IXe BIENNALE DES ARTTSSINGULIERS ET INNOVENTS

 

SAINT-ETIENNE 2024

 

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LES EXPOSANTS SUITE 

 

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MÉDIATHÈQUE LA TARENTAIZE

 

EMMANUELLE DI ROSA

DÉTOURNER LA RÉALITE, VAINCRE L'ILLUSION

LES ŒUVRES "PIEUSES" d'EMMANUELLE DI ROSA

 

          Lorsque sa déambulation circulaire l'approche de l'espace d'Emmanuelle Di Rosa, Le visiteur se fait in petto la remarque que c'est bizarre, et inattendu, d'arriver sur un espace de pure piété, puisque de sa place, il n'aperçoit que crucifix, vierges ou saintes, qui plus est prudemment rangées dans des vitrines. Quelle drôle d'idée ! Car, lorsqu'il est enfin parvenu au milieu de ce qu'il a pris pour des bondieuseries, il s'aperçoit qu'il a tout faux et que ces œuvres ont un tout autre but que de l'induire en bigoterie ! 

          Néanmoins, au premier regard, il ne s'aperçoit pas de son erreur, parce que tel crucifix de bois ou de plastique ressemble à ceux qu'il a vus naguère en allant au catéchisme ! Ce n'est qu'après quelques secondes qu'il constate qu'ils sont vieux, abîmés parfois, et qu'il y a de fortes chances, vu le nombre, qu'ils soient de Récup' ? Et soudain, il s'énerve contre lui-même, de n'avoir pas compris immédiatement que là était l'illusion : n'avoir pas vu que si le corps et le linge de ce Christ en croix est bien conforme à ce qu'il a depuis toujours en mémoire, la tête, elle, est jaune avec une bouche hilare, deux yeux blancs sans iris ;  que sur cet autre, le crucifié est étique et qu'il a la tête de Popeye ; et que sur cet autre encore, il s'agit carrément d'une femme, bottes rouges et jupe bleue troussée, bustier bien ajusté, une masse de magnifiques de cheveux tombant jusqu'à ses cuisses nues, son beau visage joliment maquillé. A ses pieds, une épée et un bouclier plongés dans un bénitier. 

          De vitrine en vitrine, la surprise de ce visiteur ira croissant, en constatant que le Cœur de Jésus, -lui dont Bossuet écrivait doctement : "Tel est donc le cœur de Jésus, tel est le mystère du christianisme"- est une grenade, et qu'il est sur la poitrine d'un homme du commun, à lunettes, coiffé d'un chapeau éculé, tenant à la main un rameau fleuri, à l'instar des nobles du XVIe siècle posant devant leur peintre ! Suivent une Marianne virginale, bonnet phrygien et ceinture tricolore ; un petit Ewok en prière ; deux vierges siamoises, l'une blanche l'autre noire ; une Vierge dans son pré, mi-verte mi noire, terre fertile et terre anéantie. Etc. 

   Est-ce parce que deux yeux ne sont pas suffisants pour englober tout ce que "disent" les œuvres de la sculptrice, qu'elle avait posé, un peu plus loin, un carré constitué d'yeux, rangés, alignés ? Or, chacun sait que   les yeux semblent posséder un double pouvoir : tournés vers le dehors, ils reflètent l’extérieur du corps ; tournés vers le dedans, ils seraient ouverts sur la profondeur de l'âme. De là leurs ambiguïtés, qui obsèdent. Est-ce cette accumulation de signes contraires qui fait l’ambivalence expressive des yeux, au moment où des regards s’échangent ? ou bien est-ce l’inverse, est-ce l’échange qui bouleverse tout ? Quoi qu'il en soit, ce carré d'yeux n'a fait qu'augmenter pour le visiteur, le nombre des interrogations qu'il se posait à propos d'Emmanuelle Di Rosa. 

 

         Il en vient alors au PROPOS de l'artiste où, avec le plus grand sérieux, elle définit la spiritualité et dit, par contraste, quelques mots de son travail. Et, tout contrit, il réalise qu'en fait, sous une apparence d'humour, d'ironie, de bravacherie, l'artiste dénonce nombre de dysfonctionnements de notre temps et de notre civilisation ; qu'elle s'en prend à la religion ; à la consommation outrancière ; à la guerre ; aux écolos de tous crins ; au racisme… et à bien d'autres travers qui, peut-être ont échappé à son observation ! 

