ACJ 2019

ART DANS LES COURS ET JARDINS SAINT-SAUVEUR EN PUISAYE

Les 04, 05 et 06 octobre 2019

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Comme chaque année, le public pouvait "rencontrer" les étranges bestioles de Franck Mercky posées, telles des vigiles, aux quatre coins du village. 

MERCKY FRANCK : 

VOIR AUSSI : ENTRETIEN AVEC JEANINE RIVAIS : http://jeaninerivais.jimdo.doc/  Rubrique FESTIVALS : Banne 2013.

COURT TEXTE DE JEANINE RIVAIS : http://jeaninerivais.jimdo.doc/ EVAsions de la Peinture VILLY EN AUXOIS. Rubrique FESTIVALS 2018.

Et TEXTE DE JEANINE RIVAIS ; http://jeaninerivais.jimdo.doc/ SAINT-SAUVEUR EN PUISAYE : Rubrique ART DANS LES COURS ET JARDINS 2018.

 

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          Puis, partant du centre de gravité de l'exposition, proposaient leurs œuvres dans LA SALLE D'EXPOSITION DES CREACTEURS  :

LES PERSONNAGES DE FRED BULLY

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FRED BULLY  dont les sculptures peuvent être de bois ou de terre ; De bois, elles sont abondamment ouvragées, torsadées, le visage très expressif ; tantôt au contraire à peine équarries, une face rudimentaire s'apercevant dans les replis du tronc. Ou encore, c'est une tête seule, lissée, posée sur un support... 

En terre, elles frôlent davantage l'artisanat, Car ce sont des pots peu élevés, apparemment réalisés au tour ; sur un côté desquels  se détache un visage : gros yeux dardés sur le spectateur ; le fixant parfois avec bravado ; d'autres fois louchant... Mines boudeuses, souriantes, sceptiques, etc, 

Une œuvre, finalement, totalement centrée sur l'humain. J.R.

 

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MICHEL SMOLEC qui proposait une série de sculptures très lourdement psychologiques ; et un groupe de dessins qui traduisaient sur les cimaises, les questionnements de l'artiste. 

 

VOIR AUSSI : TEXTES DE JEANINE RIVAIS : "NAISSANCE D'UNE VOCATION" DANS LE NUMERO 58 DE SEPTEMBRE 1996, DU BULLETIN DE L'ASSOCIATION LES AMIS DE FRANCOIS OZENDA. "DE TERRE ET DE CHAIR, LES CREATIONS DE MICHEL SMOLEC, sculpteur" 

ENTRETIEN AVEC JEANINE RIVAIS. http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique FESTIVAL CERAMIQUES INSOLITES, SAINT-GALMIER 2005.

et :  "TANT ET TROP D'YEUX ou MICHEL SMOLEC dessinateur" : http://jeaninerivais.fr Rubrique ART SINGULIER.

 Et aussi : "ET DE NOUVEAU NOUS SOMMES DEUX" : http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique ART SINGULIER. 

Et TEXTE DE JEANINE RIVAIS  : http://jeaninerivais.jimdo.com/ RUBRIQUE FESTIVALS RETOUR SUR BANNE 2003

Et : COURT TEXTE DE JEANINE RIVAIS : http://jeaninerivais.jimdo.doc/  Rubrique FESTIVALS : 6e BIENNALE DE SAINT-ETIENNE 2018

 

 

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SOPHIE BERNERT  qui avait délaissé ses illustrations de livres d'enfants pour en venir à des paysages : paysages automnaux, tantôt balayés par le vent, tantôt poignants par l’immobilité des champs mamelonnés couverts d'une neige bleutée, ou au contraire par des étendues de blés dorés ; entre lesquels elle fait bifurquer quelque chemin sinueux ; tantôt immensités d'orage au ciel noir se reflétant dans une eau où le spectateur discerne vaguement quelques reflets blancs. Mais toujours paysages vides de promeneurs ou travailleurs des champs ! L’artiste, à l’évidence, aime les scènes statiques. Elle passe et revient à larges coups de pinceau sur ces paysages sans âme, s’y “promène” avec plaisir ; se complaît dans l'immobilisme ;  comme si, vides et impersonnels, ils laissaient toute la place à son imaginaire ! J.R.

 

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L'ASSOCIATION RIBAMBELLE qui proposait des jolis travaux d'enfants, sculptures de personnages stylisés ou collages sur des ardoises de petits paysages entourés de "cadres" de feuilles automnales.

