EVA : LES EXPOSANTS 2015

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ACOULON JOËLLE : 

Très vite, le visiteur oublie que les œuvres fractales de Joëlle Acoulon sont numériques ! Tant de spontanéité en jaillit que si l'artiste avait peint dans l'immédiat après-guerre, elle aurait appartenu à l'abstraction lyrique !  Cette quête d'harmonie, ces jets de couleurs, de configurations en essor, génèrent autant d'envolées délicates, émotionnelles, intuitives : des odes vivantes à la lumière.




ALEXANDRE CORINNE : 

Peintre et dessinatrice, Corinne Alexandre en est venue à la gravure : eau forte, aquatinte, carborundum, sur plaques de zinc ou cuivre, selon les thèmes traités. Plaques de bleus symboles de rêve et de sérénité, allant du plus pur au gris, servant de "lit" à de fines linéarités d'épaisseurs irrégulières totalement abstraites, ou évoquant un vague oiseau ou un feu rupestre sur des galets… Et, tenant une grande part, les marges telles des cocons protégeant  ces compositions  intimes.







BAL ALAIN, alias ALBAL :

Les œuvres d'Alain Bal sont-elles abstraites, ou s'agit-il de rythmes floraux, gros bouquet vu de dessus, assemblage artificiel de fleurs faussement géométriques, gerbe polychrome posée au sol…  chaque fois emplissant la toile ? Le tout conçu en des coloris exubérants, tantôt à grands traits du pinceau, tantôt au contraire, à petites traces longuement tapotées. Ces dissimilitudes entre l'amplitude du geste ou au contraire les moments ponctuels, sont-elles alors le reflet des humeurs du peintre, une sorte de chemin de méditation ? 

 

 

 

 

GICKEL MICHELE dite AMGIE :

Les sculptures de Michèle Gickel sont taillées de façon minimale, dans une économie de gestes visant à faire sortir l’essentiel, avec un grand souci de la justesse anatomique. Symboles de vie et paradoxalement hiératiques, polies jusqu'à être miroitantes de façon à capter la lumière, elles sont éminemment sensuelles et le spectateur a envie de les caresser, créer avec elles une intimité, suivre leurs replis chauds et soyeux, contourner leurs rondeurs.









SIOUBALAK EMMANUELLE, dite AVEYLEENA CROW :

Pourquoi Emmannuelle Sioubalak a-t-elle appelé ses créations "Divin Art" ? Pour se rattacher à une puissance supérieure qui compenserait sa peur du vide ? Chacun sait que "Le travail créateur serait une façon de «prendre position par rapport au temps» (¹). Mais alors, Comment donner à voir le temps qui passe ? L'artiste a trouvé sa voie : couvrir ses œuvres de milliers de traits, d'entrelacs si denses qu'ils produisent des effets dynamiques, vibratoires, sortes de chaos personnels que l'œil du visiteur a du mal à suivre !  

(¹) Bernard Lamblin; critique d'art.


BOCIAN DANIEL : 

Minimaliste, la démarche de Daniel Bocian témoigne d'une économie de moyens, d'une volonté de créer des structures élémentaires, réalisées dans des matériaux simples (métal), avec des formes épurées, très linéarisées. Du fait de la simplicité de ces formes, de leur absence d’accidents ou de variations de surfaces, ces œuvres, comme depuis des décennies les créations antérieures ayant fait école, véhiculent une histoire émotionnelle réduite à sa plus simple expression. 










CORDIER JEAN-PAUL :

Autodidacte, Jean-Paul Cordier réalise ses sculptures en métal. Traitant de l'humain, toujours. Plutôt petites, dépourvues de toutes fioritures, elles invitent, en des gestuelles très accentuées, danseurs à entrer dans la danse, musiciens à jouer de leur instrument ! Rien de gracieux, de folâtre dans ces œuvres lourdement ancrées sur leur socle. Le paradoxe tient dans la volonté de l'artiste de faire bouger le métal ! En ajoutant une infime note d'humour qui  l'assure qu'aucune agressivité, jamais,  ne peut surgir de ses créatures ! 








DOUE ERIC :

Lorsque apparaît la horde des P'tits Kons, ces allochtones nains, mus par un puissant instinct grégaire, c'est un déferlement donnant de prime abord l'impression d'individus clonés. Mais ils affirment très vite leurs différences, par leurs couleurs tantôt brunes, tantôt ocre ; par leurs dégaines spécifiques, leurs profils incisifs, impertinents, rigolards... Des silhouettes à la fois identiques et protéiformes, sculptées une à une par un Eric Doué convaincu que le nombre engendre la vie et qu'il se doit de veiller à l'originalité génétique de chacun de ces petits êtres  ! 

