EVAsions 2016 : Les 6 et 7 août 2016.

Page des exposants

 

BELUCHE BORIS : 

Si un quelconque désarroi émanait des œuvres de Boris Beluche, tel un univers kafkaïen, elles laisseraient penser que "la tranquille machine" s'est longuement détraquée ; que ces masses sont en fait des maisons chancelantes ; des logis à demi-effondrés ; des tours délabrées ; des gravats entassés ; des murs affaissés dévoilant soudain des intimités incertaines… Mais les couleurs gaies, les bleus céruléens, les jaunes flavescents ou mordorés, les entrelacs de verts pâles enneigés… attestent que l'artiste s'amuse beaucoup à cons/dé/truire ses architectures aux pieds d'argile !

BORIS BELUCHE A OBTENU LE PRIX DE L'AUXOIS 2016.

 

BIENAYME FRANCOISE : 

A l'instar de Nicolas de Staël (¹), les peintures de Françoise Bienaymé, sont à la fois figuratives et abstraites, lorsqu'elle passe d'une toile imprégnée de couches de peintures de bleus, piquetés de blancs, pour obtenir une couleur pure et saturée informelle, dans laquelle se fondent des mots, tandis qu'une tête penchée dans un angle, semble se recueillir ? Qu'au milieu de semblables géométries aléatoires de bruns ocrés, s'élève la fumée d'un cratère ? Que sur un fond violacé non signifiant, évoluent des personnages allant du pictogramme le plus simpliste au réalisme le plus évident ?  

(¹) "Je n'oppose pas la peinture abstraite à la peinture figurative. Une peinture devrait être à la fois abstraite et figurative. Abstraite en tant que mur, figurative en tant que représentation d'un espace". 

 

CAIRON SYLVIE : 

S'engageant en une aventure d'expérimentations et de tâtonnements, d'avancées et de reculs ; ayant foui la matière au fil des années, son "dit" sublimé ayant été transféré sur la toile, Sylvie Cairon a été confrontée à une forme d'évidence : les grands personnages auxquels elle est parvenue sont enfin en émergence, puisque, derrière eux, entre la gangue des fonds longuement peaufinés et le corps, a surgi l'ombre. Et c'est elle qui assure l'équilibre du tableau, crée une vie entre le fond non signifiant, lourd de matière, absolument abstrait, quasi-monochrome, et l'individu qu'elle fait ressortir… 

VOIR AUSSI TEXTE DE JEANINE RIVAIS : "SYLVIE CAIRON,PEINTRE, A LA RECHERCHE DE SOI-MEME" , et "JUSQU'AU BOUT DE SES REVES"  et "PAYSAGES" :  http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique Art Contemporain. ET AUSSI ENTRETIEN DE JEANINE RIVAIS AVEC SYLVIE CAIRON, peintre : http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique ENTRETIENS.

 

CASTELLONES-ANDREAE NICOLE : 

Se revendiquant de l'abstraction lyrique, les œuvres de Nicole Castellones-Andreae ne se préoccupent d'aucune réalité concrète. Elles ne sont que grands moments gestuels, magnifiques harmonies de couleurs tantôt vives agrippant l'œil, tantôt sombres et chaudes, avec un sens naturel de la matière. Où chaque "accident "génère des équilibres inattendus. Et sur ces grandes taches, l'artiste a poncturé de minuscules traits qui, se chevauchant, donnent l'impression de mousses qui se seraient perdues dans ce monde de formes non signifiantes.

 

GRAPPE  Christine dite CHRISCOLART : 

Le collage a reçu ses lettres de noblesse avec les Surréalistes, les Dadaïstes, etc. C'est, "la noble conquête de l'irrationnel ; l'accouplement de deux réalités en apparence irréconciliables sur un plan qui ne semble pas leur convenir" (¹). Les collages de Christine Grappe insèrent portraits, fleurs, animaux, etc. dans des fonds jonchés de mots, fragments de phrases, pictogrammes, faisant jouer subtilement les rythmes ainsi générés et les harmonies de couleurs à dominantes rouge et noire, corroborant la violence des titres. 

(¹) Max Ernst.