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TSU, ISABELLE GRUAND ET CHARLIE PLUME qui étalaient des vêtements (revenus sagement sur leurs mannequins après le défilé de la veille) et des bijoux.

 

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EMILY DULIEU qui proposait ses pots, vases, etc, en céramique,

 

 

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AU 1 RUE DE LA ROCHE

 

JEAN DOMERGUE proposait un assortiment de fruits (entiers ou trognons de toutes tailles) ou objets, (petites boîtes, pipeaux,etc,) en bois de belles teintes, fabriqués avec beaucoup de savoir-faire,

 

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AU 3 RUE DE LA ROCHE

 

XAVIER LAUPRETRE proposait une petite série de photos, témoignant qu'il est toujours en recherche du corps féminin, Recherche à propos de laquelle j'avais écrit ily a quelques années : 

" S'agit-il, pour Xavier Lauprêtre photographe, de recréer, tel un démiurge, la beauté absolue ? Lui qui, à partir d'images de corps correspondant aux canons actuels de la perfection féminine, prélève une partie de la matière préexistante, la remplace par une partie étrangère ? Et quelle subjectivité forcenée lui fait enlever tel sexe, tel sein pour un autre, aussi isolément admirable ?  A moins qu'il ne s'agisse de l'inverse : agir par rébellion, détruire la parfaite unité,  et créer un dualisme ? Mais à ce jeu, quelle peut être la fin ? "  J. R.  

 

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CHARLES-HENRI GUIEBA

L'éléphant barrit, la trompe haute ; le rhinocéros fonce, corne menaçante pointée vers son ennemi ; tandis que l'hippopotame rit de toutes ses dents malsaines ;  et que…  Ainsi pourrait-on décrire à l'infini le bestiaire de Charles-Henri Guieba dont la source d'inspiration comporte, apparemment, tous les animaux de la planète Terre ! 

Mais l'artiste s'intéresse aussi aux humains, exclusivement aux femmes, apparemment, puisque l'une d'elles à genoux dresse son buste, faisant darder ses seins, tandis que ses yeux clos et son visage fermé suggèrent qu'introvertie, elle est n'est attentive qu'à son plaisir intime ; qu'une autre, la tête appuyée sur un coude, allongée comme à la plage, lit paisiblement un livre ; tandis que, par contraste, une autre encore, également  agenouillée, mains croisées derrière la tête, est  prostrée dans une attitude de totale soumission ; qu'une autre enfin se cache le visage, semblant profondément   affligée. Toutes sont nues, créées dans de la terre brune, leurs têtes -à l'exception de la première- une simple boule dont aucun signe, n'était leur disposition sur le cou, ne distingue le visage de l'arrière dépourvu de la moindre chevelure ! 

Travaillant dans la masse une argile brune de Puisaye ou du grès blanc, il  faut à Charles-Henri Guieba évider l'esquisse avant de la laisser sécher et de la soumettre au feu. Ainsi donne-t-il vie à des êtres humains ou animaliers aux lignes épurées, aux attitudes réalistes associées à chacun, sans omettre le moindre détail signifiant ! 

Le soin avec lequel il traite chaque animal témoigne de sa passion, son caractère méticuleux, et fait de cet artiste un zoologue de la terre ! J.R.

 

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Une notule de FRANCK PRIGNET donnait à sa présentation le titre d'une trilogie cinématographique tournée en 1985, où le héros se retrouvait en 1955 ! Avec "Retour vers le futur", l'artiste affirmait sa phobie de la photographie numérique et son amour pour les photos "polaroïdesques". En foi de quoi, il détaillait le travail que représente cette technique désuète et déclarait avec humour que vu ce choix, il était allé jusqu'au bout de son désir de recyclage, en fabriquant lui-même les cadres dont il entourait ses photographies! 

          Ce qu'il ne précisait pas, c'était l'origine des dessins qu'il proposait. De là à penser que cet artiste en est également l'auteur, il n'y a qu'un pas ! Il avait choisi pour thème le monde du spectacle. C'est qu'en effet, chaque photographie proposait ici un personnage androgyne, dessiné en noir et blanc, vêtu d'un collant, la chevelure surmontée d'une coiffure polichinellesque, faisant virevolter autour de ses jambes solides, une sorte de cape en tissu rouge transparent ; là assis sur un banc, un adolescent vêtu, lui, d'un pantalon et d'un tee-shirt moulants bleus, est en train de rétablir son turban, orné lui aussi, de bandes terminées par des grelots... 