ERIC DOUE A RECU LE PRIX ESPOIR 2015


DUBUIS ISABELLE :

Isabelle Dubuis a-t-elle un jour rêvé d'être zoologue ? Mais alors, que serait devenue sa vocation de peintre de l'humain ? Car si chaque sujet EST un animal, les grands yeux tendres jouant sur le sensible, sur l'émotion, sont bien ceux d'un humain, une femme le plus souvent ! Un monde familier, domestique, portant sur la beauté, la puissance, la personnalité du sujet. Racontant une histoire à travers laquelle on sent vivre l’artiste.








FAICT CHRISTINE : 

Epurées, perforées, ajourées, les sculptures métalliques de Christine Faict, totalement intemporelles, conjuguent "des fluidités végétales patinées noires, parfois bordées d'"encre solide" (¹) brune ; entre lesquelles serpentent des "chemins de vie"(¹) tantôt pleins et mats, tantôt constituant les vides de ces dentelles de fer ! Ces entrelacs de non-espaces sur lesquels la lumière tente en vain de s'accrocher, sublimés par la volonté de non-couleur, véhiculent intrinsèquement une part de rêve et tant de créativité ! 

 (¹) Définition de l'artiste

CHRISTINE FAICT A RECU LE PRIX DU JURY 2015.






FANTI VERONIQUE : 

Après vignes et champs à perte de vue… Véronique Fanti s'est frottée aux vieilles cabanes brinquebalantes, aux portes de granges aujourd'hui déglinguées, laissant passer pluie et vent, et mangées de ronces ! Et ces lieux dans lesquels maints romanciers ont fait vivre familles pauvres, filles troussées, enfants jouant aux brigands, etc. sont aujourd'hui vermoulues, couvertes de peintures écaillées et de clous rouillés à demi-arrachés. Lieux oubliés, vides de gens… Mais n'est-ce pas la caractéristique principale des œuvres de l'artiste ?    









FOURNIER Jacques : 

Est-ce par hasard que Jacques Fournier a commencé sa "carrière" d'artisan d'art par un papillon et une poulaine ? Le papillon qui rampe un moment sur la terre et s'épanouit en une splendide "fleur" qui prend son essor ! Et puis la poulaine, cette chaussure dont le bout était pointu et dont la longueur dépendait du statut social ? Sans doute inconsciemment, ce nouveau créateur a-t-il choisi ces deux éléments pour s'épanouir à son tour hors du quotidien ? Créer à son gré, une beauté très subjective ? 










FRACASSETTI MARYSE : 

Par quels chemins Maryse Fracassetti passe-t-elle pour aller d'oeuvres figuratives quasi-hyperréalistes, d'inspiration japonisante, (femme à sa toilette devant un décor géométrique ; femme regardant son poisson rouge…) ; à des œuvres totalement abstraites, en deux styles dissemblables : les unes composées d'arcs de cercles aux couleurs vives créant une dynamique ; d' autres, agglomérats de découpages aux couleurs douces, reposantes… ?





FROMENT BERNARD :

"Agrisculpteur verrien", Bernard Froment puise ses matériaux dans les formes brutes de la nature et dans l'héritage séculaire des objets de la vie campagnarde. L'art et la force de ce sculpteur résident dans sa manière audacieuse, subtile et originale d’assembler, associer, en les détournant, les magnifiant, des matières aussi raffinées que le bois, le fer et le verre. Lequel a ceci d’exceptionnel, qu'il change d’apparence, dans ses reflets, ses profondeurs, selon la manière dont la lumière la traverse.







GASTARD ISABELLE : 

Simiesques, les personnages d'Isabelle Gaspard fuient ! Corps ramassés, mains brandies prêtes à lancer quelle arme ? Corps à corps d'un couple agressivement enlacé… Individu piétinant son ennemi… L'artiste "lance" ses créatures dans le but de traduire une expression et une attitude sur le vif, accentuée par la spontanéité du geste, le rythme, l'énergie du mouvement. Il ne manque à ces compositions gestuelles que la parole, et elles appartiendront au monde de la bande dessinée ! 



LACAILLE CHANTAL : 

"Le plus important dans l’art, ce sont l’espace, les proportions et le rythme", disait Serge Poliakoff. Telle semble être la recherche de Chantal Lacaille qui propose des assemblages de plages de couleurs chaudes, souvent mêlées de façon à créer des sensations de rapprochement. Et si elle choisit du bleu, il est si intimement mêlé de gris ou de blanc qu'il ne génère aucune impression d'éloignement. Tout dans la toile semble vivre, formes, couleurs, côte à côte, en harmonie.








