VISITER LA FABULOSERIE D'ALAIN ET CAROLINE BOURBONNAIS

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Visiter la Fabuloserie, c’est danser, très rythmée, une valse à trois temps : 

Au premier temps, c’est effectuer à petites étapes gourmandes et jubilatoires, dans des salles dont l’exiguïté convient parfaitement à l’esprit des œuvres proposées, le parcours parfois amusant et attendrissant, d’autres fois inquiétant, parmi les personnages réunis par les époux Bourbonnais dans leur maison de Dicy baptisée "La Fabuloserie". 

Au deuxième temps c’est, une fois franchie la porte d’une grande remise, se trouver dans le monde truculent des « Turbulents » : violemment colorés de rouge et de noir, immenses, ils sont là, gros seins tendus avec ostentation, zizis bandés, copulant, s’entrouvrant… s’offrant à qui mieux mieux sous le regard ahuri et égrillard du visiteur qui n’en peut mais !

Après le temps des émotions fortes et des désirs à vif, vient le troisième temps, celui de la tendresse, de la poésie, avec le Manège du Petit Pierre.

 

Hélas ! Alain puis Caroline Bourbonnais s'en sont allés retrouver dans les étoiles les nombreux petits protagonistes auteurs des œuvres de leur collection ! 

Mais, préservée par leurs deux filles, la Fabuloserie continue de vivre. Et même de voyager. 

Ainsi, fin 2017, certaines œuvres sont-elles allées, dans le cadre de la BHN, dans l'immensité de la CHAPELLE DU CENTRE HOSPITALIER SAINT-JEAN DE DIEU, provoquer le visiteur, prouver qu'elles sont la quintessence de l'Art brut ! 

Des tableaux, bien sûr !!
Des tableaux, bien sûr !!
Et puis des Turbulents !!
Et puis des Turbulents !!

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          Jalonnant ces Turbulents, provocateurs même hors de leur cadre habituel, se trouvaient les tout premiers arrivés à l'Atelier Jacob à Paris : 

          Emile Ratier qui créa ses œuvres sans jamais les voir, parce qu'il était aveugle, et qui remplaça la vue par le toucher et surtout l'ouïe en veillant à ce que dans chaque œuvre, quelque chose tourne, grince, tape, s'entrechoque… pour le plus grand plaisir des grands et des petits.

          Pascal Verbena qui composa ses sculptures à partir de bois flottés, de pupitres, etc. Et dont les boules cascadent toujours de petit passage en petit passage au long des œuvres, suscitant la surprise et l'amusement des visiteurs.

          Simone Le carré-Galimard qui éprouvait un amour vital pour les choses rejetées par les autres : glanes qui donnaient tellement de plaisir à une adulte dont l'enfance fut privée de jouets ; et qui créa le mot "Assemblages" pour ses compositions tellement surprenantes ! 

         Et une Mauricette de Francis Marshall, échappée de son huis clos, la seule pièce de la Fabuloserie qui, pour les 20 ans, n'a pas été blanchie, parce que cela aurait été un crime de sortir cette petite fille de son histoire tellement sordide !  

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          Et puis d'autres, arrivés au long des pérégrinations des deux fondateurs ! 

       Jano Pesset et ses magnifiques "jeux de patience" que sont ses saynètes couvertes de minuscules boules, ponctuées d'aphorismes de son cru, pleins de bon sens paysan. 

  Michèle Burles, et son univers tellement singulier tracé ou dessiné à l'encre, à la peinture, réminiscences de son enfance solitaire : humanoïdes/oiseaux/épouvantails, évoluant dans la plus complète anarchie ! 

         Alain Genty, ses personnages mythologiques et son bestiaire imaginaire d'animaux couverts d'écailles. Créations à la fois esthétiques et thérapeutiques pour cet artiste singulier.

     Jacques Flèchemüller, et ses peintures/dessins pleins d'humour, de provocation et de désinvolture à l'égard d'un monde dans lequel il ne se sent peut-être pas à l'aise ?  

       Les voitures de Jean Tourlonias qui, un jour,  vint en voisin, en pyjama et pantoufles au vernissage du Musée de l'Art en marche de Luis Marcel. Lequel  avait découvert ses bolides caracolant sur fond de paysages vallonnés et de ciels invariablement bleus. 

         Ronaldo Eckenberger qui sculpte en tissu, coud et brode dans la haine, reproduisant à l'infini son horrible marâtre, aux bouches pincées, aux lèvres à demi-avalées, aux joues outrancièrement fardées… 

         Ignacio Carles-Tolra, dont les personnages gesticulants sont autant de critiques acerbes de notre monde, lui permettant en même temps d'exhaler son mal-être ! 

       Pépé Vignes, à l'univers étrange et poétique ; dont les thèmes favoris étaient les fleurs, les bateaux, les poissons, les voitures, les avions, les trains, les ballons de rugby et les cœurs qui se retrouvent sur presque tous ses dessins. Et qui réalisait des "bons points" pour les offrir à ceux qu'il aimait. 

         François Monchâtre et ses compositions animées, surprenantes par leur complexité et dotées de "titres" dont l'humour grinçant dit assez que leur auteur est un rebelle ! 

Jeanine RIVAIS

VOIR AUSSI : 

BOURBONNAIS ALAIN et CAROLINE : COMPTE-RENDU DE LA PIECE "LE MANEGE DE P'TIT PIERRE" : BULLETIN DE L'ASSICATION LES AMIS DE FRANCOIS OZENDA N° 55 (P. 204) de juillet 1995.

Et TEXTES DE JEANINE RIVAIS : "Alain Bourbonnais : Un homme, une collection, une passion ; "Courte histoire de la Fabuloserie et de son fondateur", "Visiter la Fabuloserie" : BULLETIN DE L'ASSOCIATION LES AMIS DE FRANCOIS OZENDA N° 73 TOME 1 DE MARS 2003 ; 

 Et http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique RETOUR (s) SUR UN QUART DE SIECLE D'ECRITURE (s)

ECKENBERGER RONALDO : TEXTE DE JEANINE RIVAIS : "POUPEES DE CHIFFONS : LES CREATURES DE REINALDO ECKENBERGER". http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique ART SINGULIER.. 

LE CARRE-GALIMARD SIMONE : ENTRETIEN AVEC JEANINE RIVAIS : "QUAND LES POUPEES DE SIMONE LE CARRE-GALIMARD SE DONNENT LA MAIN" : FEMMES ARTISTES INTERNATIONAL N° 17 de JANVIER 1996. 

 

Et aussi : http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique ART BRUT