         Franck Prignet avait également apporté des séries conçues à l'encre de Chine apparemment, très noires sur fond gris pâle : sortes de gymnastes en pleine voltige,vêtus comme des sauvages, de jupes faites de tiges ou de branches végétales ; la chevelure ornée de ce qui semblait être des plumes de paons... Et puis, inattendue dans ce monde essentiellement masculin, une femme moulée dans un costume à fleurs, portant fixée à sa taille une longue traîne, sa chevelure rousse ornée de longues branches fleuries.

          Ce que l'artiste ne précise jamais,c'est le cadre  dans lequel évoluent ses personnages, car tous sont en avant-plan sur des fonds non signifiants ! Sans jeu de mots  naturellement, car pour ce qui est  du cadre c'est-à-dire l'entour, il est bien là, omniprésent, taillé dans un bois légèrement teinté, donnant à chaque "tableau" un petit air rétro. C'est bien ce que voulait Franck Prignet, dont le spectateur peut dire que, capable de réinventer la photographie au sens de dominer parfaitement les techniques les plus sophistiquées, il en refuse les certitudes ; s’invente des histoires ; génère des "accidents" ; crée des combinaisons aléatoires ;  provoque en somme  le hasard comme un joueur piperait ses dés ! Jeanine RIVAIS

 

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AU 10 RUE DE LA ROCHE : 

MARIE-NOËLLE NOURY   avait apporté le très connu Maurice qui agit et interagit depuis des années avec ses dictons célèbres ; et puis ses peintures dont les personnages se sont peu à peu libérés de leur ancêtre en 3D, Mais elle présentait aussi une toute nouvelle série : "La Tribu des Sacerariens". Et les voilà, côte à côte, véritable saga d’une unique morphologie humanoïde et parfaitement conique, les jambes cachées sous des jupes écossaises ; les bras raplapla, attachés à la base du cou dépourvu d'épaules. Quant à leurs têtes, tubulaires, elles se retrouvent perchées à l’extrême bout d’un cou filiforme sans articulations (tout là-haut, pour qu’elles ne voient rien ou au contraire pour qu’elles dominent la situation et donnent alors à ces personnages uniquement conçus en verticalités, des allures de totems ?). Quant aux cheveux hirsutes, ils sont faits de bandes  brunes,  comme celles que découpaient naguère les écoliers pour réaliser leurs tressages de papier !    J.R.

VOIR AUSSI : TEXTES DE JEANINE RIVAIS : "MARIE-NOËLLE NOURY ET… MAURICE" :  http://jeaninerivais.fr Rubrique ART SINGULIER ; 

et "Maurice encore ? "Pas" Maurice ? Ou Maurice toujours ? Ou Marie-Noëlle Noury dans ses œuvres" (www.marie-noelle-noury.com/) Rubrique ARTICLES.

 

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NATHALIE PERIER  

aime-t-elle la danse qu'elle ne proposait que des femmes folâtrant en tous sens gymniques devant le buisson de fleurs qui l'accueillait ? Si elle ne l'aime pas, en tout cas ses personnages l'aiment,  sortes de naïades gesticulant sur des bâtons métalliques qui font d'elles, après tout, des marionnettes ! Pourquoi "naïades" ? Parce qu'ainsi appuyées sur leurs supports, elles se retrouvent à danser dans l'espace telles des baigneuses nageant sous l'eau ! Et qu'à elles toutes, posées devant cette verdure, elles semblent exécuter un véritable ballet nautique.

Conçues en métal, elles sont au plus haut degré féminines, simples découpages adoptant pour toujours leur unique mouvement ; ou bien apparemment articulées pour en augmenter la souplesse. Pour certaines, le métal reste découvert, avec seulement des ombres bien placées pour confirmer les gestes. Mais la plupart sont longuement ouvragées, comme traduisant une longue histoire d’amour entre l’artiste et son sujet, car Nathalie Périer déploie alors toute son imagination pour les orner, les piqueter d’infimes pointillés, les agrémenter de myriades d’étoiles ou cercles minuscules, les guillocher de mille petites lignes brisées ou onduleuses, les fleuronner, les carreler... le tout dans des noirs contrastant avec la couleur du métal ; instaurant des équilibres, introduisant la psychologie, engendrant la "vie" des personnages. 