 

LEPOIVRE CHRISTINE, dite CKL MARECHAL

Si le visiteur se demande comment Christiane Lepoivre concilie avec tant de sensibilité, peintures, collages et sculptures, il semble bien que le corps, son thème récurrent, soit ce qui rapproche toutes ses créations ? Car il se retrouve chaque fois différent et toujours le même : Femme assise de dos, son chignon seul contrastant avec les nuances de blancs du collage. Femme allongée sur le ventre ou à genoux, nue toujours, devant un fond non signifiant. Modelées enfin, jambes repliées, dos cambrés pour faire jaillir leurs seins, deux femmes pétries sans raffinement dans la glaise, comme pour laisser la trace de la main de l'artiste… 

 

DE PASQUALE ANNE-MARIE : 

A combien de millénaires remonte la sculpture sur pierre ? Les œuvres d'Anne-Marie de Pasquale, résolument contemporaines, sont de petits humains dont le visage aux yeux clos titille en premier le visiteur : hilare ou grave, sceptique ou confiant, pleurnichard ou rieur… Nez camus ou quasi-absent. Corps cylindrique dépourvu de jambes, souvent de bras qui, lorsqu'ils existent, sont collés au tronc. Des œuvres jaillies d'un geste spontané et néanmoins issu d'une longue maturation, d'une inspiration retenue et qui, soudain, éclate ! 

 

DUFOUR Pascal  SP 187 : 

Pascal Dufour peint des gens. Des Marginaux. Des gens vivant au quotidien toutes sortes de contre-cultures : taggeurs, prostituées, migrants un moment agglutinés dans des bas-quartiers, dealers, assassins, etc. Sur des formats réduits récupérés au cours de ses pérégrinations, il tasse tout ce monde hétéroclite entre des remparts brinquebalants, des cabanes de guingois, parmi poubelles et immondices. Silhouettés plutôt que dessinés, rendus incertains par l'accumulation de couches de béton, goudron, collages. Une œuvre militante, dénonciatrice de la misère de banlieues devenues souvent zones de non-droit.

 

FROMENT BERNARD :

"Agrisculpteur verrien", Bernard Froment puise ses matériaux dans les formes brutes de la nature et dans l'héritage séculaire des objets de la vie campagnarde. L'art et la force de ce sculpteur résident dans sa manière audacieuse, subtile et originale d’assembler, associer, en les détournant, les  magnifiant, des matières aussi raffinées que le bois, le fer et le verre. Avec le souci de capter ici les reflets aqueux du verre ; là, la brillance ou au contraire la matité du bois, l'aspect ferrugineux du métal. Montrer l'extérieur, mais capter l'intérieur, en somme ! 

 

GRACA DA SILVA CHRISTELLE 

"Faire surgir la forme que l’on porte en soi" (¹). La beauté des œuvres de Graça Da Silva tient à sa quête de la sensualité des formes et des matières. Terres simplement cuites ou livrées au raku et émaillées, bois rongés par le temps et longuement vernissés… les seins plantureux dardés, les courbes généreuses par rapport aux tailles de guêpes génèrent une beauté féminine, des équilibres esthétiques où se lient réalisme et imaginaire ; des harmonies tenant à ce mélange de rondeurs douces et d'angles récurrents stylisant le chic des robes surannées. Une manière d'associer féminité et élégance, une création exécutée avec brio. 

 (¹) Constantin Brancusi.

 

GRIMAUD Luc, dit GRIMO : 

 Récupérateur, ou plutôt "réutiliste", comme il se définit, Grimo a plaisir à entasser, posséder des objets métalliques hétéroclites, les toucher, les rapprocher en des proximités ou des accordailles inattendues ; créer en fonction de la définition qu'ils ont conservée ou au contraire déjà perdue, de nouveaux objets, la plupart des "humains" complètement différents de leur sens originel. Vieux, certes, mais ne gardant pas la trace du passage du temps, ses personnages sont debout, solides et, découpés ou compacts, ils présentent au visiteur, le poids de leurs certitudes.                                                                                                                                                                                     

 

LEGRIS HALINA, dite  HALINA : 

Dans les paysages d'Halina Legris, seule, la nature est là : Une amorce d'allée aux arbres rabattus par le vent, un déchaînement de formes abstraites comme prises dans un orage… Mais surtout, elle se promène sur et autour de l'eau. Halina Legris aime jouer avec les formes et les couleurs. Toujours un ciel gris semble s'appesantir sur ses surfaces aquatiques. Tantôt paradoxalement léger, presque uni et l'eau elle-même se décompose alors en une multitude de rivulets stagnant au milieu des herbes folles ; tantôt lourd, zébré de nuages dont les ombres et les lumières jouent en autant de reflets sombres sur l'eau.

