COMPAGNIE D'ART BRUT DEMIN

FESTIVAL D'ART BRUT, OUTSIDER, SINGULIER 

13, 14, 15 août 2016.

 

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PREFACE

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          Une fois encore, les puristes rongeront leur frein, car il est surprenant qu'un artiste qui, ayant décidé de se soucier de ses compagnons en créant un festival, choisisse, en plein XXIe siècle, de l'intituler "Art brut, outsider, singulier". Le mot "coupable" étant "brut" ! 

        Décidément, ce petit mot, créé par Jean Dubuffet dans les années 1940, et qui n'aurait jamais dû quitter les cimaises tendues de noir de la Compagnie d'Art brut et la Neuve Invention de Lausanne, bat plus que jamais la campagne de la Singularité ! Impossible de faire entendre à ceux qui l'emploient, qu'il est devenu totalement obsolète ; que la définition de Dubuffet est périmée depuis trois-quarts de siècle (¹) !

 

         Résignons-nous donc ! Pardonnons aux fauteurs de désignation et venons-en au festival Demin. 

         Un lieu magique, "fait pour" une manifestation hors-les-normes : une ancienne brocante désaffectée, immense, où seule réminiscence de cette occupation passée, une fresque signée Besset, couvre depuis 1971 le mur d'entrée. Immense, elle aussi, elle semblait souhaiter la bienvenue aux nouveau-venus et leur invasion colorée ! 

          Un déploiement de bénévoles était là, prêt à aider les exposants. Lesquels disposaient chacun d'une belle place à aménager à leur goût. 

Une publicité impressionnante couvrant toute la région draina vers eux quatre mille visiteurs, qui effectuèrent de nombreuses ventes. 

          Même le temps s'était mis de la partie, le soleil étant omniprésent pendant toute la durée du festival. 

Quelques exposants à l'heure de l'apéritif
Quelques exposants à l'heure de l'apéritif

          Et les soixante artistes, dans ce weekend prolongé ? Venus de tous les coins de France, se rencontrant, se retrouvant avec toujours le même plaisir, cohabitant sans hiatus, tous purent apprécier la convivialité du moment. 

          Mise à part une demi-douzaine d'entre eux qui, appartenant plutôt à l'Art dit contemporain, s'étaient égarés parmi la cinquantaine d'autres, le parcours était résolument hors-les-normes ! Les "récupérateurs" étant en nombre, il fut une fois encore fascinant de voir ce qu'avec les déchets d'autrui, peut créer l'imagination de ces artistes.  Quant aux autres, peintres, sculpteurs, installateurs… eux aussi avaient fait preuve de leurs imaginaires des plus divers, de leurs fantasmes les plus inattendus. Tout cela, de belle qualité. 

 

          Une expérience, donc, à renouveler. Et des félicitations aux deux créateurs de la manifestation : Demin et Jean-Yves Cuny. En croisant les doigts, pour qu'en 2017, cette salle exceptionnelle soit de nouveau disponible ! 

Jeanine RIVAIS

Texte écrit sur la route du retour, le 17 août 2016.

 

(¹) En Octobre 1949, dans  L’Art  brut préféré aux arts  culturels, Dubuffet déclare :  :

    “... Nous entendons par là (Art brut) des ouvrages exécutés par des personnes indemnes de culture artistique ; chez lesquelles donc, le mimétisme, contrairement à ce qui se passe chez les intellectuels, ait peu ou pas de part ; de sorte que leurs auteurs y tirent tout de leur propre fond... Nous y assistons à l’opération artistique toute pure, brute, réinventée dans l’entier de toutes ses phases par son auteur ; à partir seulement de ses propres impulsions. De l’art, donc, où se manifeste la seule fonction d’invention”... C’est pourquoi nous ne voyons aucune raison de faire, de l’art des fous, un département spécial... “L’acte d’art, avec l’extrême tension qu’il implique, peut-il jamais être normal ? Notre point de vue est donc que la fonction d’art est dans tous les cas la même ; et qu’il n’y a pas plus d’art des fous que d’art des dyspeptiques ou des malades du genou”…

VOIR AUSSI : Conférence de Jeanine Rivais : "De l'Art asilaire à l'Art singulier" : http://jeaninerivais.jimdo.com/

Jeanine Rivais devant l'immense salle encore vide !
Jeanine Rivais devant l'immense salle encore vide !