Quant aux têtes, ce sont elles qui créent la disruption entre le réalisme et la fantasmagorie : Si quelques-unes sont assez "ressemblantes" pour appartenir à des Terriennes (car toutes ces personnes sont féminines), portant perruque ou chevelure abondante, arborant même la tenue des Précieuses du XVIIe siècle,  les autres ont des têtes piscicoles,avec nageoires, écailles, (l'une d'elles a même un visage qui est la copie conforme de "L'étrange Créature du lac Noir", ce film divin de Jack Arnold, paru en 1954), etc. Et les pieds et les mains sont tantôt humains, tantôt palmés... La parfaite panoplie pour naïades évoquées ci-dessus. 

Une œuvre à la fois amusante et infiniment sérieuse, surprenante, conçue avec un grand sens du mouvement des corps et de la mise en scène en parfaite harmonie avec le décor. Jeanine Rivais

 

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      Curieuses et diversifiées étaient les sculptures d'ALEXANDRA PEROUX qui conjugue avec bonheur les matériaux récupérés lors de ses glanes, donnant ainsi aux jambes de ses personnages tantôt l'aspect de bâtons, tantôt l'arrondi de fers à chevaux géants qui supportent  des cercles/têtes  parfaits ou d'élégants médaillons ovoïdes.

Cylindres ou médaillons attestent des qualités de l'artiste pour composer les corps au-dessus desquels (en bonne logique!) sont posées des têtes lourdes, en forme de vases monochromes, dépourvus de toutes fioritures.

Car l'originalité des œuvres de cette artiste tient à la façon dont elle sait créer la surprise. En effet, la mosaïste prend alors le relais pour la conception des "corps" : cylindres ornés d'une multitude de petits cailloux aux angles arrondis, usés par l'érosion ; ou rectangulaires à angles aigus, en jolis assortiments qui génèrent des déséquilibres ; conservés en leurs couleurs d'origine  ou peints, la disparité naissant alors des nuances de blancs et gris ou de blancs et bleus. 

D'autant que l'intérieur de ces cylindres et les médaillons sont constitués de pierres colorées, les unes opaques, les autres translucides, créant de jolis reflets à la façon des vitraux.

La diversité de ces créations et le talent avec lequel Alexandra Péroux compose ses personnages est à la fois pleine d'humour et de sérieux, comme peuvent l'être la plupart des œuvres appartenant à l'Art-Récup'.   J.R.

 

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AU 9 RUE DE LA ROCHE : 

MARLENE ET SES INVITES proposaient toutes les variétés de poteries réalisées dans tous les matériaux imaginables (fer, terres traitées au raku, bois brûlés, cuivre, etc.) auxquels s'ajoutaient de belles sculptures de terre réalisées par l'hôtesse (dont quelques vêtements et elle-même avaient participé au défilé de mode de la veille) : personnages en terre noire ; hauts de corps à bustier ajusté, à grand décolleté mettant en valeur les seins mamelonnés, visage sculpté avec la lus grande harmonie, jupes d'osier tressées ; ronde de petites filles de grès blanc... J.R.

 

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JEAN-CHRISTOPHE BRIDOUX faisait caracoler sous le porche, des fiers destriers de métal, caparaçonnés d'éléments de terres colorées, et son cavalier filiforme, façon Don Quichotte ! 

 

VOIR AUSSI : TEXTE DE JEANINE RIVAIS :http://jeaninerivais.jimdo.com/ Rubrique FESTIVALS. BANNE MAI 2018. LIEUX ET EXPOSANTS

 

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OFFICE DU TOURISME PLACE DU MARCHE

 

Très bucolique, l'exposition de photographies de DANIEL SALEM proposait des paysages poyaudins ou de Forterre. Peu importent les saisons pour cet artiste qui ne recherche, en effet, que les lieux proposant des décors naturels non retouchés, Par contre, l'heure est primordiale, et toutes ses photos sont prises le matin, au moment où la nature est la plus "forte" : les verts sont plus verts, les bleus des ciels plus lumineux... 

A l'Office du Tourisme, il proposait  ici un champ de coquelicots avec à l'avant-plan, les ombelles de carottes sauvages, sous un arbre dont les feuilles luisaient au gré des jeux d'ombre ; là une trouée formée par deux rangées d'arbres, au fond de laquelle un ciel nuageux fermait l'horizon ; ailleurs deux vaches le regardaient, sans doute étonnées de voir cet intrus envahir leur domaine. Mais l'image la plus surprenante représentait, au-dessus d'un village à peine distinct, un grand ciel vide et, presque vertical, un arc-en-ciel au moment où il commençait à se fondre dans le bleu azuréen.