 

    Humblement, revenu chez lui, il étudie tout ce qu'Emmanuelle Di Rosa lui a appris ce jour ; admire une création aussi diverse conçue uniquement en objets de récupération ; se retrouve sur sa ligne de pensée lorsqu'elle écrit : "Nous avons hérité de vestiges gallo-romains, de trésors celtes, de cathédrales aux dentelles de pierre. Nous léguerons des posters de Claude François, des Goldorak en plastique et quelques ruines de béton". Ce travail interroge ce qui reste de spiritualité, au sens littéraire du terme, dans notre société contemporaine occidentale. Que vénérons-nous aujourd’hui, quels nouveaux temples avons-nous créés et pour quelles idoles ? Il est urgent d’en rire". Beaumarchais écrivait jadis : "Dépêchons-nous d'en rire avant que d'en pleurer". Finalement, sous ses chemins détournés, telle est bien la morale à tirer de cette œuvre passionnée et passionnante. 

Jeanine RIVAIS

 

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          Un artiste peut-il se situer fondamentalement hors de la contemporanéité dans laquelle se déroule sa propre vie ? Beaucoup le revendiquent, d’aucuns y aspirent. D’autres, au contraire, s’en imprègnent et, à leur façon picturale, veulent en témoigner : tel est le cas de Fasii qui affirme que ses œuvres sont nées lors du covid, de la nécessité de "ne pas mourir de spleen et d'incompréhension, avec une manette à la main, à côté d'un cendrier plein". Œuvres de survie, donc. Œuvres d'improvisation, se situant hors du temps, hors des modes, dans un univers à la fois spontané et longuement échafaudé, conçu avec un sens aigu d’une dramaturgie picturale.

          Des humains, toujours, en couple parfois, lovés l'un contre l'autre ou se bécotant enlacés ; seuls le plus souvent, pour la plupart à l'avant-plan du tableau, regardant le visiteur en off de leurs gros yeux faits de cercles concentriques ; quelquefois de profil presque chevalin. Et il est alors à noter que si les têtes, sans être réalistes, sont toujours "complètes", les corps sont à peine ébauchés et s'ils sont figurés, ils disparaissent derrière de multiples graffitis. 

 

        Tout cela rendu sur des fonds conçus à minima, les protagonistes occupant généralement tout l'espace ; en de magnifiques tonalités, car il faut parler du talent de coloriste de l'artiste qui affectionne les teintes chaudes ; et, par la conjonction de couleurs pures, vives sans jamais être criardes, accentue le sentiment de grande harmonie. Les bleus profonds, les pointes de rouges côtoyant les verts tendres ; les touches de noir, jouant de leurs proximités, font de ces œuvres une histoire protéiforme et néanmoins toujours la même.

 

          Finalement, purement fantasmatiques, grâce à son savoir-peindre, à son imaginaire qui lui permet de "dire" sans réalisme… les personnages de Fasii sont porteurs d’une poésie puissante ! Grâce à la précision avec laquelle s’enchaînent ses motifs ; et l’effet de surprise qui résulte de leurs combinaisons ; l'unité d’inspiration qui se retrouve de tableau en tableau et l'investissement personnel menant à une universalisation du sens… Fasii réalise une œuvre vivante, puissante, très originale. Du beau travail. 

Jeanine RIVAIS

 

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          Patrick Gourgouillat appartient incontestablement aux pointillistes, mais à la différence de nombre d'entre eux qui sont devenus impressionnistes, lui a continué à faire des milliers -plus peut-être- de minuscules points qui le rattacheraient en d'autres temps aux créateurs d'Art brut. 

 

     Chacune de ses œuvres semble conçue en deux parties : l'une simplissime, qui donne le thème, et l'autre, plus élaborée qui le développe. Ainsi, lui suffit-il d'un palmier et de quelques coquillages pour savoir que le couple assis face à face, l'un fumant, l'autre la tête penchée comme plongé dans ses pensées, est à la plage et qu'un hélicoptère passe et repasse pour la surveiller. Ou bien, tout en haut, coin droit du tableau, un personnage applaudit, et le bas confirme que nous sommes devant un cirque. 

