peut parler d'Art-thérapie pour les ateliers d'Arts plastiques. 


J.S-R.: Le but de ces ateliers est de former ces résidents pour qu'ils puissent se réintégrer dans la vie ? Ou est-ce simplement une façon de les occuper ? 

M. L. : C'est principalement pour les occuper. Mais ensuite, ils peuvent s'ouvrir sur des possibilités extérieures, comme ici, au festival de Bézu, ou à travers diverses expositions.. 


J.S-R.: Vous avez apporté des sculptures énormes, grillagées : Ce grillage a-t-il seulement une fonction de maintien ? Ou a-t-il un sens psychologique ? 

M. L. : Il sert de maintien pour la  raideur de la structure, et le maintien des objets qu'il contient : bouteilles, etc. 


J.S-R.: A quoi correspondent ces grosses sculptures qui, par ailleurs, sont très esthétiques ?

M. L. : Ces sculptures ont été créées pour accompagner un groupe d'opéra/théâtre qui s'est produit pendant plusieurs années en Région parisienne et dans le Pays de Bray. Elles ont servi de décors pour cet opéra.

J.S-R.: Quel était le thème ? 

(Pendant le début de cet entretien, plusieurs résidents présents au festival, se sont approchés) :

ML :  veux venir, Franck, parler de l'opéra ? 

Explique de quel opéra il s'agit ? 

J.S-R. : Franck, votre éducateur me dit que vous avez travaillé pour cet opéra. Pouvez-vous me dire ce dont vous vous souvenez ? 

** On a monté les arbres, et puis on a fait le tour avec des bouteilles en plastique. 

C'est vous et vos collègues qui avez assemblé tout ce qui est dans les grillages ? 

** Oui. Tous ensemble.

Cela a dû être un travail très long ? 

** Oui. Un an ! 

Et vous avez eu le même plaisir du début à la fin ? 

** Oui.

Et après, vous avez joué dans l'opéra ? 

** Non.

Alors, qui est-ce qui jouait dans la pièce ? 

** Les Voix Lactées.

Et ils ont travaillé avec vous, alors ? Ils vous ont dit ce qu'ils voulaient et si ce que vous faisiez leur convenait ? 

** Non. Ils nous ont demandé de faire un arbre, le soleil. Ils nous ont montré les plans.

M. L. : Il y a eu un autre travail avant. Un travail d'explications, en fonction de ce que la compagnie attendait. La compagnie attendait un décor avec un jeu de lumières qui différencient les couleurs de jour et les couleurs de nuit. Parce que la pièce se passait en deux temps, le jour et la nuit. 

J.S-R.: Il m'a semblé que vous aviez le même personnage dans vos grands cœurs : l'un debout, l'autre couché ? Cette sculpture entrait dans le concept de la pièce ? 

M. L. : Oui. Il y avait des animaux extraordinaires, et ce décor féérique faisait partie de la pièce. Les structures ont été placées sur des pieds pivotants qui permettaient de changer de décor très rapidement.


J.S-R.: Vous faites un spectacle par année, ou c'était seulement cette année exceptionnellement ? 

M. L. : Non, c'était une demande particulière de la Compagnie des Voix lactées. Ils ont eu ce décor à disposition pour plusieurs représentations. Maintenant, nous partons sur d'autres projets, l'un de papier mâché notamment. 


J.S-R.: Avec d'autres compagnies ? Ou pour vous-mêmes ? 

M. L. : En ce moment, ce sont les résidents qui prennent plaisir à produire pour eux-mêmes. Mais nous sommes toujours à la recherche de partenariats, pour pouvoir proposer des décors à d'autres associations. 

J.S-R.: Vous habitez à Bézu ? 

M. L. : Non, l'Association est domiciliée à Gournay-en-Bray. Mais ce n'est pas très loin, une quarantaine de minutes de Bézu.


J.S-R.: Et cela arrive souvent que vous soyez sollicités pour participer à un festival ?

M. L. : Oui, les collègues participent à plusieurs festivals. 


(Retour vers les résidents) :

Cela vous plaît de venir dans un festival ? 

** Unanimité : Oh oui ! 

Et quand vous regardez les œuvres des autres artistes qui exposent, qu'est-ce que vous en pensez ? 

** C'est beau ! C'est joli ! 

** J'aime bien, moi ! J'adore les peintures.


        J.S-R.: Y a-t-il d'autres thèmes dont vous auriez aimé parler et que nous n'avons pas abordés ? Des questions que vous auriez aimé entendre et que je n'ai pas posées ?

M. L. : Sur le lieu et la manifestation. Pour ma part, c'est la première fois que je viens ici. Et je n'ai pas encore fait le tour de tous les artistes. Je pense que ma collègue aurait été plus qualifiée pour vous répondre.


J.S-R.: Mais elle m'a dit qu'elle devait partir et ne revenait pas. Qu'il fallait que je m'adresse à vous. C'est d'ailleurs très gentil à vous de me répondre. 

M. L. : C'était avec plaisir.


ENTRETIEN REALISE LORS DU GRAND BAZ'ART A BEZU, LE 7 JUIN 2014.