Un voyage touristique, montrant des sites que le simple promeneur n'aurait peut-être pas remarqués. Et il faut admettre qu'en plus de l'oeil,  la photographie de paysage n'est pas techniquement le domaine le plus simple à aborder. Il est donc bon que des photographes comme Daniel Salem les immortalisent, surtout dans un monde rural qui a de plus en plus tendance à se transformer ! J.R. 

 

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BUREAU DE TABAC PLACE DU MARCHE

 

Qui dit Art-Récup parle de glanes, de hasard, en même temps d'objets de prédilection qui, recueillis de façon récurrente,  permettront au créateur de composer ses sculptures avec un air de ressemblance, Tel est le cas de PATRICK RUMEAUX, devenu métallier et qui, à force de pots d'échappement, tubulures variées... a créé ses "oisonids" au long bec et yeux énormes. Et puis, barres métalliques droites ou tordues ont été à l'origine d'autres espèces d'oiseaux, dont certains, frères des autruches peut-être, courent sur leurs longues pattes, leurs ailes découpées largement éployées ! Pour ne rien dire de sa grenouille, reposant sur une palette de peintre, et dévorant pour l'éternité quelque personnage indéfinissable ! 

Quant à ses statuettes anthropomorphes, aux corps longilignes, placés en léger déséquilibre, Pascal Rameaux les pose sur d'étranges pseudopodes tandis que les bras lovés comme des serpents accentuent au contraire l’impression de gracilité. Il les enlace parfois en de raides étreintes ; au-dessus desquelles leurs minuscules têtes regardent vers l'infini !

 

Pas d’esthétisme, dans ces assemblages. Mais,un grand sens de "l’évidence" le poussant à “unir” telles pièces dont les ondulations originelles ou provoquées leur donnent une raideur des personnages frustes, à peine ébauchés, comme au stade de la Genèse. Monofaces, asymétriques, ces petites personnes donnent envie de les toucher, vérifier d’une pichenette si elles se laisseront culbuter ? Le curieux constate alors que leur déséquilibre n’est qu’apparent, qu’elles sont bien là, solides et matures ! De sorte que ce petit monde stylisé, d’apparence lourde et solide, ou au contraire légère génère  une création vivante, tonique et généreuse, pleine d’humour, épisodique et bon enfant.  Jeanine RIVAIS

 

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Une évidence est omniprésente, dans l'oeuvre de PATRICE MARTIN : ses personnages sont en majorité féminins, non qu'ils soient réalistes, loin de là, mais parce que la silhouette est féminine ! Et, si la majorité présente sa tête de profil, certaines sont de face. A l'unanimité, toutes sont seules sur leur support vertical ; elles emplissent l'espace, ne laissant visible qu'un petit coin de fond non signifiant ! Enfin, aucune proportion n'est respectée dans leur conception : la tête est généralement trop grosse, trop longue... par rapport au corps parfois même inexistant! 

Sur ces constructions itératives, l'artiste se laisse aller avec la plus grande minutie, à un foisonnement de minuscules dessins, alternant pleins, vides, couvrant les parties rebondies des anatomies, etc. Et ce qui frappe, au premier abord, c'est la couleur. Générée par ces petites formes aléatoires pseudo-végétales ou faussement symétriques, tantôt en amas compacts ; tantôt séparés par des bandes étroites et apparemment aléatoires vertes, rouges ou bleues…  Quant à la face, elle porte souvent des éléments spécifiques : petits carrés,  gribouillis informes sur les joues  ; linéarités  adoptant le tracé des plis et replis du visage…

Exceptionnellement, le peintre a-t-il voulu s'essayer à devenir narratif, réunissant en un lieu indéfini un groupe de personnages manifestement de plusieurs générations : une famille, peut-être ? Plusieurs surprises attendent alors le visiteur : d'abord, une large place est laissée au ciel, tourmenté, rouge comme si un incendie était survenu dans le lointain ! Et puis, tous le regardent, yeux exorbités, bouches bées, l'air tragique. Mais surtout, toute géométrie a disparu de leurs anatomies. Une sorte de proportionnalité est survenue et ils semblent vêtus de la tête aux pieds. L'artiste est-il sur le point de quitter ses créatures solitaires, pour en venir à des clans où, même s'ils ne se regardent pas, les individus semblent soudés, dépendants les uns des autres ? 