        Parfois, sa composition est moins simpliste, mais tout de même très explicite : dans une grande boule feuillue, en lévitation au-dessus d'un cimetière, se trouvent une femme et son fœtus qui, de son sexe, lance une boule orange au bout d'une corde sinuant à travers la boule.  Issant du sol où gisent des morts dans leur cercueil où leur tombe, deux individus pénètrent dans la boule feuillue, d'où le visiteur va conclure que cette boule est le ciel. La seule énigme difficile à résoudre, est le sens de la boule orange (que l'on retrouve d'ailleurs dans presque tous ses tableaux !) ? Serait-ce le soleil ? Ou bien, est-elle là, simplement, pour titiller quiconque la regarde ? Un cœur en suspension dans les feuilles est facile à définir. Mais que faire de cette minuscule boule noire, placée de façon aléatoire dans le feuillage ? Finalement, le visiteur ne s'est-il pas vanté, en affirmant ci-dessus que tout était simple dans le monde de Patrick Gourgouillat ? 

 

    D'autant que d'autres œuvres posent problème ! Notamment celle où, dans les fleurs, parmi les plantes à tiges roides jalonnées de têtes humaines et coiffées de chapeaux (des champignons, donc ?), se tient debout un adolescent, jambes écartées et bras croisés dans le dos.  A sa gauche (droite du tableau) est assise une minuscule femme, tandis qu'un peu en avant-plan à sa droite, se trouve un énorme dogue dressé sur ses pattes de derrière, à demi-retourné vers le visiteur en off. A ses pieds, un espace vide sauf pour un fusil qui traîne. Et tout à fait à l'avant-plan, une table avec autour des gens. Les plus proches du bord du tableau tournent le dos à l'enfant pour regarder eux aussi le visiteur ! Qui sont donc ces gens, hommes et femmes, apparemment : l'une est vêtue à l'ancienne, telle une grand-mère du siècle précédent ; d'autres ressemblent aux Babouchka russes ; deux d'entre eux ont l'air de clowns ; et les derniers portent des tenues de bagnards ? Quel est leur rapport avec cet ado qui, de sa position, les domine, les regarde très intéressé, et qui, ayant ouvert sa braguette est en train de leur pisser dessus ? Y a-t-il, d'ailleurs, un rapport ? Ou s'agit-il simplement, d'images insensées comme sorties d’un rêve, d’un cauchemar, ou d'une quotidienneté pas si simple à supporter ? Qui sait ?  

 

   Notre visiteur pourrait finalement décrire une à une les œuvres de Patrick Gourgouillat, sans être sûr d'en posséder les clefs !  Mais qu'importe ! Il a évidemment été sensible à chaque saynète ; a aimé la planification de chacune d'elles ; et surtout, il a été émerveillé de l'infinitude du travail qu'elles représentent : Et il imagine alors l'artiste, le nez collé sur son support, poncturant encore et encore, pendant des jours et des heures, ses petits personnages et les décors, minutieusement, finement, roidement dessinés/découpés au crayon feutre apparemment ! Et se demande si un travail aussi minutieux comble les rêves ou la réalité de l'artiste ? 

Jeanine RIVAIS

 

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A quel monde appartiennent les êtres vivants dessinés par Christine Blot ? Quels qu'ils soient, d'où qu'ils émergent, ces êtres sont incomplets : A l'un il manque la moitié longitudinale de son anatomie : un autre se limite à un visage et une épaule… pas de bras… pas de tête… pas de tronc… mais dans le crâne du suivant poussent des branches ;  ou il se retrouve terminé par des vibrisses… Bref, la plus profonde anarchie règne dans cet univers. 

Anarchie encore dans l'univers lui-même, où les individus sont dessinés en blanc sur fond d'un noir absolu ! Certains reproduisent la posture conventionnelle des humains ; mais la plupart sont horizontaux, obliques, penchés à droite, à gauche… voire carrément cul par-dessus tête (quand elle est bien là).

D'où le visiteur conclut que, dans le monde de cette artiste, rien n'est achevé. Même pas le monde proprement dit, d'ailleurs, puisque, hors limites, elle continue en filigrane à ajouter d'autres allochtones qui eux, sont à ce stade, seulement délinéés. 