HALINA A OBTENU LE PRIX DU PUBLIC 2016.

 

JOURDAN Jean-Pierre dit HATHOR :

Le monde d'Hathor, est fait de paysages cataclysmiques. Entrée de métro couverte de végétation sylvestre; femmes à demi-nues, postées devant les restes d'une ogive d'église ; enfant jouant sur une marelle fissurée, place de l'Arc de triomphe à demi-effondré, devant lequel avance une chèvre au milieu des carcasses de voitures, etc. ? Des restes du monde, en somme, après une destruction qui serait, apparemment, la faute des hommes dont ne subsistent que de rares spécimens. Toutes ses photographies en équilibre sur des canettes de bière écrasées (Témoignages pitoyables d'une civilisation d'"avant" la catastrophe ?) ! 

 

LEPOIVRE FRANCOIS :

Des corps ! Des corps dodus, dansant à deux, luttant à deux, volant à deux ! A la fois trapus, mais conçus en plein élan ; paradoxalement massifs, solides et  dans une tension élégante. Donnant l'impression d'avoir été longuement peaufinés, lissés par la main passant et repassant, de François Lepoivre, de façon que la lumière joue sur leurs courbes et contrecourbes… Les têtes des hommes, chauves ou au contraire abondamment chevelus, se dressent, dominatrices. Celles des femmes, enchignonnées, semblent chercher le regard de leur partenaire. Des œuvres surprenantes de naïveté et de savoir-faire, de douceur et de puissance.

 

MICHELI CLAUDE : 

Tel un tissu bichrome, en nuances de bleu et blanc avec une touche de noir pour affirmer la séparation des couleurs, qu'il aurait jeté négligemment sur un dossier de chaise, Claude Micheli a une façon bien à lui de modeler des étoffes en leur conférant de grands plis, faisant ainsi vibrer la matière textile, donnant un sentiment de fluidité, de vivant, naturel et moelleux. Créant en même temps une sorte de profondeur, de réalité du matériau née de l'apparition des ombres et des reflets. Faisant exploser la forme qui se décompose, se restructure, se délite.

 

SOLER DELPHINE, dite MNIHA : 

De recherches en découvertes, de peinture, poterie, danse… Mniha en est venue à une surprenante technique photographique, la "Light Painting" ou "Peinture lumineuse".  Possédant désormais parfaitement ce procédé, l'artiste explore un monde interlope de misère peut-être, de mal-être assurément, d'adultes en habits grossiers bravant nuitamment leur mélancolie en se livrant à des jeux d'enfants ; de femmes aux corps déstructurés, assises/accrochées sur/à des gradins, hurlant à la nuit ; de clochards sans tête allongés sur des bancs… Un monde de plaies et bosses physiques et morales, en somme, à l'image peut-être de sa génitrice ? 

MNIHA A OBTENU LE PRIX DU JURY 2016

 

PRESNE Jack : 

Dans quel univers interstellaire vit donc Jack Presne pour que ses paysages soient tous en dés/équilibres, ses constructions bancales, ses véhicules toujours de guingois ? Lesquels, d'ailleurs, semblent les lieux récurrents de vie des aviateurs qui sont non dedans, mais toujours émergents, tenant entre leurs bras des sortes de touches, manettes, etc. à demi-dissimulées derrière des dentelures vaporeuses. Le tout dans des harmonies de couleurs douces allant des bleus aux beiges. Une création originale, qu'il poursuit depuis des décennies.

JACK PRESNE A OBTENU LE PRIX EVA 2016.

 

PRIJENT MYRIAM : 

L'univers créatif de Myriam Prijent qui travaille essentiellement le stuc marbré, peut aller du figuratif le plus réaliste à des figures abstraites, dont de simples cercles concentriques pleins ou creux. Mais le plus pittoresque et inattendu sont ses animaux aux têtes monstrueuses : yeux énormes exorbités, dents alignées comme s'ils étaient prêts à mordre ; ou visage enfoui dans une gangue blanche que semblent protéger deux pattes collées de part et d'autre ! L'attaquant et l'attaqué, peut-être, parfait résumé du monde tel qu'il est ! 