 

            Quelle que soit la réponse, dans ces mélanges, amalgames, entrelacs, jaillissements créatifs particulièrement aboutis et homogènes, ce travail répétitif  alliant déclinaison de formes et de signes colorés ;  ou, paradoxalement,  dans ce groupement de personnages quasi-"humains ", Patrice Martin  enfouit-il ou au contraire développe-t-il ses fantasmes les plus intimes ? De ses visages multiples et toujours le même, à ses présences jetées comme des escales, choisit-il son "dit" au gré d'évolutions, de rythmes qui lui conviennent, d'enchaînements profus qui le font rêver ? Qui sait ? 

Jeanine RIVAIS

 

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LE BARDABO PLACE DU MARCHE

S'il est vrai que le phénomène hypnagogique auquel se réfère CLARKE DRAHCE avec son titre "Hypnagogia", est supposé être pour un artiste,  bien que ne durant que quelques minutes, le moment le plus créatif,  alors ce peintre sait à merveille en garder la mémoire, et  reproduire ses impressions.

En effet, si ce moment qui précède l'endormissement a suscité en lui une série d'images hypnagogiques à mettre en relation avec les photographies qu'il proposait sur les cimaises du Bardabo, il semble que deux formes d'influences aient joué sur lui : le flou et l'imitation de la gravure.

"Jamais on n’échappe au contexte", écrit à ce propos Philippe Piguet ; "on ne peut parler que depuis là où, dans l’espace et dans le temps, on se trouve". De sorte que, à en juger par l'itérativité de ses œuvres, ce moment conduit inévitablement Clarke Drahce vers une phase érotique au cours de laquelle il retrouve une femme, debout au milieu de la toile, seule ombre dans le fond où se mêlent, floues, les couleurs de l'arc-en-ciel. Où peut dominer, cependant, l'une d'elles : le jaune, le bleu,le vert, voire le brun. Tantôt vue -aperçue plutôt- de profil, elle suggère quelque femme portant sur la tête un objet qu'elle retiendrait d'une main. Tantôt, de trois-quarts face, elle semble avoir plusieurs corps, partant du brun foncé, pour s'élargir en corps polychromes. Tantôt encore, vue en vert(s),elle semble danser, très déhanchée, les doigts écartés et mobiles, à la manière des danseuses indiennes. 

Lorsqu'elle est perçue en monochromie, la femme se trouve dans des violines tellement sombres qu'ils paraissent noirs. Elle est alors debout, silhouette filiforme, une sorte de tissu à larges mailles lui faisant parfois comme une jupe à traîne, mais se présentant d'autres fois face à elle, comme un rideau qui lui ferait obstacle ? 

Ces photographies, conçues en mode argentique, sont donc de courts  moments, des sortes de flashes en somme, jouant sur la lumière et parlant poétiquement de la femme nue plutôt que d'érotisme. Belles, surprenantes, témoignant d'une démarche artistique tout à fait rare ! Jeanine RIVAIS

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2 RUE DES GROS BONNETS

 

          LEA CROISON présentait les travaux qu'elle réalise en terre et cuit aux ateliers "CONTES A MODELER". Les émaux qui sont appliqués sur ces objets sont entièrement réalisés par l'artiste et appliqués à la main. J.R.

 

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Certes, SYLVIE COHEN AKENINE crée de petits objets de terre (Cloches telles que celles des monastères bouddhistes ; cuillers à tête humanoïde, etc.), parce que l'argile est sa matière d'élection, et qu'elle maîtrise toutes les phases de la réalisation des petits objets qu'elle réalise : pétrissage, modelage, cuisson après séchage, ajouts d'engobes et patines. 

Elle crée aussi des  petits tableaux abstraits, réalisés en verres colorés, broyés.

 

Mais le plus intéressant de son travail, ce sont les petits bronzes qu'elle accomplit lors de ses fréquents voyages en Afrique. Avec eux, elle "raconte" ce qu'elle vit là-bas, au Burkina Faso. Et ses œuvres vont de la tête de guerrier portant tiare ou emplumée ; aux varans posés sur le sable ; au couple assis côte à côte, méditant, les yeux clos, visage serein ; ou encore  aux femmes nues, visage dissimulé sous une capuche, transportant un plat (sacrificiel ? Rituel ? Ou banalement  destiné à emporter vers leur case, une platée de mil ?). Tous ces thèmes du quotidien expriment tendresse, repos, bonheur, introversion... Et toutes ces petites "histoires " semblent bien, d'ailleurs, orner des portes, à cause de la clanche qui se détache sur un côté de chacune ! (Mais les volets dogons qui circulaient naguère dans les vide-greniers français ne présageaient-ils pas que d'autres sculpteurs partiraient là-bas, avec les mêmes préoccupations ? )

Mais il arrive aussi que, parfois, elle conjugue terre et bronze, donnant alors vie à des femmes au visage et aux pieds en bronze doré, le reste du corps étant sculpté en terre. 