Ce visiteur pense d'abord à souhaiter à Christine Blot de parvenir un jour au bout de sa création. Mais tout ce grouillement si vivant a l'air tellement serein, alors pourquoi ne pas admettre qu'elle possède avec lui, en tant que génitrice, la plus parfaite sérénité ? 

Jeanine RIVAIS

 

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GALERIE DU BABET

 

FAFA DE SAINTÉ

VOIR :TEXTE DE JEANINE RIVAIS : "MIGRATION DE FAFA DE SAINTÉ ET SOUVENIR DU PAYS NATAL" : http://jeaninerivais.jimdo.com/ SAINT-ETIENNE BIENNALE DES ARTISTES SINGULIERS ET INNOVANTS 2022. Rubrique FESTIVALS LIEUX ET EXPOSANTS 

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TOTO PISSACO

VOIR : ENTRETIEN AVEC JEANINE RIVAIS : GRAND BAZ'ART A BEZU 2009. Et TEXTE DE JEANINE RIVAIS "LES PERSONNAGES CONFINES DE TOTO PISSACO" : http://jeaninerivais.jimdo.com/ FESTIVALS, VIIe BIENNALE des Z'ARTS SINGULIERS ET INNOVANTS DE SAINT-ETIENNE 2020.

 

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GALERIE LIGNES LIBRES

 

LISE DE BARTOLOMEO

         Les portraits de Lise Di Bartolomeo sont-ils autant d'autoportraits témoignant qu'elle est perpétuellement à la recherche d'elle-même ? Et, dans ce cas, une telle récurrence ne témoigne-t-elle pas qu'il s'agit pour elle, chaque jour peut-être, de se confronter à ses choix, ses sentiments, ses volontés, ses déterminations, ses interrogations… ? D'autant que tous sont réalistes. 

          Une évidence est là, en tout cas, c'est que presque tous sont féminins. Les rarissimes fois où l'un d'eux est masculin, ses cheveux et ses seins sont les mêmes que pour les femmes. Seule, une fine moustache, parfois une barbe, suggèrent sa différence. Autour du personnage gravitent ici l'amorce d'une épaule, des sortes de bijoux en lévitation, des figures géométriques…, comme s'il fallait à l'artiste trouver des additifs fallacieux ! 

 

        Quant à la majorité, elle est donc féminine. Nue toujours.  Et pris en "bustes", avec le visage de trois-quarts gauche jusqu'à la taille, ou carrément en pied, chaque portrait est entouré, à demi-enfoui sous, ou carrément allongé sur des fleurs, des feuilles ou des plumes, comme un poète irait répétant les vers de Verlaine: 

Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches,

Et puis voici mon cœur qui ne bat que pour vous. 

 

          Ce qui frappe, au premier abord, c'est l'unité de couleur. Lise Di Bartolomeo ménage des éléments ocre qui semblent concentrer la dominante, différente, cependant pour chaque œuvre. Car, même si celle-ci est ocre elle peut aller d'un ocre/rose/saumon aux traits légers, à un ocre orangé, un bleu rosé…  

          Vient ensuite la matière avec laquelle sont composés les portraits : tantôt minces couches ; tantôt magma pour lequel elle pose, superpose, appose longuement à grandes traînées du pinceau surchargé ou au contraire presque sec, épaisseurs sur épaisseurs de peinture ; telle couleur faisant vibrer les autres. L’artiste en vient, à force de superpositions irrégulières à une véritable gangue lourde et chaleureuse, avec laquelle elle va faire naître son personnage. Ces nuances s'appliqueront tant au visage qu'au corps.

          Aucun élément de décor, hormis ceux évoqués plus haut. Aucune rupture. Il semble que la main vienne d’elle-même vers le centre de la toile ; fouisse ces non-formes préalables ; compose à petites touches une silhouette : bouche pulpeuse, toujours bien dessinée. Yeux grands-ouverts sur le monde et lourds sourcils arqués, car, comme le déclare l'écrivain et artiste Gordon C. Aymar : "les yeux sont le lieu où l'on cherche l'information la plus complète, fiable et pertinente" sur le sujet. Et les sourcils peuvent signifier, "presque à eux seuls, l'émerveillement, la pitié, la peur, la douleur, le cynisme, la concentration, la nostalgie, le mécontentement et l'attente, en infinies variations et combinaisons". Nez variant du petit appendice mignonnement retroussé à une double ligne évocatrice, s'écartant vers les sourcils. Chevelure abondante, toujours sophistiquée. Menton volontaire. Epaules larges au-dessus des seins volumineux. Joli corps svelte, hanche lisses, cuisses longues. 

