EVAsions DES ARTS 2023
VILLY-EN-AUXOIS , VILLEBERNY, SALMAISE, VERREY*SOUS-sALMAISE
*****
MIREILLE FAURE ET SES CREATIONS ZOOMORPHES
*****
"Il était une fois une famille Loup qui avait deux enfants…". Ainsi pourrait s'intituler l'œuvre de Mireille Faure. N'était que ces loups sont humanoïdes de la tête aux pieds, que leurs actions, leurs relations familiales sont humaines ! Bref qu'il s'agit bel et bien des actions et réactions d'une famille ordinaire sur la planète Terre !
Depuis la nuit des temps, l’homme a tenté de reproduire l'animal qui s’éveillait en lui dès que sa raison sommeillait et qui hantait ses rêves les plus fous. Et, au fil des âges, dans toutes les formes d’art, les créatures fabuleuses ont été une puissante source d’inspiration. Et voilà l'artiste lancée dans une aventure narrative mettant en scène un petit monde pittoresque, saisi sur le vif. Un monde appartenant –peut-être- à son quotidien… transformé, enjolivé… jusqu’à tenir davantage du conte que de l’histoire banale.
Un conte qu’elle réalise en pied ; par des portraits individuels ou des groupes dans lesquels les protagonistes présentent un incontestable "air de famille" : Long nez volumineux incontestablement lupin entre des yeux ronds et perçants aux pupilles noires ; bouches minuscules, réduites à un O noir souvent tordu ; crânes chauves aux oreilles pointues, dardées, comme à l'écoute. Vêtements sans âge, sans connotation sociale.
Néanmoins, rien d'inquiétant dans ce parti pris d’animaux carrément posés sur leurs pieds plats ; il s’agit simplement d’un bestiaire commun, presque quotidien, pacifique. Constitué d’animaux bien connus des humains. Placés côte à côte, en un amusant salmigondis où, s’ils sont immédiatement reconnaissables, ils n’en restent pas moins étranges. Un monde d’où ne surgit aucun malaise, bien au contraire ! Le côté itératif des ressemblances, la récurrence des traits "familiaux" caractéristiques génèrent l’étonnement ; plongent le visiteur dans la perplexité ; éveillent son sens de l’humour, l’entraînent dans un schéma ludique et fantasque auquel il ne s’attendait pas!
Car le propos de Mireille Faure n’est pas d’être hyperréaliste. Mais de faire intervenir d’abord ses talents de sculptrice en choisissant des terres dont les couleurs brunes et monochromes vont générer l’immédiateté des silhouettes de ses créatures. Et, avec cette sobre excentricité, elle va nous montrer la genèse familiale : l'individu seul, la rencontre et le flirt, les enfants qui naissent, grandissent… Et puis, -signe de contemporanéité d'une artiste témoin de son temps- le conciliabule et le départ de toute la lignée sur un bateau rudimentaire : L'exode, en somme !
Ainsi, la démarche zoomorphique de Mireille Faure a-t-elle généré une sorte d’ethnographie personnelle insolite ! S’il est vrai, comme le pensent les philosophes, que chaque individu possède en lui son propre bestiaire avec son animal de prédilection, voilà l’artiste, perdue dans la multitude de ses créations, bien décidée à préciser quel est le sien et quel sens il revêt pour elle ! Narrer, montrer, dénoncer… Ainsi avance-t-elle, dans sa facture un peu naïve. Soucieuse de dire. Dire avec cette œuvre éminemment sympathique, qu'il sera agréable et intéressant de suivre.
Jeanine RIVAIS