Un travail simple, témoignant d'une civilisation lointaine à laquelle l'artiste est profondément attachée. Jeanine RIVAIS

 

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PARVIS TOUR SARRASINE

 

Après quelques pérégrinations d'une école d'art à une autre, d'une technique à une autre, de moulages de silicones à des œuvres de plâtre ou de cire, de l'encre de Chine à la peinture à l'huile... FABIEN LALOUX en est venu à la terre et au bronze. Et à des  réalisations le plus souvent en terre noire, toujours humanoïdes, et même carrément humaines, même s'il leur fait subir de multiples avatars ! Les uns ont des corps fins, les autres au contraire sont ce qu'il est habituel de dire "costauds" ; les uns peuvent être petits, les autres avoir de larges bassins ; certains peuvent être réduits à la tête aux yeux clos, d'autres à un simple buste au visage arrogant, coiffé d'une toque et doté de deux écouteurs !... 

Toujours en mouvement, ses personnages ne sont jamais très grands, travaillés en ronde-bosse, aux courbes pulpeuses très harmonieuses. Souvent assis, parfois dos à dos, leurs cuisses solides croisées ou pliées, suggèrent qu'ils sont au repos, mais leurs têtes tendues vers l'avant ou vers le haut, disent qu'ils ne sont jamais tout à fait apaisés, qu'ils restent en éveil. D'un personnage à l'autre, la posture peut bien sûr changer, varier d'un individu chauve comme un bonze, accroupi, fixant le visiteur de ses yeux exorbités, à une femme (un sein dépassant atteste qu'il s'agit bien d'une femme, tandis que la chevelure courte aurait laissé penser le contraire), agenouillée, la tête entre les bras, sans que le visiteur puisse déterminer si elle pleure ou si elle se remet d'un très gros effort ? Mais l'individu peut être également tendu dans son arceau, en grande extension,  la tête en haut, ou au contraire les pieds ! Ainsi, peuvent émerger  des membres et des mains, des seins ou des visages, sans ambiguïté. De sorte que chaque oeuvre terminée, "propose"  un personnage dont le réalisme lui permet de souligner les caractères,  scander des rythmes, galber des corps pour accentuer formes et volumes et créer le mouvement qui fait vivre les créatures de Fabien Laloux, au gré de son imaginaire.

Cette recherche formelle, où, par ailleurs, le travail sur les peaux et les muscles  -et pour l'artiste cette exigence est récurrente-, joue des surfaces de façon à ce qu'elles captent la lumière. Son but étant de faire ressortir les lignes principales en estompant les détails ; donner à son œuvre une expression concise, une portée universelle, en se limitant aux traits essentiels, en évitant la subjectivité, le lyrisme : dégager en somme  les valeurs primordiales.

Et ainsi,  les œuvres de Fabien Laloux se caractérisent-elles par leur polyvalence, leurs variations, leurs mutations, leurs étapes, leurs cycles, leurs  virages, leurs métamorphoses… Attestant que le sculpteur  n'est prisonnier d'aucun style. Que la forme n'a rien de définitif, ni de réglementaire. Que lui conviendrait parfaitement une définition de Salvatore Gallo : "Je suis très attiré par les métamorphoses d'un volume. C'est-à-dire qu'à chaque angle de l'objet, on trouve une nouvelle forme, un mouvement nouveau. Tout doit toujours être en mouvement". Paradoxe, car une telle volonté pourrait chez l'un et l'autre sculpteurs, impliquer une débauche de courbes, contre-courbes, angles, etc. alors que toutes leurs œuvres sont d'une sobriété exemplaire ! Jeanine RIVAIS

 

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          Si, si, les sculptures de SYLVIANE TONDINE sont toutes figuratives, et toutes humanoïdes ! Seulement, aucune n'est réaliste ! Toutes sont stylisées ! Et en pierre blanche qui rend encore plus étroite la concordance avec l'environnement, et vu le poli du matériau, crée avec elles une intimité, un plaisir à suivre leurs replis chauds et soyeux, poser le visage sur leurs rondeurs... 