 

          Plus sobres sont les sculptures. Elles varient des lignes parfaitement lisses et des arrondis de Brancusi, à la posture majestueuse de quelque Bouddha et aux hanches larges de la petite Dame de Brassempouy. Parfois même, elles peuvent frôler l'animalité. Et surprenante répétition, elles peuvent avoir un œil énorme logé dan l'une de leurs anfractuosité. 

 

          Et c'est ainsi que, de ses visages multiples et toujours le même, de ses présences jetées comme des escales, Lise Di Bartolomeo choisit son "dit" au gré d'évolutions, de rythmes qui lui conviennent, d'enchaînements profus qui la font rêver. Subséquemment, conscient de cette marche de la créatrice vers elle-même, comment le visiteur ne percevrait-il pas, sous la lourde dentelle des entrelacs picturaux, sous la douceur et l'harmonie des couleurs qui les conjuguent, le questionnement personnel de cette artiste ?

Jeanine RIVAIS

 

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ESPACE ARSÈNE : SAINT-PAUL-EN-CORNILLON

GEORGES BELLUT

VOIR : ENTRETIEN AVEC JEANINE RIVAIS : FESTIVALS : BANNE 2016. http://jeaninerivais.jimdo.com/

ET TEXTE DE JEANINE RIVAIS "LES ALLOCHTONES HUMANOÏDES DE GEORGES BELLUT" : FESTIVALS, VIIe BIENNALE des Z'ARTS SINGULIERS ET INNOVANTS DE SAINT-ETIENNE 2020

 

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VÉRONIQUE PEYTOUR

VOIR : TEXTE DE JEANINE RIVAIS : http://jeaninerivais.jimdo.com/ Festival Bann'Art 2012. Et FESTIVALS. BANNE MAI 2018. LIEUX ET EXPOSANTS

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ENSEIS : FIRMINY

            L'Enseis est un centre des environs de Saint-Etienne, jusqu'où la IXe Biennale des Arts singuliers et innovants étendait ses tentacules. Les centres de même nom se préoccupent du handicap : Celui de Firminy a pour but de former des éducateurs qui assurent un mieux-être en pratiquant avec eux l'Art-thérapie.  A propos de cette collaboration, Louis Molle président de la Biennale, écrivait : 

"Dans l'univers particulièrement vaste de l'"Art" et principalement dans celui de l'"Art singulier", il est des acteurs qui ne se contentent pas de s'exprimer au moyen des acquis techniques en usage, mais partent vers d'autres horizons à la recherche de nouvelles aventures. Cette démarche fait sens et nous intéresse. 

Du Musée à l'Hôpital en passant par d'autres lieux atypiques, nous avons fait le choix de promouvoir l'"Art brut", l'"Art singulier" et toutes formes d'"Art innovant" particulièrement communicatives. Nous revendiquons notre utilité sous la forme de catalyseur de lien social dont l'Art est un moteur reconnu".

Nous travaillons au plus près de l'humain avec des artistes connus, mais tendons la main à nombre d'entre eux non médiatisés, à la découverte de pépites méconnues y compris dans l'univers de créateurs ayant des difficultés relationnelles. Sérieuse, sombre parfois, le plus souvent drôle et impertinente, cette manifestation est portée par un esprit d'échange et de partage. Gardienne de nos différences, elle se doit de parler à tous et de n'exclure personne". 

          Ce lieu présentait des faïences réalisées par des patients, généralement dans des jolis bleus ou gris, avec de fines décorations. Et l'imaginaire de certains aurait pu laisser rêveurs bien des créateurs situés dans l'officialité ! Beaucoup d'émotion était patente, à regarder l'une après l'autre ces petites créations.

       Dans une autre salle étaient les peintures. Presque toutes de format carré dont chacun sait qu'il n'est pas très facile à "remplir".  Ces compositions formelles étaient des œuvres authentiques, personnelles et originales !  A croire que tous ces peintres sont des coloristes nés !  

          Un grand bravo à cette association, et nul doute qu'un tel travail soit bénéfique aux résidents qui l'ont offert aux yeux des invités.

Jeanine RIVAIS