LAUPRETRE XAVIER :

S'agit-il, pour Xavier Lauprêtre photographe, de recréer, tel un démiurge, la beauté absolue ? Lui qui, à partir d'images de corps correspondant aux canons actuels de la perfection féminine, prélève une partie de la matière préexistante, la remplace par une partie étrangère ? Et quelle subjectivité forcenée lui fait enlever tel sexe, tel sein… pour un autre, aussi isolément admirable ?  A moins qu'il ne s'agisse de l'inverse : agir par rébellion, détruire la parfaite unité,  et créer un dualisme ? Mais à ce jeu, quelle peut être la fin ? 








MANDRITCH DIDIER : 

Photos mémorielles, que celles en noir et blanc de Didier Mandritch  ! Tant de vie, dans celles du quotidien d'un ancien paysan surnommé Bijou ! Tant de spontanéité, et néanmoins tant de détails : de la bouche édentée au pantalon rapiécé ou à la casquette surannée de l'homme :  du tas de branches entrelaçant devant la porte de vieux cercles de tonneaux aux poules égaillées dans la cour de ferme ;  du croc à long manche aux lourds pâturons du percheron… tant de nostalgie s'étale sous les yeux du visiteur ! 

DIDIER MANDRITCH A OBTENU LE PRIX EVA 2015.


MUGNIER MARC : 

Eternelle question pour tout récupérateur : quels caractères doit posséder un tronc ou un bloc de pierre informe, trouvés dans la nature, pour qu'intuitivement Marc Mugnier sache qu'il va en faire un matériau premier, ou l'intégrer à d'autres ? D'autant que sa conception sculpturale est double : "retirer" des éléments et en venir à des sphéroïdes parfaitement lisses et symétriques ? "ajouter" au contraire, et serrant côte à côte  en chapelet de la pierraille, réaliser un bras retourné  de poulpe ou  un hallucigenia préhistorique, etc. !





ORZEL FRANCIS : 

Abstraites, les œuvres de Francis Orzel sont composées de géométries irrégulières, à l'image du monde, peut-être ? L’apparente unité formelle de ses compositions aux formes imbriquées, emboîtées, dissimule en réalité une multiplicité de solutions picturales selon les significations expressives de chaque forme géométrique. Les couleurs concentrées, souvent froides, la vibration de la matière, s’équilibrent avec ces formes, dans une tension énergique contenue. Ensemble, elles  jouent un rôle capital.








PECOUT BEATRICE :

N'y a-t-il pas un paradoxe entre travailler des matières dures comme le fil de fer et le plâtre et en faire des corps, des corps enlacés ? D'autant que l'artiste doit se partager entre les flâneries possibles sur  le grillage, opposées à l'urgence de la mise en forme du plâtre. La démarche de Béatrice Pécout porte de ce fait sur la lumière et le mouvement  :  les jeux de lumière sur la transparence du grillage faisant appel à l'imaginaire du visiteur, tandis que ceux portant sur le plâtre sont de lourdes ombres portées immédiatement "lisibles"  !


PERROUD MARIE-GALA : 

Marie-Gala Perroud est-elle vraiment "peintre" ? Ne vaudrait-il pas mieux affirmer que ses œuvres collées en trois dimensions font d'elle une récupératrice en osmose absolue avec la végétation qui l'entoure ? Une botaniste de l'harmonie dans l'art d'assembler ses glanes pour donner au visiteur ici le sentiment qu'il a sous les yeux un nid ; là un œuf perdu dans les lichens ; ailleurs un mur mangé par l'âge et les mousses, etc. ? Une compositrice, en somme, dont les éco-gestes génèrent beauté dans la diversité, surprise dans la richesse du procédé. 

MARIE-GALA PERROUD A RECU LE PRIX DE L'AUXOIS 2015.







PRIJENT MYRIAM : 

En stuc marbré, les personnages de Myriam Prijent sont tordus, bancals, aux têtes hypertrophiées, aux jambes au contraire, maigrichonnes, couvertes d'effrayantes difformités Ou bien, ils sont massifs, tassés sur eux-mêmes, sans cou, aux pieds ongulés au bout de larges excroissances corrodées. On pourrait donc les dire handicapés, et s'apitoyer, n'était que de petits riens (bâtons de ski pour le "Petit roi", troisième jambe/antenne pour l'Africain…) apportent une note d'humour à ces créations, leur donne un air de défi face au spectateur ébahi ! 