          Chacun sait que styliser une œuvre, c'est la représenter en régularisant, simplifiant ses formes, en la réduisant à ses caractères les plus typiques ou en lui donnant une configuration schématique, conventionnelle, à des fins décoratives, esthétiques… C'est faire ressortir les lignes principales en estompant les détails. Donner à cette œuvre une expression concise, une portée universelle, en se limitant aux traits essentiels, en évitant la subjectivité, le lyrisme. Dégager en somme les valeurs primordiales.

            C'est bien ce que fait Sylviane Tondine pour ses sculptures dont chacune semble être une ébauche. Une épure. Une oeuvre où l'on retrouve l'appartenance à celle des  deux spécialistes de ce style de création : Brancusi dont une critique d'art écrivait : "Il  s’engage dans les chemins de l’exploitation de la forme dogmatiquement pure de l’ovoïde, qui, à partir de la représentation idéale de la sphère – sa forme absolue, – propose l’immersion de la sphère dans le courant vital de ce monde, dans l’existence en marche, qui sollicite, tourmente, déforme. L’ovoïde, c’est la descente de la sphère dans le fleuve, dans le courant ininterrompu de la vie", et surtout Laurens, dont Giacometti écrivait : "Sa sculpture  est pour moi, plus que toute autre, une véritable projection de lui-même dans l'espace, un peu comme une ombre à trois dimensions. Sa manière même de respirer, de toucher, de sentir, de penser devient objet, devient sculpture". Et chacun sait combien leurs œuvres ont influencé la -les- sculpture(s), de leur époque à nos jours : la preuve en est avec celles de Sylviane Tondine, 

          Cette artiste sait que travailler la pierre, c'est tenter d'en découvrir l'esprit. Qu'il lui faut apprivoiser le matériau et non le blesser ; et que plus elle "sentira" la forme que porte la pierre, plus il lui sera facile d'en tirer la forme qu'elle porte en elle-même ! Elle sait donc à merveille générer l'ovalité d'une tête, poursuivre sans interruption sur le cou qui va s'élargissant vers la poitrine, continue en s'assurant que les hanches et les fesses plantureuses vont se prolonger par les membres inférieurs. Tout cela sans aucun trait de visage, aucun pli du corps, aucune pliure de membres, seulement des lignes. Un contour. Elle a compris depuis longtemps que le volume ne façonne pas seulement l'oeuvre, qu'il lui faut aussi l'espace vide. Qu'il y a une interaction incontournable entre un volume et l'espace qu'il dessine autour de lui. C'est pourquoi ses statuettes sont caractérisées par leur attitude couchée, avec les jambes bien dessinées. Toutes, en général féminines, sont nues.

          Parfois, pourtant, Sylviane Tondine quitte ses sculptures ainsi lovées pour leur conférer une attitude  "debout"  ; Elles se dressent alors, avec leur silhouette fluide et la représentation nette de la tête légèrement penchée vers l'avant, les bras étant également tendus. Parce que toutes les caractéristiques originelles sont conservées, tout se passe comme si chaque œuvre s'était soudain dépliée. Et le visiteur peut alors admirer longuement les différentes parties de ces anatomies. 

          Mais l'artiste sait que lovées ou verticales, son travail est étroitement lié au rapport de l'ombre et de la lumière ; que si la lumière est trop brutale, les nuances de la pierre ne seront pas très visibles ; qu'il lui faut donc adoucir la lumière pour que l'harmonie soit parfaite entre le plein et le vide. Il lui faut, en somme sculpter l'ombre en même temps qu'elle joue de ses pleins, concrétiser l'harmonie entre  les formes découpées et les espaces qui les entourent.

          C'est en assumant cette démarche, que Sylviane Tondine a créé des oeuvres sensuelles, que la main a envie de caresser, comme il est dit plus haut. Car le visiteur est forcément touché par  leur beauté, leur mélange de sensibilité, d'apparente spontanéité, leur intemporalité, donc leur universalité.

  

     Mais l'histoire ne s'arrête pas là, car Sylviane Tondine est une touche-à-tout qui présentait aussi un travail sur les empreintes dont chacun sait qu'elles peuvent être plates ou creuses. Les siennes sont  plates et elle a une façon très ludique de les réaliser : D'abord, comme un travail préparatoire, elle fabrique elle-même ses peintures en teintant des vernis.  Puis elle peint au pinceau sur des feuilles de papier posées au sol.  Et  applique dessus des bas sur lesquels elle marche. Sous la pression de son poids et la trace de ses voûtes plantaires,  les fibres différentes du textile laissent alors les fameuses empreintes qu'elle découpe et colle sur un papier blanc, Et le tour est joué ! Jeanine RIVAIS