Qu'est-ce que Belar veut exprimer, lorsqu'il propose ses compositions où, sans rien narrer il est capable de développer des fresques aux multiples rebondissements pour l’œil ? Lignes, traits aux variables épaisseurs, surfaces granitées, carrelées, striées… qui produisent un effet dynamisant très harmonieux, vu que l'artiste n’a pas  tout à fait renoncé à de curieuses références à la figure (souvent à peine perceptible) ou à la perspective ? Est-il obsédé par des architectures cosmiques inexplorées et veut-il exprimer la complexité d'un monde avec ses interconnexions mais aussi ses attentes et ses élans ? Ses entrelacs contiennent-ils des éléments se proposant comme des énigmes ? Ses approches parfois vaguement florales avec des suggestions de pictogrammes humanoïdes visent-elles à adoucir ses explorations ? Imagine-t-il des conversations entre ce qu’il a exprimé sur la surface du tableau et celui ou celle qui les contemple ? 

          Toujours est-il que ces lignes entrecroisées, ces figures étranges qui en apparence n'expriment rien, sont  autant de visions intérieures que lui dicte son esprit et que reproduit sa main ; et dont les harmonies sont totalement tributaires des relations entre les couleurs, les espaces blancs s'immisçant entre les rouges et les bruns, les rouges et les verts, les gris et les rouges, les uns et les autres piquetés de minuscules ovoïdes… quelques plages noires semblant une volonté de repos entre les explorations… le tout échafaudant la profondeur par effets de lumière, les jeux de volumes sombres/lumineux.

          Quelle que soit la réponse, Belar nous emmène au cœur de son univers aux éléments répétitifs, cohérent, construit avec minutie, dans un geste tantôt lyrique, tantôt nerveux, toujours contrôlé. Et cette œuvre a priori déconcertante, témoigne d'une belle technique structurée, très maîtrisée, dégageant de la complexité des compositions un équilibre qui ne laisse pas indifférent.

                                                                     Jeanine RIVAIS