QUIEVREUX DANIEL : 

A la frontière de l'abstrait et du figuratif, les œuvres de Daniel Quiévreux proposent des plages de matière peinte, le pinceau s'acharnant pour imposer ces masses et générer quiétude et plénitude. Les bleus, apparemment sa teinte favorite se conjuguent parfois avec des ocre et des gris, comme s'il puisait sa vitalité dans les couleurs originelles de la terre. Le paysage se transforme dans l'imaginaire du regardeur, se partage entre le concret et le fugace, les espaces puissamment bordurés et les formes nuagères aux contours incertains ! 





REBOULLEAU MICHELINE : 

Micheline Reboulleau travaille dans l'urgence ! Il n'est que de voir les vigoureux surlignements du pinceau pour éprouver l'impression du mouvement et sentir qu'elle est "dans" l'instant… Les variations chromatiques, les épaisseurs successives de ce pinceau surchargé et progressivement presque sec génèrent tour à tour opacité ou transparence. Chacune de ses œuvres fortement charpentées prend une telle densité, qu'elle témoigne du désir de l'artiste d'imposer au visiteur, la toute puissance de son "dit" ! 


REYDET PASCAL :

Pour le profane, les photographies de Pascal Reydet portent tous les mystères de la technique auxquels jamais il n'accédera ! Et il reste coi face à ces "paysages" constitués de millions de pointillés accentués par la luminosité, mêlés à des flous qui, d'emblée, ajoutent à l'ambiguïté ; face à l'immensité des ciels, l’affinement, le dépouillé, l’essentiel, sur lesquels se détache un unique personnage perdu dans ces non-espaces infinis et tellement subjectifs.



RICOURT MARC :

Les sculptures de Marc Ricourt résultent d’une recherche entre le mouvement, l’esthétisme de l'objet, et la beauté du bois nu. Engagées dans une démarche qui repose sur son savoir-faire, elles constituent un trait d'union entre l'esprit et la main de l'artiste qui fouit les sujets qu'il reprend et personnalise : Une étoile de mer fossilisée; une fleur à la corolle bombée, aux pétales chantournés, une cougourde armée de piquants…  Ainsi naît une flore infiniment présente et significative du talent de l'artiste, réalisée avec la rigueur évocatrice des Arts premiers.

MARC RICOURT A RECU LE COUP DE CŒUR 2015 DU PUBLIC 


SCHENKE ALEXANDRA : 

Le cube tient, depuis la nuit des temps, une place prépondérante. De Platon où il est le symbole de la Terre au Cubisme où il suggère le repos, il porte une symbolique universelle. Les cubes d'Alexandra Schenke la portent doublement, vu que les pétroglyphes trouvent leur origine dans  l'Art rupestre et génèrent de ce fait une profonde signification culturelle et religieuse. A ceci près qu'elle duplique de façon répétitive, des tracés géométriques ou des signes fantaisistes aux formes rigides, ce qui leur confère une certaine rigueur plutôt que symbolisme ! 



SEGUIN RACHEL :

Le spectateur peut penser que la phrase relative à la peinture de Kandinsky convient parfaitement aux paysages abstraits de Rachel Seguin : "construit sur le principe de dissonance, ce tableau organise à l'échelle monumentale la convergence et peut-être la collision… trois continents qui s'entrechoquent"(¹). L'artiste passe de fonds paisibles à des chaos exprimés en couleurs somptueuses, tantôt en épaisses plages de peinture, tantôt frôlant à peine le support. Toujours, apparemment, la recomposition après l'éclatement.

(¹)Will Grohman, critique d'art





THIRION ODILE : 

Conçues telles des enluminures, les œuvres d'Odile Thirion présentent un centre –une miniature ?-  réalisé peut-être avec des encres, parfois évocatrices d'un objet, le plus souvent abstraites, entourées de multitudes d'éléments végétaux de teintes vives, de matériaux indéfinissables de couleurs sobres ou de pictogrammes vaguement sinisants. Puis, comme par un besoin de délimitation de l'espace figuré, ces éléments sont eux-mêmes encadrés de bordures lisses et dorées, cette composition formant  un ensemble artistique et un chromatisme cohérent.




VEY CHRISTIAN : 

"La femme est-elle une note de jazz ?" demande Christian Vey ! Sans doute est-ce pour cette raison que ses portraits sont empreints d'une forte dose d'émotion, d'une intensité révélant puissance et énergie intérieures ? Sortes de rêves colorés, dans lesquels la spontanéité, le mouvement sont déterminants. Couleurs chaudes d'un univers personnel, car elles sont l'unique sujet de l'artiste, voire son expression obsessionnelle où il les montre tour à tour hautaines, méditatives, dubitatives, lointaines, érotiques… vivantes toujours.


TOUS LES TEXTES SONT DE JEANINE SMOLEC-RIVAIS.