Etrange découverte que celle des œuvres de T. Léo accrochées dans un immense coin isolé et sombre de l'Université Lumière Lyon 2, lors de la 7BHN 2017 ! 

 

LES MEUTES DE T. LEO

***** 

  Qu'a-t-il donc pu arriver à T. Léo pour qu'il en vienne à une création obsessionnelle composée de chiens courant en meute tous dans la même direction ? Toujours courant, mais vers quel but ? D'emblée, une chose est certaine : aucun veneur n'accompagne ces meutes ; elles vont seules, comme naguère les chiens errants, affamés, poursuivant en bande quelque proie ! 

Et toutes ces bêtes vigoureuses filent à toute allure, poursuivant un effort commun ; en posture haute, affirmant leur assurance ; oreilles et queue dressées ;  museau en l'air sur un cou étiré, comme pour humer le vent. Tantôt au contraire, filant au ras de terre, longues pattes lancées loin devant le râble puissant, les pattes arrières agrippées au sol ! 

 

 

Et il faut en venir à leur géniteur. Car, s'il n'est pas le veneur qui entraînerait toutes ces bêtes dans leur course, T. Léo a une parfaite science de la mise en scène, de la tonalité à donner ; de l'ambiance à créer ! Ainsi peut-il faire dégringoler ses chiens le long d'une gouttière vertigineuse, du haut en bas d'une maison ; les lancer dans un escalier métallique dont la raideur contraste avec la souplesse des corps ; les faire évoluer –et ce n'est pas un mince paradoxe- sur un plafond, comme si leurs coussinets étaient dotés de ventouses ! ou encore les placer en cercle, hurlant les uns contre les autres, prêts à bondir sur leurs vis-à-vis ! 

          Ce procédé est intéressant parce qu’il y a, dans chaque "construction", un croisement toujours satisfaisant entre le dessin rigide et géométrique du décor et celui tout en souplesse et tournements, des chiens. Il y a donc deux éléments travaillant ensemble. Cet enchevêtrement que  maîtrise l'artiste, accroît le contraste entre les fonds sombres, métallisés, lisses et  toutes ses bêtes blanches, faites de résines ou de plâtres non polis, hirsutes en somme !  

 

          Et le spectateur qui découvre cette installation au premier regard tellement anarchique, mais ensuite tellement structurée, se dit que s'il n'est pas veneur, s'il est certes metteur en scène averti, T. Léo est aussi, assurément, acrobate ! Et il l'imagine grimpant à la corde lisse pour parvenir sous les poutres ; prenant son élan pour gravir ou dévaler les escaliers interminables ; bondissant de place en place sur les terrains incertains où il lui arrive de s'aventurer… 

          Et il aimerait savoir si toutes ces qualités, tout ce talent, cette hantise et ce goût de la  monoforme parviennent à emmener jusqu'au bout de son fantasme, ce sculpteur tellement singulier ? 

Jeanine RIVAIS