 

PRISCILLE DEBORAH :

Parce qu'elle a su vaincre son handicap, et parce qu'elle s'intéresse à la puissance et au côté tripal des œuvres d'Art-thérapie, Priscille Deborah propose des œuvres jetées sur la toile comme autant de défis. Elle impose ses personnages à force de lignes, d’ombres, de plis et replis, de volumes, de formes, de rondeurs, d’angles, de courbes… Dansent alors des groupes nus aux multiples attitudes, s'enlacent des couples à demi-perdus dans la riche matière… Et le choix des couleurs froides à dominantes de bleus et de violets, n'est pas innocent qui, rafraîchissant l'espace, donne une sensation de recul sur les œuvres.

 

QUIEVREUX DANIEL : 

Daniel Quevreux a-t-il franchi la frontière qui lui maintenait un pied dans le figuratif, qu'il soit devenu peintre nuagiste !? Sa peinture, désormais basée sur  la mémoire émotionnelle, ne garde plus d’images ni de couleurs, mais des impressions, des sentiments. Néanmoins, de ses œuvres de naguère, il a gardé les bleus, qui se conjuguent avec des ocre et des gris, se modulent de foncés en clairs comme s'il puisait sa vitalité dans les couleurs originelles de la terre. Ce faisant, ses œuvres ont gagné en mouvement, car, au-dessus d'une base totalement statique, ses "nuages" semblent dans chaque œuvre, poussés par le vent.

 

REYDET COLETTE : 

Les peintres humoristes choisissent souvent des variations s'accompagnant de textes. Pas Colette Reydet : son humour est uniquement pictural et si le thème porte sur les animaux et les humains, ils sont souvent de compagnie ! Passant des impossibilités comme les vaches couchées sur une branche, aux bizarreries comme ce clown ventripotent accroché à des ballons dans les nuages… elle en vient au chat de face blotti contre le chat de dos, avec le petit éléphant et la souris endormis ; et elle voyage avec l'enfant au bonnet d'âne guidant un Indien au nez pointu, un cochon couronné, et un chat en costume marin : Et vogue la galère !!!

 

REYDET PASCAL : 

"Je rêve souvent d'un Monde plus simple, plus vide, plus silencieux…" écrit Pascal Reydet. Il semble bien que son rêve soit devenu réalité, à en juger par ses grands paysages où mer et nuages se confondent ; où, minuscules, flottent à l'horizon ici deux barques devinées plutôt que vues ; là un môle fait jouer les reflets de l'eau… Où parfois, comme perdu entre les herbes folles et les ciels ennuagés, un unique promeneur se découpe sur le lointain. Et, lorsqu'il parcourt les paysages urbains, seuls des réverbères, quelques oculi, la lumière d'une fenêtre sur des murs noirs occupent l'espace ! 

 

STUDER DIVA :

Compositions aléatoires, les œuvres de Diva Studer sont parfois faites de plages plates jetées de façon informelle sur la toile, parcourues de coulures et de taches. D'autres fois composées en géométries fantaisistes et pictogrammes allant, au gré de l'imaginaire du visiteur, de combinaisons de minuscules points à des boules anonymes perdues dans la matière ; du vibrion à l'oiseau bancal, du nuage aux éphémères et fragiles nuances de rose à la mouette blanche aux ailes éployées.  Le tout réalisé à grands coups de pinceaux chargés de matière, ou au contraire à petits moments amoureusement léchés. 

 

TRUONG Hoai-Nam : 

Il est sûr que Hoai-Nam Truong ignore tout de l'angle droit, voire de tout contour qui pourrait générer une quelconque dureté. En attestent ses personnages aux rebords rudimentaires, en lévitation dans des fonds constitués d'agglomérats abstraits, avec des endroits très travaillés, très fouillés ; et à côté, en opposition, des surfaces de repos. Le tout, dans de belles couleurs allant des bis aux bleus gris, où se glisse parfois une plage de rouge adouci. Créant ainsi un univers poétique, en rupture avec l'espace "réel".

 

VALVERDE CLAIRE :

Claire Valverde est-elle figurative, lorsqu'elle propose ses enrubannements métalliques aux formes arrondies, brillantes pour les parties convexes, mates pour les parties concaves ? Est-elle abstraite, lorsqu'elle envahit l'espace avec des structures rectilignes parallèles, jouant de leurs différences de longueurs  et de leurs formes neutres et anonymes, abolissant la dualité forme-fond ? Ou encore lorsque, combinant les deux, elle en vient à des espaces fermés qui s'entrecroisent, s'encastrent les uns dans les autres ? Géométries variables ou fantaisies,  donnant une impression de solidité, de sobriété dans le choix des couleurs à peine esquissées.